Test : The First Berserker: Khazan sur Xbox Series X|S
Oncle Kaz

Le Souls-like est un genre difficile en tous points de vue. Pour les joueurs qui s’y frottent bien sûr, mais aussi pour les développeurs qui tentent leur chance et qui espèrent se faire une place aux côtés des mastodontes de From Software. Comparaison n’est certes pas raison, mais peut-on pour autant y échapper dans une branche où la majorité des prétendants est issue d’une même maison, laquelle a pour habitude de pointer vers l’excellence ? C’est donc avec curiosité, excitation et un peu d’appréhension que l’on a joué à The First Berserker: Khazan, un jeu développé par Neople, studio coréen à qui l’on doit donc Dungeon Fighter Online sous toutes ses déclinaisons. L’un d’eux avait d’ailleurs fait le voyage jusque sur Xbox 360 en 2012, Dungeon Fighter Live. Comme son nom l’indique plus ou moins, The First Berserker: Khazan place cette fois toute son attention sur le personnage susnommé pour en raconter la sombre histoire, quelques huit siècles avant les événements de Dungeon Fighter Online.
Khazan est un grand général, un héros de guerre. Cette renommée finit toutefois par susciter la crainte de certains de ses frères d’armes qui l’accusèrent de traîtrise, le torturèrent et l’envoyèrent, mourant, en exil. Mais c’était sans compter sur une âme démoniaque en quête d’enveloppe charnelle qui jeta son dévolu sur lui. En prenant possession de son corps, il sauva le général. Mais à quel prix ? Si la cohabitation est quelque peu houleuse au départ, chacune des parties se rend bien compte qu’elle a besoin de l’autre pour assouvir ses desseins. L’histoire de The First Berserker: Khazan se veut ainsi un peu plus directe, moins alambiquée que ce qu’on put nous servir Elden Ring et consorts. Cela reste toutefois un élément très secondaire de l’expérience qui s’appuie sur de rares cut-scenes et la rencontre avec les rares PNJ non-hostiles qui peuplent les environs. Les dialogues, sous-titrés en français, sont proposés avec une bonne qualité de doublage, que ce soit en anglais, en coréen ou en japonais. Du côté des musiques rien à dire, les compositions sont agréables et collent très bien à l’ambiance.
L’absence de scénario engageant n’est donc pas un frein au plaisir dans ce genre de jeu. Mais on attend toutefois que l’univers exprime son identité d’une façon ou d’une autre. Au travers des décors, des personnages, des ennemis, des objets et de la qualité technique avec laquelle ils sont représentés. En ce sens The First Berserker: Khazan assure l’essentiel, sans faillir mais sans jamais véritablement briller. Qu’on le porte au sommet des montagnes, dans un vieux village aux accents japonais, dans une grotte ou à travers les ruines d’une forteresse, Khazan évolue dans des environnements propres mais sans aucune folie visuelle. La direction artistique pioche dans les références culturelles et mythologiques des quatre coins du monde mais s’en tient exclusivement à une représentation minimaliste, épurée si l’on peut dire. C’est classique, simple. L’avantage avec ce parti-pris c’est qu’il ne risque pas de diviser et qu’à défaut de plaire, il peut difficilement rebuter. Cette position de sécurité pour laquelle a opté le développeur se ressent aussi dans la partie purement technique, avec un jeu qui est très propre, faute de créer un quelconque émoi. Pas de ralentissement, peu ou pas de bug à signaler mais The First Berserker: Khazan manque de détails, de richesse visuelle. C’est dans l’ensemble très terne. Pas moche, mais très austère. Il manque les petits moments d’émerveillement que l’on a l’habitude de découvrir ponctuellement dans les Souls de From Software, ces brefs instants qui insufflent une dimension épique à l’aventure. La modélisation des personnages reste toutefois un point à mettre au crédit du jeu, chaque être étant plutôt bien imaginé et surtout, parfaitement animé. On sent qu’un soin particulier a été apporté aux mouvements des personnages et c’est très réussi.
Proposer des animations de qualité est, on le sait, la condition sine qua non pour concevoir les bases d’un Souls-like solide. Le dynamisme, la grâce, la vivacité des mouvements doit autant servir les sensations que la mécanique de combat elle-même. En bon représentant du genre, The First Berserker: Khazan est un jeu exigeant, relevé jusqu’à être parfois très difficile ; en ce sens, observer pour comprendre et pouvoir faire face est un exercice permanent que la qualité des animations des personnages vient enrober avec justesse. Là où certains titres laissent au joueur la possibilité de s’appuyer sur la garde totale et d’encaisser vaillamment en attendant l’ouverture, Khazan privilégie le contre et l’esquive. Plus inspiré par Sekiro que par Elden Ring, The First Berserker: Khazan propose un fabuleux système de combat, très intuitif, lisible, compréhensible, qui pousse le joueur à apprendre jusqu’à un niveau de maitrise qui transforme un combat en une véritable chorégraphie. Si les premiers pas sont hésitants et les échecs parfois brutaux contre certains boss, on ressent, combat après combat, notre propre évolution, notre maitrise de ce système de combat hautement jouissif.
