Jeux

Quel joueur assidu des années 80-90 ne s’est pas retrouvé un jour, dans une salle d’arcade ou dans un bar, en train de vider le portemonnaie de ses parents dans l’espoir de passer encore quelques minutes à abattre des hordes d’ennemis aux commandes d’un petit vaisseau ? Nous sommes nombreux à avoir un souvenir lié au shoot’em up. Lorsque l’on demande à un quarantenaire d’en citer un venu de son enfance, le nom de Gradius arrive aussi naturellement que celui de R-Type et des autres légendes. Cette saga apparue en 1985 a été prolifique, d’autant qu’elle s’est déclinée en autant de spin off que « d’épisodes canoniques » si l’on peut dire. Mais cette compilation qui nous arrive sur Xbox Series X|S (elle n’est pas disponible sur Xbox One) se nomme « Origins » : c’est donc une partie de l’histoire de Gradius que l’on découvre ici.

Portage développé par M2, spécialiste de cet exercice, Gradius Origins propose d’une part de (re)découvrir six titres de la saga que sont Gradius 1 à 3, Salamander 1 et 2 ainsi que Life Force, variante du premier épisode de Salamander. La grosse surprise provient du septième et dernier titre de la compilation. Il ne s’agit de rien de moins que de Salamander III, épisode totalement inédit, développé à l’occasion de la sortie de Gradius Origins par M2 ! N’allez pas croire qu’il s’agit d’une petite carotte vite dégainée pour appâter le chaland, Salamander III a été conçu avec beaucoup de soin pour nous offrir une expérience qui respecte à 100% l’esprit de la franchise, sur le fond comme sur la forme. Audacieux !

Tous les titres sont proposés exclusivement dans leurs différentes moutures Arcade. Aucune adaptation console n’a été ajoutée, ce qui n’est pas ici nécessairement un mal tant l’écart de qualité était grand alors entre un support et l’autre. M2 ne s’est pas pour autant reposé sur ses lauriers en proposant les versions Arcade Japonaises, occidentales, voire prototypes parfois, qui permettent d’apprécier avec de véritables subtilités chacune des adaptations. On apprécie à cet égard que chacune des variantes soit accompagnée d’une brève explication sur ce qui la différencie des autres. De même, chaque jeu dispose d’une présentation complète de son histoire, à la manière des textes que l’on retrouvait à l’arrière des boîtes de jeux.

La qualité de l’enrobage fait la force de Gradius Origins. La présentation est soignée, complète, renforcée par la présence d’un musée bien fourni en archives visuelles et sonores pour s’immerger dans l’univers de la saga. Côté jeu, on dispose de tout ce qu’il faut pour en profiter dans les conditions adaptées à nos envies, à notre niveau. Sauvegarde rapide, retour arrière, mode facile (réduction de la hitbox), mode invincible, classements en ligne et même un mode entrainement largement paramétrable sont de la partie – à la manière des jeux de baston pour s’exercer à des conditions précises. On a vu passer moult compilation à la rédaction et Gradius Origins se place sans problème dans le haut du panier d’un point de vue confort.

On aurait bien évidemment aimé que Gradius aille plus loin que ses « Origins », en intégrant les épisodes suivants et pourquoi pas les spin off Parodius. Pour une prochaine compilation peut-être ? Reste qu’il y a déjà ici matière à passer pas mal de temps manette en main, les Gradius comme les Salamander n’ayant rien perdu de leur réputation de titres très exigeants, tout en demeurant encore parfaitement pertinents à jouer en 2025. Ce sentiment est grandement renforcé par le choix de la version, évoqué un peu plus haut, qui permet au cumul de découvrir 18 façons de jouer. Les commandes répondent parfaitement (on a joué avec un pad Xbox Series traditionnel), les performances sont irréprochables, tout en ayant conservé par endroit les ralentissements typiques des shoot’em up lorsque l’écran tend à se surcharger d’ennemis et de projectiles.

Chacun à leur manière, les titres Gradius/Salamander de cette compilation ont plutôt bien survécu aux affres du temps. On retient surtout la singularité artistique qui aujourd’hui encore fait mouche, ou encore les variations de scrolling en plein jeu sur Salamander, moments aussi déroutants qu’ils sont géniaux. On retrouve parmi les options les nombreux filtres et arrangements qui permettent de vivre l’expérience dans les meilleures conditions possibles. Jusqu’à retrouver le fameux code Konami ! Un sens du détail grandement appréciable, à l’image de ce Gradius Origins.