Test : Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles sur Xbox Series X|S
L'Ivalice jusqu'à la lie

En 1997, alors que l’Europe découvre enfin un épisode numéroté de la saga Final Fantasy avec le septième opus, Square Soft décide d’y aller doucement en privant les joueurs du Vieux Continent d’un second titre qui aurait pu sortir dans la foulée. Il faut dire qu’à cette époque, la franchise imaginée par Hironobu Sakaguchi est encore méconnue chez nous, ce qui a sans doute contribué à ce que ce spin-off ne voie pas le jour sur le marché européen. Il aura fallu attendre dix ans et un portage du titre sur PlayStation Portable pour que celui-ci soit, enfin, proposé officiellement en France. Les heureux possesseurs de la machine de Sony pouvaient alors découvrir les affres d’une guerre entre deux royaumes ennemis, au cœur du monde d’Ivalice. Aujourd’hui encore, le titre continue de traverser les années, et c’est sous le nom de Final Fantasy: The Ivalice Chronicles qu’il est de retour, dans une sorte de compilation qui regroupe une version «optimale» inédite, et une version dite «classique» qui reprend le design pixellisé, le format 4/3 et l’absence de doublages du jeu sorti sur PSP.
Le menu d’accueil propose d’ailleurs de choisir de lancer l’une ou l’autre, en prenant soin de décrire les quelques différences qui séparent ces deux versions. Et à moins de vouloir faire vibrer la fibre nostalgique au maximum (et encore !), nul doute que la grande majorité des joueurs partira sur la version optimale, afin de profiter de ce titre culte dans les meilleures conditions possibles, et saluer au passage le travail réalisé par Square Enix. On regrette tout de même l’impossibilité de passer directement d’une version à l’autre, ce qui aurait permis de noter de façon plus précise les différences entre les deux. Sans surprise, il n’est pas non plus possible de transférer les sauvegardes d’une version à l’autre, et même si le menu ne laisse pas vraiment de doute sur le fait qu’il s’agit bien de deux jeux différents, on aurait tout de même apprécié un peu plus de flexibilité.
© SQUARE ENIX
Dans les deux cas, on suit les aventures de Ramza, un jeune chevalier qui devient le témoin de l’enlèvement de la princesse Ovélia. Un événement qui sert de tutoriel où l’on ne contrôle que notre héros, avant d’avoir droit à un flashback qui nous ramène aux origines des hostilités. Comme n’importe quel T-RPG, Final Fantasy Tactics propose des combats à mener sur une sorte d’échiquier, où chaque personnage peut se déplacer selon un certain nombre de cases, au tour par tour. Premier élément essentiel, la version optimale dispose désormais d’une barre d’ATB (Active Time Battle), ce qui signifie que l’on peut clairement identifier l’ordre de passage de chaque protagoniste présent sur le champ de bataille, qu’il soit allié ou ennemi. Cela permet de mieux s’organiser et d’anticiper certains actions du camp adverse.
Et c’est un avantage certain, tant Final Fantasy Tactics peut se révéler punitif si on ne prend pas le temps de maitriser l’ensemble des possibilités qu’il a à offrir. On peut désormais choisir entre trois modes de difficulté avec les modes Histoire, Standard (le mode de difficulté d’origine et Tactique. A noter que ce dernier oblige tout de même à farmer de l’expérience à outrance pour espérer réussir à passer certaines batailles éprouvantes. La structure du jeu laisse un peu plus de liberté qu’un Fire Emblem, car même s’il faut forcément faire les chapitres dans l’ordre établi, on peut toutefois se rendre dans des zones déjà terminées pour faire gagner des niveaux à nos héros. Autre similitude avec la licence de Nintendo, un système de permadeath vous oblige à ranimer ou à terminer un combat en moins de trois tours après la mort d’un personnage, sans quoi il est retiré définitivement du groupe. Il est toujours possible de le remplacer par une nouvelle recrue, mais on perd tout de même toute son expérience gagnée jusque là. De quoi mettre un peu de pression supplémentaire, et obliger à s’assurer d’avoir toujours des queues de phœnix en stock.
