Test : Fighters Uncaged sur Xbox 360
Et tu tapes tapes tapes, c’est ta nouvelle façon de jouer
Dans le coin gauche, Kinect avec Fighters Uncaged, édité par Ubisoft et développé par Ama. Dans le coin droit, vous, frais comme un gardon, rompu aux arts martiaux en chambre et champion de votre quartier sur Street Fighter, prêt pour la confrontation ultime. Le face à face traditionnel des deux combattants démarre, Kinect vous fixe et calibre sa visée. Un direct vers elle et c’est parti pour un tour. Fighters Uncaged dévoile ses coups : il ne fait pas dans l’original, ce sera combat ou entrainement. Pas de versus non, ni en local ni sur Xbox Live. Mieux vaut jauger l’adversaire avant de frapper, alors direction l’entrainement, passage de toute manière obligatoire avant d’entrer dans l’arène. Ce premier round se passe plutôt bien, vous répétez les directs, crochets, esquives, coups de pieds…Fighters Uncaged semble se défendre, il réplique sans trop de soucis. Un round dédié à l’entrainement qui se termine sur un (long) combat test en salle et tout se passe plus ou moins bien, vos coups partent, vous esquivez avec classe. Fighters Uncaged serait-il meilleur combattant que sa déjà triste réputation semble avancer ? Vous mettez au tapis l’entraineur, ce fut un peu long de répéter trois fois chaque type de coup, mais la cloche sonne et c’est maintenant l’heure d’aller bastonner du méchant. Pourquoi d’ailleurs ? Bonne question, Fighters Uncaged ne se dévoile pas dans son jeu, ses motivations sont cachées dans la bible du fighter, la notice. Ainsi vous incarnez un gentil, qui se voit contraint de participer à des combats underground à travers la ville pour espérer sauver sa famille menacée par des méchants usuriers à qui papa doit des sous. Voilà c’est fait. Chaque combat remporté vous fait grimper dans le classement jusqu’à l’affrontement final. C’est donc aux points qu’il va falloir essayer de gagner, en faisant tomber une après l’autre les têtes des combattants les plus caricaturaux jamais observés.
Piston Joe, Rat Face, El Luchador… Un véritable dictionnaire de surnoms ringards. En passant d’un à l’autre, on passe d’un environnement à un autre, sans présentation du lieu et inutile de rêver, sans aucune mise en scène particulière. Votre adversaire s’échauffe la voix avec les poncifs du genre "tu vas regretter d’être venu !", et vous offre parfois des moments de nanardise d’anthologie. Serait-ce une ruse de Fighters Uncaged pour vous déconcentrer que d’afficher un poids lourd qui fait un Haka avant le combat ? La ruse est finaude mais risque de se retourner contre le jeu. Déjà qu’il n’y a pas de modes de jeu particuliers, pas d’histoire et pas de mise en scène, si en plus ça se met à verser dans le comique… La fureur du dragon commence à vous envahir. Le second round commence et les choses sérieuses avec : ce n’est plus de l’entrainement désormais, Fighters Uncaged va dévoiler son vrai visage. Vous souvenant des conseils prodigués par votre entraineur et vous remémorant les plus beaux gestes de Chuck Norris, vous commencez à envoyer les coups. Coup de coude droit, tout va bien, coup de genou droit, c’est très bien. Un peu fatigué du côté droit mais tout de même content de voir que tout fonctionne, vous décidez d’y aller avec le gauche aussi. Les premiers écarts de reconnaissance apparaissent, un coup sur deux, ça passe au travers. Votre adversaire ne réplique pas trop puis se décide d’un coup à passer à l’attaque. Première esquive, ratée, deuxième, ratée… Pourtant ça marchait bien à l’entrainement ! Premier véritable gros problème, la gestion de l’esquive est calibrée comme la roulette russe. En fait, ce sont les priorités qui sont horriblement mal gérées. Fighters Uncaged perd complètement les pédales dès que trop de coups sont portés. Ce deuxième round se termine. Remettez bien en place vos protections, le troisième round va être un chemin de croix.
