Test : Forza Horizon 4 sur Xbox One
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Incontournable star de ce nouvel Horizon, la carte proposée par Playground est presque parfaite. Si les quelques monuments et lieux tirés de la réalité y sont inévitablement disposés à quelques encablures les uns des autres pour des raisons d’échelle, tout y est dessiné avec amour par des artistes au service du level design – ou bien l’inverse, mais peu importe. Quand The Crew multiplie soupirs et facepalms avec ses routes beaucoup trop inspirées d’une réalité un peu chiante et son hors-piste jonché d’obstacles décourageants, Horizon roule à tombeau ouvert dans le sens inverse. Le réseau routier sacrifie sans broncher l’authenticité pour faciliter le passage à petite ou grande vitesse, alors que tout ce qui est mobilier urbain (ou pas) saute volontiers pour permettre de couper à travers champs sans trop craindre un stop rabat-joie. Il reste certes quelques arbres, haies et murettes un peu trop solides au goût de nos pare-chocs, mais le résultat est incroyable : que l’on respecte le code de la route ou que l’on transforme sa Lambo en tondeuse à gazon à la première occasion, Horizon reste un régal de navigation au débotté. Où que l’on aille, qu’il s’agisse de rejoindre un point précis ou de tracer sans intention, le moteur et les partis pris encouragent à écraser la pédale d’accélération en appréciant le moment. C’est d’autant plus fort et marquant que techniquement, on est une nouvelle fois dans le très haut du panier avec des modélisations convaincantes et un rendu très propre et chargé en particules. Certains effets déçoivent un peu (la pluie, l’absence de boue sur les voitures) mais l’esthétique s’allie à la technique pour forcer l’adhésion.
Sans conteste moins exotique que le troisième volet, ce nouveau Forza se rattrape avec l’apparition des saisons, qui transforment ce magnifique terrain de jeu de manière périodique. Visuellement, l’effet est saisissant. Selon l’époque, on retrouve des feuilles mortes partout, de grosses flaques qui apparaissent ici et là, de la neige qui recouvre tout et gèle les étendues d’eau, on en passe et des meilleures. C’est évidemment très joli et tout de même dépaysant, l’alternance de ces saisons donnant l’impression de redécouvrir le jeu sans jamais avoir le temps de s’y habituer. Pour autant, on aurait sans doute aimé que l’affaire aille un peu au-delà d’une simple couche cosmétique, l’impact réel sur le monde étant somme toute assez minime. D’un revêtement à l’autre, la conduite ne change pas beaucoup, par exemple, et le rythme reste le même que tarmac soit sec ou recouvert d’un verglas que l’on apprend très vite à ne pas craindre. Le paysage ne profite quant à lui pas de cette alternance infinie, et c’est un peu plus regrettable tant on aurait aimé voir les développeurs s’amuser avec une telle fonction. La neige et la glace ne créent pas de rampes improvisées restreignant l’obtention d’un bonus à la période hivernale, l’eau qui apparait au fond de certaines dépression n’empêche pas l’accès à certaines zones, etc. Même les lacs qui gèlent ne le font que pour le show visuel, la majorité des cours d’eau étant navigable en toute saison par n’importe quel véhicule, et ce sans pénalité de vitesse ou presque. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, Forza Horizon 4 se pratique donc de la même façon, et c’est un peu dommage.
Heureusement, la conduite reste excellente, avec un parti pris arcade plus ou moins prononcé selon les aides au pilotage. Une fois libéré des entraves électroniques les plus évidentes, Horizon 4 offre d’excellentes sensations de vitesse et quelques sautes caractérielles propres à chaque type de véhicule. Les supercars se cabrent aussi facilement qu’elles se récupèrent, les véhicules tout-terrain perdent parfois le nord suite à une réception trop sévère, et tous et toutes répondent au doigt et à l’œil pour garantir une prise en main accessible. Ce n’est pas Forza Motorsport, qui lui-même n’est pas Project Cars ou Assetto Corsa, et c’est tant mieux pour ceux qui privilégient la balade. On salue en tout cas l’apparition d’un mode 60fps sur Xbox One X : ceux qui jouaient au 3 sur PC le savent, Forza Horizon s’épanouit grandement avec un framerate élevé, et le plaisir de rouler avec une réactivité augmentée représentera sans doute un dilemme infernal pour ceux qui disposent d’une dalle 4K. Pour autant, Playground a fait du bon boulot et son titre se comporte très bien sur une Xbox One classique, même s’il faudra alors composer avec quelques crénelages disgracieux et une poignée de saccades dont on se serait bien passées. Tous regretteront la longueur de certains chargements, la mise en route et la sortie des épreuves étant un peu longue quelle que soit la console.
