Test : Hitman HD Enhanced Collection sur Xbox One
Le chauve ne sourit pas
New York get the Blood Money (Hitman : Blood Money)
Quatrième épisode après l’excellent -quoique paresseux- Hitman Contracts, Blood Money est encore aujourd’hui considéré comme le meilleur épisode de la saga par la plupart des fans de la boule de billard. Sorti en 2006, lors de la première année de la Xbox 360, véritable éclair de génie de la part des développeurs, Blood Money poussait beaucoup plus loin le concept à l’origine de la saga. A savoir remplir un contrat d’assassinat de la façon la plus discrète et originale possible, en proposant cette fois-ci des contrôles beaucoup plus développés, souples, ainsi que des possibilités beaucoup plus nombreuses de donner la mort pour remplir son contrat. De quoi encaisser sereinement son chèque en fin de journée. Chute du haut d’un immeuble, tir de sniper, empoisonnement, accidents mortels, etc… Les possibilités sont nombreuses et variées. Et bien qu’il suffise parfois de dégainer l’un des légendaires Silverball chromés de Forty Seven pour en finir avec sa victime, la discrétion et le savoir-faire sont largement récompensés. En effet – et il s’agit là d’un ajout particulièrement important de cet épisode- la préparation des contrats passe par l’amélioration de ses armes et de son équipement avant chaque mission. Il faudra donc réaliser des performances de qualité pour espérer remplir son compte en banque et pouvoir faire des achats en ligne. Un système de notoriété vous sanctionnera également en cas de trop forte tendance sociopathe, avec des témoins qui pourront vous reconnaitre et vous signaler aux autorités, rendant forcément les missions suivantes plus difficiles.
Si le cœur du jeu restait sensiblement similaire aux épisodes précédents, les déplacements dans Blood Money gagnaient en souplesse et apparaissaient plus adaptés au jeu avec une manette. De quoi permettre plus de facilité pour réaliser les objectifs et engendrer beaucoup moins de frustration, contrairement aux remasters de Hitman 2 et Contracts sur Xbox 360 qui demandaient un sérieux temps de réadaptation face à une jouabilité archaïque. Malgré tout, rejouer à Blood Money en 2019, après l’excellent Hitman 2 sorti il y a à peine quelques mois, n’est clairement pas chose facile. Ne serait-ce que du point de vue de la rigidité et de la limitation des actions, sans même parler de l’aspect technique à peine au niveau d’un remaster Xbox, voire Playstation 2.
Mais là où le jeu est toujours aussi réussi et reste indémodable, c’est dans son level design et l’ambiance globale qui s’en dégage. C’est bien simple, on y retrouve encore aujourd’hui parmi les meilleures missions de toute la série. Une dégustation de vin qui tourne au vinaigre, une orgie organisée par un roi du porno ou encore un assassinat au beau milieu du carnaval de la Nouvelle-Orléans sont quelques exemples des scénarios et environnements originaux que l’on traverse tout au long de l’aventure. Bien que la quasi-totalité de l’action se situe aux Etats-Unis, aucun sentiment de répétitivité ou une quelconque lassitude ne pointent le bout de leur nez. Blood Money reste un jeu fantastique où la découverte de chaque niveau se partage avec autant de plaisir que de satisfaction au moment de les quitter, les placards remplis de pauvres types en slip, morts ou endormis.
Concernant les apports annoncés avec cette version HD, les 60 FPS promis (et tenus) apportent un confort indéniable. La résolution réhaussée permet également une netteté appréciable, surtout en comparaison directe avec la version rétrocompatible sur Xbox 360. Hormis ces deux points d’importance, n’attendez absolument aucun changement supplémentaire à vous mettre sous la dent. Les textures et la modélisation, déjà pas franchement en avance à leur sortie, ont pris un énorme coup de vieux et la transition avec le modèle de 2018 risque de coller des crises d’eczéma aux joueurs les moins tolérants. Cerise sur la tartelette, on peut également retrouver les mêmes bugs d’époque avec des ennemis qui s’envolent littéralement lorsqu’on leur tire dessus et l’IA d’époque comprenant son lot de réactions folkloriques. Si le développeur promettait des contrôles améliorés, rien de nouveau à se mettre sous la dent : le mappage des touches et les déplacements restent strictement identiques à l’original. J’avoue rechercher encore à l’heure actuelle ce qu’ils peuvent bien apporter. Notons tout de même la disparition totale des écrans de chargements, ce qui inclus les illustrations sur les contrats en cours, mais aussi plus étrangement des doublages du narrateur lors du tutoriel.
