Test : Hitman 2 (2018) sur Xbox One
Permis de tuer
Plus confortable et familier qu’un combo costard / cravate mille fois abandonné pour d’autres tenues, Hitman 2 fait suite directe au titre de 2016 et ne s’embarrasse d’aucun artifice pour accomplir sa tâche principale. La livraison épisodique abandonnée, c’est en un morceau que débarque cette poignée de missions, ponctuée d’écrans fixes et de dialogues se chargeant d’épaissir une intrigue qui ne prend jamais réellement. Parce qu’on n’est pas vraiment là pour comprendre les tenants et aboutissants d’un personnage qui exécute plus qu’il intéresse, on pardonne facilement. Tout comme on comprend la réinterprétation du tutorial et la taille ridicule du premier niveau, ne laissant finalement que cinq « vraies » missions pour exploiter le potentiel de l’assassin qui sommeille. La compilation donnant plus dans le maxi best of que dans la montagne russe, Hitman 2 sort gagnant d’un comparatif direct avec son prédécesseur et c’est tant mieux.
Pour autant, la recette reste absolument identique, les nouveautés étant discrètes ou pas forcément liées au gameplay. Entre improvisation totale et opportunités plus ou moins facilement découvertes et accompagnées par un niveau d’assistance paramétrable à l’envi, il s’agit donc d’abattre des cibles prédéfinies dont l’accès n’est pas toujours direct. Forcer le chemin ou donner libre court à sa créativité – voire son vice – est une liberté qui fait partie de l’ADN de la licence, et Hitman 2 ne déroge pas à la paradoxale règle. S’il démarre chaque mission à nu ou presque, chaque tentative permet de débloquer de nouveaux objets, des armes à emporter ou déposer à certains endroits clés, un point d’entrée ou de sortie supplémentaire, et in fine de quoi accélérer, faciliter ou complexifier son approche. Evidemment pas conçu pour être traversé une fois en ligne droite, Hitman se régale de ces répétitions de plus en plus tarabiscotées, et dont la permissivité démentielle met en lumière un moteur maîtrisé à la perfection.
Bien sûr, les nouveautés ne sont pas nombreuses. Se planquer dans un groupe de PNJ façon Assassin’s Creed, une pelletée d’objets et situations, des ennemis un peu plus malins et une interface mieux boutiquée, c’est léger. Malgré la clarté avec laquelle il tâche d’expliquer ses mécanismes les plus avancées, Hitman fait preuve d’une austérité certaine. Issu d’une époque où l’habit seul faisait le moine, 47 manque de charisme et le côté ultra chiche de la mise en scène – doublée d’un scénario obscur et ringard – nous fait douter de la capacité du jeu à séduire en dehors de sa zone de confort. Impressionnante dans sa gestion des foules et des grands espaces, la réalisation peine malheureusement à mettre le tout en valeur. Raide comme la justice, 47 devra sans doute se montrer plus fluide et expressif s’il veut retrouver le vrai devant de la scène. Tout ceci donne le sentiment de jouer à une deuxième saison du premier (nouveau) Hitman, et non pas à une vraie suite. Ce n’est ni choquant ni honteux, mais il faut le savoir. Les néophytes feraient en tout cas bien de craquer pour l’édition comprenant l’intégralité des missions du premier jeu : légèrement retravaillées pour intégrer nouveautés techniques et ludiques, ces dernières méritent globalement le détour – d’autant que l’ensemble est intégré au sein d’une seule et même interface, et peut donc être pratiqué dans l’ordre chronologique.
Quel que soit le niveau choisi, l’équipement embarqué ou la méthode privilégiée, débutants et assassins confirmés sont bons pour (re)découvrir un puzzle massif dont on découvre les pièces petit à petit, et qui comprend plusieurs solutions toutes plus valables les unes que les autres. Hyper drôle car éternellement tiraillé entre le sérieux de son propos et les délirantes possibilités qu’il met en avant, Hitman mérite l’acharnement des premières parties. Après quelques dizaines de minutes à errer en captant tout ce qui peut l’être ou en suivant pas à pas les suggestions d’un maître du jeu qu’il faudra vite faire taire pour s’épanouir, les barrières tombent. Hitman 2 vous laisse alors les clés du camion, révélant toutes ses limites pour vous laisser les exploiter dans la joie et la bonne humeur, l’échec d’une tentative pouvant affiner les contours de la prochaine. Ou, pour les acharnés du plan parfait, être effacé par la relance d’une sauvegarde bien placée.
+
- Cinq (et des poussières) très bons niveaux
- Toujours plus de liberté
- Interface très soignée
-
- On aurait aimé une ou deux missions en plus.
- Histoire et mise en scène en retrait.