«On salue en tout cas l’apparition d’un mode 60fps sur Xbox One X : ceux qui jouaient au 3 sur PC le savent, Forza Horizon s’épanouit grandement avec un framerate élevé, et le plaisir de rouler avec une réactivité augmentée représentera sans doute un dilemme infernal pour ceux qui disposent d’une dalle 4K«
Et des chargements, il y en aura puisqu’à l’instar de ses prédécesseurs, Horizon 4 dégueule littéralement de contenu et d’épreuves. Passé un (long) prologue limité au solo et qui fait déjà déborder la carte d’icones proposant des épreuves de rallye, de cross-country ou de courses de rues, ce nouveau Forza passe la seconde et vous inonde de sollicitations ! Défis divers, cascades plus ou moins hollywoodiennes et épreuves de rassemblement pullulent et occupent des heures durant, même si on aurait là-aussi pu penser que Playground profiterait de son expérience et de ce terrain de jeu fantastique pour proposer un peu plus de folie. Si la course en Warthog fait passer quelques frissons bienvenus, pourquoi est-elle la seule à exploiter une licence détenue par Microsoft ? Dans le même ordre d’idées, les face à face avec un avion ou un train sentent un peu le déjà vu, déjà joué. Si les nouveaux venus sont assurés de prendre leur pied, les vétérans risque d’enquiller certaines épreuves sans vraiment lever plus qu’un sourcil.
Il devrait heureusement y avoir de quoi s’exciter avec la composante en ligne de ce Forza Horizon 4, retravaillée pour donner de la vie et du dynamisme à vos sessions. Si les drivatars censés reprendre le style de pilotage de vos amis sont toujours là pour pimenter les courses normales, la ballade est quant à elle peuplée de véritables joueurs dont les véhicules se dématérialisent à votre approche, histoire d’éviter de perdre son temps sur les constats. Si l’avantage immédiat ne paraît pas fabuleux, c’est surtout l’occasion pour Playground de programmer des évènements aléatoires et réguliers – le Forzathon – permettant de se lancer dans des défis de groupe assez sympathiques. Une fois averti, vous avez quelques minutes pour vous rendre au rassemblement, ce dernier débouchant sur un enchaînement de trois étapes mettant à contribution tout ce beau monde. Dérapages, sauts, vitesse moyenne et autres prouesses font grimper une jauge qui permet à tous les participants, une fois l’épreuve terminée, de repartir avec quelques points supplémentaires dans la besace. Le tout, sans chargement ni lobby. C’est un peu la même chose avec les épreuves coopératives et compétitives entre amis : tout est programmé avec intelligence pour éviter les temps morts et proposer à ceux qui le souhaite des expériences plus ou moins rugueuses, de l’excursion aléatoire jusqu’aux bastons qui nécessitent des litres de transfusion de peinture métallisée.
Quel que soit l’objectif, quelle que soit la mission, il y a une barre d’XP qui ne demande qu’à exploser à la fin. Très généreux sur les gains et autres cadeaux, Horizon 4 multiplie les jauges et autres tombolas permettant de gagner des accessoires pour son avatar (qui peut évidemment dabber comme un perdu à chaque victoire), des bagnoles ou de gros chèques bien juteux. On pourrait arguer que le jeu y perd en termes de progression général, qu’on ne sait jamais trop où on en est dans telle ou telle catégorie. On préfèrera y voir une orientation un peu libertaire, ou en tout cas centrée sur le plaisir, le fun. Que l’on roule sans but ou que l’on ponce jusqu’à améliorer chaque voiture du garage, on accumule et on dépense à droite, à gauche, et ce sans trop savoir ni se soucier de ce qui s’annonce après la courbe. C’est assez plaisant, et c’est tout à fait dans l’esprit véhiculé par le jeu.
A voir ou à revoir : Trailer de lancement Forza Horizon 4
+
- Toujours magnifique
- Le terrain de jeu, imprenable
- La conduite, juste comme il faut
- Le 60fps en option sur X
-
- Un (si) petit manque de folie
- Chargements un peu lourds