Mon absolution porte ton nom (Hitman : Absolution)
Six ans après la réussite Blood Money sortait donc Absolution sur la même génération de console. Ni reboot, ni remake, Absolution était tout de même une véritable remise à plat de la licence, en essayant de la faire coller aux standards de l’époque et de la rendre par la même occasion plus grand publique. Si la volonté de renouveau et d’élargissement de l’audience est compréhensible et justifiable, comme on le dit souvent : l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Nous collant une fois de plus dans le costume impeccable du tondu mutique, IO a adopté cette fois-ci le parti d’un jeu plus scénarisé et linéaire, entrecoupé de missions plus libres et respectueuses de l’esprit originel. Si ces dernières sont plutôt réussies, avec une mention spéciale aux impressionnantes missions dans les rues désertiques de Hope ou, au contraire, surpeuplées de Chinatown, elles restent néanmoins trop peu nombreuses et surtout entrecoupées de passages scriptés et scénarisés largement plus axé action-infiltration, directement inspirés de la série Splinter Cell. Au revoir la planification minutieuse de votre assassinat ainsi que la façon la plus originale et funky de faire disparaitre un corps humain. Bonjour les longs passages de fuite où il faudra éviter les forces spéciales du SWAT ou se mettre à couvert des tirs d’un hélicoptère, le tout entrecoupé de cinématiques pompeuses et d’un scénario aussi cryptique que ronflant. En plus de ne pas être franchement enthousiasmantes, les séquences d’infiltration sont également totalement parasitées par l’ajout d’une jauge d’instinct, heureusement optionnelle, permettant de voir au travers des murs ou de marquer le passage des gardes et une IA, une fois de plus, totalement amorphe. Le système de costume, véritable ADN de la série, est également plus bancal qu’à l’accoutumée avec des PNJ qui pourront vous démasquer pour des raisons souvent incompréhensibles et qu’il faudra une fois de plus esquiver en utilisant la jauge d’instinct.
Mais si le fond du jeu est chamboulé pour le pire et malheureusement jamais pour le meilleur, la forme profite pour le mieux de cette ambition revue à la hausse. Niveau gameplay, 47 se déplace enfin de façon fluide et appréciable, il peut se mettre à couvert, ajuster son tir sans être obligé de passer en vue à la première personne, viser sans avoir besoin de cliquer sur le stick gauche et peut étrangler son ennemi d’une simple pression sur le bouton X. Ca change de l’obligation de devoir laisser la gâchette droite enfoncée de façon souvent imprécise dans les volets précédents. Tout est beaucoup plus fluide et si le jeu est moins passionnant, il est désormais beaucoup plus fun à parcourir. Même constat concernant le modèle graphique, grande réussite du titre, avec une modélisation des personnages enfin correcte et des décors vraiment très jolis à parcourir.
Si en y rejouant aujourd’hui, avec le recul nécessaire, on ne peut pas sincèrement qualifier Hitman Absolution de mauvais jeu, force est de constater que la comparaison avec ses prédécesseurs ne joue toujours pas à son avantage. Pire encore aujourd’hui où la comparaison directe avec ses suites récentes prouve qu’il était possible de faire plus ambitieux et spectaculaire, tout en respectant l’ADN de la série. Mais c’est encore pire en constatant que le remaster se paie le luxe de retirer du contenu au jeu d’origine. En effet, le mode Contrat qui permettait de créer ses missions ou de se frotter à celles d’autres joueurs a tout simplement disparu au profit uniquement de l’aventure solo. Si cela s’explique facilement par la disponibilité de celui, plus complet et récent, de Hitman 2, cela fait tout de même un pan en moins du jeu qui disparait dans la remasterisation. Adieu aussi au très sympathique Sniper Challenge, niveau offert gratuitement aux joueurs ayant précommandé Absolution à l’époque. Il faudra se contenter de la version Xbox 360 rétrocompatible sur Xbox One pour y jouer. Les DLC d’objets sont quant à eux directement intégrés au jeu.
Du côté des ajouts, on retrouve comme pour Blood Money les 60 FPS qui permettent un dynamisme et un confort indéniable. La résolution supérieure offre une définition et une finesse sans égal avec la version rétro. L’aliasing disgracieux très présent sur 360 disparait quasi-totalement et le jeu retrouve une fraicheur réellement appréciable. On profite également d’effets de lumière supplémentaires ; mais comme souvent, le mieux est l’ennemi du bien. Le tout a été implanté un peu n’importe comment et de façon pas forcément esthétique. Si être aveuglé par le soleil couchant fait toujours son petit effet, difficile de garder son sérieux lorsque l’on peut voir le crâne d’œuf de notre héros ou une simple fleur réfléchir autant que le capot lustré d’une voiture neuve. C’est bien simple, le jeu brille de partout et les passages en extérieur nécessitent presque l’utilisation de lunettes de soleil pour ne pas finir en consultation chez son ophtalmologue. Souhaitons un patch ou une mise à jour assez rapide permettant d’en atténuer les effets. En dehors de l’aspect technique, aucun ajout supplémentaire n’est malheureusement à noter, si ce n’est la disponibilité de huit doublages intégraux proposés d’office, la version 360 ne disposant que de la VF de base et de la VO en téléchargement gratuit.
+
- Du 60 FPS caillou solide.
- Résolution rehaussé pour le bonheur des yeux.
- Blood Money, le meilleur épisode de la série…
- … A la liberté de ton appréciable.
- 40% d'Absolution sont fun...
-
- …Les 60% restants totalement ratés.
- Blood Money et sa jouabilité d’un autre temps.
- L’abus de Lens-flare est dangereux pour la santé.
- Adieu Sniper Challenge et le mode Contrat pour Absolution.
- Peu d’intérêt si l’on possède déjà les versions rétro.