Tel le Beaujolais nouveau, Activision a désormais pour tradition de sortir un nouvel épisode majeur de Guitar Hero à chaque rentrée. Déjà 6 épisodes, sans compter les nombreux hors-série, avec ses hauts et ses bas, ses innovations, ses déceptions, et une bibliothèque toujours plus fournie. Que vaut donc le cru 2010 ?
C’est avec les vieilles recettes qu’on fait les meilleurs jeux
Autant le dire tout de suite : la nouveauté n’est pas vraiment le point fort de ce sixième opus. Si le quatrième épisode ajoutait de nouveaux instruments pour s’infiltrer sur le terrain du concurrent
Rock Band, et si le cinquième ajoutait de nombreux modes de jeu et la possibilité de combiner les instruments librement, cette nouvelle déclinaison est bien moins ambitieuse, et ça se voit : le moteur du jeu n’a pas changé d’un pouce, et l’affichage des partitions est exactement le même que dans le 5. On retrouvera fort heureusement toutes les possibilités offertes par son prédécesseur, que ça soit sur le gameplay ou sur les modes de jeux, toujours aussi nombreux, dont le mode soirée, tellement pratique entre amis.
Avec la nouvelle guitare, on perd même la barre de slide, qui permettait de jouer les notes en taping. Ceci dit, elle n’avait rien de vraiment pratique, on ne la regrettera donc pas. Il faut cependant reconnaître que le jeu conserve son art de la mise en scène, et propose des décors toujours aussi grandioses, d’autant plus que certains morceaux bénéficient même d’animations dédiées, comme par exemple le Bohemian Rhapsody de Queen et ses personnages qui chantent en cœur, ou bien l’ensemble du 2112 de Rush, un titre de 20 minutes découpé en 7 actes et décliné à travers plusieurs lieux.
En quête de nouveauté
Mais
Neversoft ne pouvait pas décemment proposer de nouveau jeu sans y distiller quelques nouvelles options. La première, c’est bien sûr le mode Quête, mis en avant tout au long de la promotion, jusque sur le sticker apposé sur la jaquette. Il nous propose de prendre en main le destin de 8 personnages déjà bien connus des amateurs de la série pour les amener à réveiller le demi-dieu du rock et sauver le rock’n'roll. La nouveauté ici, c’est que chaque personnage possède un pouvoir particulier qui l’aidera a accumuler des étoiles (amélioration des multiplicateurs, jauge de vie plus grande…). Le but reste donc, comme dans Guitar Hero 5, de gagner ces fameuses étoiles pour progresser.
Malheureusement, le concept est assez mal exploité. Les pouvoirs peuvent être améliorés, mais sont plafonnés à un seul niveau supplémentaire, ce qui limite beaucoup l’aspect RPG qu’il aurait été intéressant de pousser plus loin. Enfin, l’ensemble du mode est gâché dans sa version française par la voix de Philippe Manœuvre, dont la faible prestation, bien trop surjouée et totalement ridicule, est loin d’égaler la VO doublée par Gene Simmons. Et pas moyen de changer de langue à loisir, car le passage de la console en anglais fait également basculer sur une autre sauvegarde. Ce mode se boucle cependant assez rapidement, et reste un passage obligé pour débloquer l’ensemble des morceaux du jeu. Les plus accrocs pourront ensuite le compléter à 100% en récupérant toutes les étoiles, ce qui est nettement plus long, mais pas franchement utile. Nul besoin cependant d’être un expert, puisque ce mode s’adapte parfaitement à l’instrument et à la difficulté choisie.
Un challenge relevé
Nettement plus intéressant, le mode Partie Rapide + reprend le concept des challenges introduit avec Guitar Hero 5, mais va beaucoup plus loin. Chaque morceau n’a plus un seul challenge à réaliser, mais 12, histoire de couvrir tous les instruments ainsi que le jeu en groupe. On retrouve tout de même souvent les classiques scores et suites de notes à atteindre. Ici, le but est encore de gagner des étoiles afin de monter en niveau et débloquer des personnages, accessoires et autres bonus supplémentaires. Et non seulement ces challenges sont présents sur les morceaux du jeu, mais aussi sur tous les contenus déjà téléchargés et les imports des jeux précédents. De quoi y passer de nombreuses heures ! On pourra d’ailleurs saluer l’intégration des classements dans ce mode, permettant même au joueur de choisir n’importe quel score à battre pour voir sa progression en pleine partie. Cet esprit communautaire se retrouve également dans une fonction assez originale : la possibilité de poster ses exploits directement sur
Facebook et
Twitter. Amusant, même si cela tourne vite à l’overdose de messages, et risque plus de polluer le fil d’actualité des amis qu’autre chose.
Mais un bon Guitar Hero, c’est aussi et avant tout une bonne tracklist. Sur ce point, Neversoft a clairement voulu effectuer un "retour aux sources" en se recadrant sur le rock pur et dur. Après s’être aventuré à explorer un peu tous les styles dans les quatrième et cinquième opus, on abandonne totalement hip-hop, funk et autres morceaux pop. Si on retrouve toujours pas mal de classiques de la bande FM (Muse, Phoenix, Sum 41…), le hard-rock et le métal font un retour fracassant avec des morceaux qui plairont aux joueurs qui regrettaient les "killer songs" de Guitar Hero 3. Un choix beaucoup moins varié donc, mais qui a au moins le mérite de rehausser la difficulté du jeu, ce dont on ne se plaindra pas. Et sachant qu’on peut importer la majorité des titres des épisodes précédents (y compris Metallica, enfin !), et que tous les DLC depuis World Tour restent compatibles, la bibliothèque des fans risque vite de se compter en centaines de titres.
Face a un Rock Band 3 qui s'annonce plus que novateur, cette nouvelle déclinaison de Guitar Hero est assez paresseuse et pauvre en nouveautés. Les fans de la première heure seront ravis d'avoir de nouveaux défis à affronter et se jetteront dessus sans hésiter, mais on regrettera tout de même que la série se repose un peu trop sur ses lauriers.
+
- Difficulté en hausse
- Nombreux challenges
- Meilleure intégration de la communauté
- Import toujours possible
-
- Mode quête sous exploité
- Philippe Manœuvre
- Pas de véritables nouveautés