You gonna fight ! For your right ! To partir…loin de ce jeu
L’inquiétude vous envahit alors que démarre la suite de votre combat sur Fighters Uncaged. Il réplique une fois sur trois en fonction des coups, aurait-il été payé pour se coucher ? Vous tentez alors de varier un peu plus les coups, sait-on jamais, ça pourrait marcher. L’espoir fait vivre. Les coups de tête sont de loin les attaques qui marchent le moins bien, passant une fois sur dix. Se baisser et frapper au corps ? Ca marche. Envoyer une balayette ou un uppercut à la relevée ? Même pas en rêve. 70 coups différents étaient annoncés, au final moins de dix sont correctement reconnus. Et encore, si vous vous appliquez, car si vous envoyez un coup de pied en bougeant le bras d’un centimètre, c’est un coup de poing qui partira ! Tentez une esquive trop rapide et vous mettrez un coup de tête. Le combat tourne vite à la catastrophe, dans le feu de l’action le jeu ne maitrise plus rien, les coups partent n’importe comment et on a l’impression de n’être qu’un simple spectateur. Allumez votre téléviseur, mettez un combat de boxe et frappez dans le vide en espérant que le boxeur à l’écran fasse la même chose : vous aurez une idée très précise de la frustration qui vous envahit face à Fighters Uncaged. Votre combat se transforme en one-man show face à un adversaire léthargique, un face à face sans intérêt ni enjeu. Combat d’autant plus pénible qu’il est physiquement éprouvant. Gesticuler dans le vide est déjà usant, s’énerver contre la reconnaissance des coups aura tendance à vous faire faire plusieurs fois les mêmes mouvements, de plus en plus brusquement à mesure que la moutarde vous monte au nez.
Et comme si cela ne suffisait pas, il vous faudra tenter d’envoyer des coups qui ne marchent pas en gérant aussi la distance de votre personnage par rapport à l’adversaire : courte, moyenne ou longue. Changeant en fonction des coups que vous assenez ou que vous recevez, de cette position dépend aussi l’efficacité de vos attaques : ainsi les coups de pied sont inutiles au corps à corps, les directs fonctionnent bien à moyenne distance alors qu’il faudra les oublier à longue distance. Ici aussi le constat est le même : l’idée est bonne mais la gestion est catastrophique. Comment gérer un système dépendant du type de coups portés quand ceux ci fonctionnent si mal ? Décidément, le combat s’enlise, Fighters Uncaged s’essouffle et vous n’aurez même pas à forcer vos coups pour le voir s’effondrer. Mais alors, quelle posture adopter pour que ce combat ait l’air de quelque chose ? Y aller doucement, doser très précisément les coups qui marchent, esquiver puis contre attaquer. Voilà la recette qui permet, la plupart du temps, d’éviter de s’énerver. Mais ça ne rend pas le combat plus intéressant pour autant. Pour enfoncer encore un peu le clou, le système de comptage des points est lui aussi très étrange. Votre score dépend du temps mis pour vaincre votre adversaire et de votre énergie restante. Si votre score est inférieur à votre record précédent, vous ne gagnerez pas de points vous permettant de grimper au classement. Il faudra donc combattre plusieurs fois les mêmes adversaires, en espérant que les circonstances vous permettront de faire mieux que la fois précédente. Fighters Uncaged se paye le luxe d’être mauvais même sur une chose aussi basique que le comptage des points et la progression. Il pose le deuxième genou à terre, le combat est terminé. La déception de voir le concept sombrer est grande. Comble de la frustration, vous ne pourrez même pas évacuer votre rage en lançant votre manette contre le mur. A moins d’avoir la tête dure.
+
- On y croit au début
- On ne jette plus sa manette contre les murs !
-
- Reconnaissance des mouvements ratée
- Ringard
- Vide, dans tous les sens du terme