Tout ne semble pourtant pas aussi évident sur le papier car on ne dispose que de trois types d’armes que sont la lance, l’épée géante façon Berserk et les lames duales (épée dans une main, hache dans l’autre). Inutile de chercher un bouclier, une dague ou quelque magie noire, l’ensemble s’appuie exclusivement sur les trois types d’armes mentionnées, auxquelles s’ajoute tout de même le javelot pour attaquer à distance, mais de façon tout de même accessoire. Les trois armes gagnent en puissance à mesure que l’on en récupère de nouvelles versions sur le terrain (le loot est régulier et équilibré de ce côté-ci) et globalement, leur efficacité est plutôt bien équilibrée. Il arrive bien sûr qu’un type ou l’autre soit sensiblement plus adapté à un certain affrontement mais dans l’ensemble le choix de l’arme dépend essentiellement du ressenti du joueur. Tandis que le niveau du joueur augmente grâce aux points d’expérience obtenus en éliminant des ennemis (la mécanique est identique à celle d’un Dark Souls), permettant d’améliorer santé, endurance, force ou encore habileté, les armes progressent elles aussi via un arbre de compétences. Réussir de belles actions comme des contres et esquives parfaites fait grimper le « niveau de maitrise » de Khazan et les points glanés autorisent le déblocage de compétences diverses. On peut ainsi acquérir des attaques spéciales, améliorer les combos ou encore réduire l’endurance perdue lors des blocages et esquives. Un onglet dédié quant à lui à la défense propose entre autres d’enrichir les possibilités de contres, rendant l’expérience plus dangereuse mais aussi plus offensive et donc potentiellement plus efficace.
La gestion du personnage et de son évolution se veut ainsi plus bornée que dans la plupart des Souls. Mais elle apparait ici bien dosée, claire, l’équilibre est bon entre l’amélioration du personnage et sa capacité à traverser les épreuves. Tout ne repose pas sur le loot ou au contraire sur la maitrise absolument parfaite du combat : en soignant chaque partie comme il faut, on finit par s’en sortir et on avance. The First Berserker: Khazan est aussi plutôt généreux en ce qui concerne le loot des armures et il incite à chercher à créer des ensembles complets où chaque pièce supplémentaire apporte un nouveau bonus. Encore une fois, tout étant très clair et facile à obtenir, on dispose facilement de plusieurs options à tester afin de trouver le type de préparation qui nous convient le mieux. Ce mode de progression et ce sentiment d’évolution permanente sont franchement bienvenus car The First Berserker: Khazan se caractérise par une difficulté pas toujours bien dosée. A la différence d’un Souls, le jeu de Neople est pourtant, dans l’ensemble, plutôt gérable. On traverse les niveaux avec la plupart du temps un degré de danger qui dépasse rarement le seuil d’alerte. Il arrive éventuellement que l’on se fasse peur contre un nouvel ennemi costaud et belliqueux, mais on peut compter au pire sur un point de réapparition pas trop lointain en cas d’échec (quelques exceptions existent tout de même, rares heureusement). On note d’ailleurs à mesure que l’on enchaine les niveaux qu’il manque à The First Berserker: Khazan une certaine audace dans le level design. L’exploration est minimaliste, l’essentiel se fait en ligne droite. Au moins ne risque-t-on pas de se perdre. Le comble de la linéarité vient sûrement de l’impossibilité du personnage à sauter, ce qui rend quelque peu risible la nécessité de devoir faire un détour pour accéder à une zone située à moins d’un mètre en hauteur.
S’il est donc assez gérable contre les ennemis lambda, The First Berserker: Khazan change complètement de forme quand survient un combat de boss. La difficulté connait alors une hausse spectaculaire qui fait mal à l’égo. Nonobstant l’inévitable frustration, c’est face à ces boss que l’on connait les plus beaux moments de l’aventure. C’est ici que s’exprime pleinement l’excellence du système de combat, que l’on fait étalage de notre capacité à prendre en mains les choses. Le combat est difficile mais il devient beau, on exulte à chaque fois qu’un contre bien placé fait vaciller le colosse d’en face. La réussite offre un sentiment de satisfaction merveilleux, bien qu’il soit entendu que l’on aurait parfois bien voulu économiser les dizaines d’échecs qui ont précédé ce moment. The First Berserker: Khazan n’est cependant pas totalement vache avec le joueur. D’abord parce qu’il octroie tout de même des points d’expérience en cas d’échec face à un boss, leur quantité dépendant du point jusqu’auquel on vient de parvenir. Cela permet, malgré les échecs, de progresser un peu, d’améliorer le personnage et de revenir régulièrement un peu plus fort.
On peut aussi faire appel à l’aide d’un spectre durant les affrontements de boss. Pas un vrai joueur malheureusement, mais une invocation que l’on récupère dans le niveau en la combattant à des points désignés. On voit ici encore la volonté d’aider le joueur : battre un spectre et très facile et on dispose régulièrement, près du point de sauvegarde, de la possibilité d’en combattre, pour gagner donc plus loin le droit de l’invoquer. La seule ombre au tableau concerne l’efficacité de ladite invocation. Bien que l’on puisse l’améliorer progressivement, son comportement durant le combat est très aléatoire. Parfois elle aide avec vigueur et agressivité, d’autre fois elle ne sert que quelques secondes de punching ball pour le boss. Notons enfin du côté des aides de jeu que The First Berserker: Khazan propose un mode dit « facile » où l’endurance est améliorée et les dégâts reçus un peu plus faibles. De quoi aider un peu mais qui n’enlève rien à la nécessité, tôt ou tard, de s’imprégner du système de combat et d’en tirer le maximum.

+
- Système de combat d’un dynamisme rare
- Clair, précis, jouissif
- Fluide en toutes circonstances
- Techniquement propre
- Doublages et musiques au point
- Des combats de boss comme on les aime…
-
- … Qui trahissent une difficulté mal équilibrée
- Level design peu inspiré
- Visuellement austère
- Seulement trois types d’armes