Test : Guitar Hero 3 sur Xbox 360
Une affaire de mysticisme
Première nouveauté, et certainement la plus visible : l’arrivée d’une guitare flambant neuve. Exit la Gibson X-Plorer et place à la très rock’n roll à papa Les Paul. Au passage, la « manette » perd son cordon ombilical pour offrir les joies de se balader librement (nu peut-être même) dans son salon tout en balançant les riffs le plus endiablés que vous propose le jeu. Techniquement, la Les Paul offre des frettes un peu plus jolies et surtout qui donnent une sensation de toucher plus agréable avec un arrondi ergonomique. Il n’empêche qu’elle est légèrement plus lourde qu’avant et que nous avons une petite préférence pour l’ancienne (ce n’est pas l’avis de tout le monde), certainement aussi à cause d’un médiator un peu plus long qui finit par agacer. C’est avant tout une affaire de goût, mais le côté plus hardeux de l’X-Plorer allié à son poids légèrement plus faible constituaient vraiment un bon compromis. Bon, d’accord, tout ceci est plus une affaire de mysticisme de fanboy musical, j’avoue.
Les grandes nouveautés de cet opus résident aussi dans l’arrivée d’une part d’un scénario pour le mode carrière, d’autre part d’un mode en ligne, qui manquait cruellement à GH 2. Il ne faut pas trop s’emballer pour autant : côté scénar, l’histoire est des plus basiques. Elle est néanmoins amenée avec humour et dans un graphisme plutôt sympathique à travers quelques courts métrages tout en bande dessinée. De plus, vous devrez combattre face à quelques boss dans des combats de riffs où le star power est remplacé par des « gages » à envoyer chez l’adversaire. Corde cassée, éclairs qui viennent perturber la progression dans le jeu, inversement des notes et quelques autres petits coups de pute qu’on peut découvrir aussi sur le Xbox Live et dans des combats avec des amis. Effet garanti, vous deviendrez vite un guitariste maudit des autres ! Comme on l’a dit, il est enfin possible de jouer sur le Xbox Live. Les parties s’enchaînent avec plaisir, même s’il est moins présent qu’à deux en local car il est toujours plus sympa de voir la tête d’un ami dégoûté après avoir subi une crasse à deux accords de la victoire.
Eclectisme dans le plaisir
Comment ne pas contenter un large public amateur de guitare avec la liste impressionnante de chansons que l’on retrouve dans Guitar Hero 3 ? Et pourtant, la grande variété de morceaux pourra laisser quelques fans sur le carreau, comme les amateurs de funk, genre désespérément absent du soft (Otis Redding, James Brown, où êtes-vous ?). Les francophones aussi peuvent se plaindre car même si l’on peut découvrir un titre des Naast et de Superbus, il faudra débourser pour être en mesure de jouer un morceau français d’anthologie (le seul d’ailleurs), Antisocial de Trust. Mais le plus gros reproche de cette playlist est certainement à attribuer à certains morceaux dont la réorchestration est une honte. Pourquoi ressortir du formol les Sex Pistols, pourquoi demander à Johnny Rotten de chanter à nouveau alors qu’il s’est perdu avec le reste du groupe dans des méandres alcoolisés depuis si longtemps ? Cela donne un résultat pitoyable et poussif pour un groupe dont le seul intérêt était la rage d’une jeunesse qu’il n’a plus. Et un hymne légendaire du rock de massacré, comme si Activision n’avait pas les sous pour avoir l’original…
Malgré tout, il ne faut pas non plus réduire la playlist à ces quelques manques car à côté de ça, vous trouverez des vrais concentrés de plaisir avec des Stone toujours aussi magnifique, des Who à faire pleurer ou La Grange des barbus de ZZTop qui permet toujours de se souvenir de ce groupe du temps ou le blues était une préoccupation plus importante que les bimbos et les voitures grossières de leurs dernières années. Sans oublier Cream, Slayer et d’autres purs moments d’écoute comme ces musiciens mythiques ont pu nous en offrir pendant des années. Dans l’ensemble, ce qui nous est proposé convient à peu près à tout type de public. Un bon point si l’on oublie la catastrophe Anarchy in the UK. On peut toujours reprocher au jeu de ne pas avoir de grands noms comme ACDC par exemple (qui se débattent depuis 7 ans avec leur maison de disque), mais c’est vite oublier que derrière les plaintes de l’industrie musicale qui se débat avec le piratage, cette dernière n’en est pas moins d’une voracité qui a dû faire reculer plus d’une fois Activision au moment de verser les droits demandés.
Un fun en pointillé
Il est peu évident de critiquer le gameplay d’un jeu aux fondements aussisimples que celui de Guitar Hero. Pourtant, il faut bien avouer qu’en rendant la playlist beaucoup plus éclectique, on se retrouve aussi avec des morceaux qui finalement sont beaucoup plus intéressants à écouter qu’à jouer. Le punk, c’est plutôt sympathique, mais à jouer, ça reste une musique basique avec de longs enchaînements de notes similaires. Si Steeve Jones était Eric Clapton, ça se saurait !
On pourra donc reprocher une certaine inégalité dans l’intérêt de Guitar Hero 3, dû aux musiques proposées mais surtout à la volonté de l’éditeur de plaire au plus grand nombre. Il y a néanmoins largement de quoi se la donner pendant de longues séances, pour refaire certains passages en particulier avec Slayer qui est particulièrement difficile. D’ailleurs, c’est ici un autre point de différenciation avec Guitar Hero 2 : un niveau de difficulté revu à la hausse. Pas vraiment par la complexité des enchaînements mais par la vitesse d’exécution qui devient complètement diabolique lors des parties dans les deux derniers niveaux de difficulté. Maîtriser l’ensemble des titres revient même à un véritable sacerdoce, vous y passerez de longues heures, si du moins vous y parvenez.
+
- La playlist
- La Les Paul sans fil
- Enfin le Xbox Live jouable
- Mode Battle enrichi
- Qualité du rendu sonore
-
- Des morceaux aux séquences de notes trop répétitives
- Pas de funk !
- Orchestration honteuse d’Anarchy In the UK
- Un gameplay qui n’évolue que très peu, et pas forcément dans le bon sens