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Mais le gros point fort de FF Tactics c’est certainement son système de «jobs». Alors que chaque nouvelle recrue possède le statut d’écuyer, et augmente ses statistiques de base en récupérant de l’expérience, l’idée est d’augmenter également son niveau de classe pour débloquer de nouvelles compétences, mais aussi de nouvelles classes. D’où l’importance de recruter régulièrement des membres pour constituer un groupe homogène, tout en les spécialisant dans des classes différentes. Là où les écuyers et les chevaliers peuvent attaquer au corps-à-corps, sur une case adjacente uniquement, il devient très vite indispensable de compléter la formation avec des mages noirs et des archers pour les attaques à distance, et avec des apothicaires et des mages blancs pour les soins. Au total, ce sont plus de 30 classes qui sont disponibles, à débloquer généralement en obtenant un niveau minimum dans une ou deux autre(s) classe(s).
Un système qui pousse à rechercher toutes les possibilités possibles pour obtenir des personnages de plus en plus forts, et qui offre évidemment un éventail de possibilité énormes lorsque vient le temps de se lancer sur le champ de bataille. Avec une telle profondeur, il est absolument impossible de mener deux combats à l’identique, tandis que le côté stratégique renforce l’envie d’en découdre. On se retrouve alors à tenter d’établir les meilleures tactiques pendant des heures, malgré les défaites, pour un titre qui se révèle au final terriblement chronophage. Heureusement, les développeurs ont pensé à introduire une fonction pour accélérer les débats, ce qui permet de passer rapidement les dialogues pour une scène, mais aussi pour les déplacements alliés et les tours ennemis. On gagne un temps fou, et cela enlève un peu de frustration lorsqu’un combat se conclut par une défaite. Même si ce n’est pas dans l’esprit du jeu, on aurait tout de même bien aimé avoir une fonction «rewind» (même limitée en nombre) pour annuler certaines actions malencontreuses qui peuvent faire basculer un combat en notre défaveur.
© SQUARE ENIX
D’ailleurs, avec sa 3D isométrique et ses reliefs, il n’est pas toujours simple de se repérer sur chaque carte. Une option pour examiner le champ de bataille vu du ciel est présente, tout comme la possibilité d’orienter la caméra selon quatre angles, mais la scène manque parfois de clarté et il n’est pas rare que l’on se rate à cause de cela. On aurait préféré avoir une caméra totalement libre, et la possibilité de déplacer nos unités en vue aérienne, celle-ci ne servant qu’à déplacer le curseur sans valider nos actions. Quelques errances qui n’entachent évidemment pas le plaisir que l’on prend à mener nos assauts de manière générale, mais qui auraient certainement pu être optimisées par quelques ajustements. De futures mises à jour pourront peut-être venir corriger ces petits défauts cela dit.
Rien à redire en revanche concernant la direction artistique du jeu, absolument somptueuse. Des cinématiques crayonnées, aux thèmes musicaux parfaits, Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles embarque avec lui le glorieux héritage de la franchise phare de Square et cela jusque dans le sound-design. On aurait apprécié un peu plus de variété au niveau du chara-design en revanche, avec des personnages secondaires qui se ressemblent tous, ce qui peut être assez perturbant pour identifier celui qui parle durant les scènes narratives. A ce sujet, l’histoire promet d’excellents moments, avec des thèmes plus matures que l’esthétique du jeu ne laisse paraitre et des sujets abordés forts, en plus de quelques rebondissements bien sentis. Pas grand chose à redire sur le plan technique, avec un titre solide et des graphismes qui parviennent à traverser les générations, notamment grâce à son style old-school qui lui offre un charme certain.
+
- Histoire passionnante à suivre
- Game-design d'une grande profondeur
- Principe captivant et chronophage
- Trois modes de difficultés
- Ajout d'une jauge d'ATB
- Possibilité d'accélérer les débats
- Musiques somptueuses
- Techniquement très propre
- Petit air old-school qui lui va bien
-
- Pas toujours simple de se repérer
- Chara-design en dents de scie
- Farm excessif en mode Difficile
- Pas de fonction "rewind"