Test : Indika sur Xbox Series X|S
Nonne of them
Indika c’est avant tout le nom de l’héroïne, une nonne plongée dans une Russie dystopique de la fin du XIXème siècle. Un contexte déjà étonnant sur le papier qui prend une autre dimension dès les premières secondes de jeu, avec une séquence inattendue qui casse à peu près tous les codes du jeu narratif. Sans en révéler trop, sous peine de gâcher la découverte, Indika propose un scénario assez simple qui ne cesse de questionner le joueur sur ce qui l’attend au fil des chapitres. Une fois l’introduction terminée, c’est le quotidien très terre-à-terre d’une religieuse qui attend Indika. Aller chercher un panier de pommes de terre à l’autre bout du monastère, se rendre au puits pour remplir un seau… cinq fois de suite, … A croire que les pires corvées sont réservées à notre héroïne, prise à partie par le reste de la communauté qui compte bien s’en débarrasser en lui confiant une mission à l’extérieur de ces murs que nul ne peut d’ordinaire quitter sans recevoir une bénédiction.
Si apporter une lettre au père Herman au monastère de Danilov apparait comme un rejet de ses pairs, c’est surtout l’occasion de débuter réellement l’aventure en découvrant les plaines enneigées de cette Russie rurale où les âmes qui vivent se font rares. Cela n’empêche pas notre héroïne de tomber sur Ilya, pour une quête qui va finalement se vivre à deux, et ainsi amener de nombreuses discussions sur différents thèmes, offrant par la même occasion l’opportunité pour le joueur de débattre de certains sujets en son for intérieur. Mais Indika ce n’est pas qu’une petite promenade de santé ponctuée de dialogues intéressants. En vue à la troisième personne, on suit le parcours de notre nonne, parfois confrontée à quelques énigmes et phases de plateformes qui viennent agrémenter l’expérience de jeu en séquences capables d’impliquer le joueur.
Car il ne faut pas se mentir, le jeu d’Odd Meter est avant tout une aventure narrative, qui ne cache pas de s’inspirer de ce qui se fait au cinéma en terme de mise en scène. Certains angles de caméra, en particulier lorsque Indika s’assoit sur un banc, offre des perspective grandiose, tandis que l’utilisation d’une caméra dynamique façon go pro fait écho au caractère étrange de cette production pas comme les autres. Des choix audacieux qu’on retrouve dans certaines énigmes, là encore surprenante, et d’autant plus à mesure que l’on avance. Ilya sert parfois de prétexte à activer des mécanismes, et généralement tout se fait très simplement, en peu de temps, et sans frustration.
Toujours dans l’idée d’amener du rythme et différentes séquences de jeu, Indika nous propose de prendre part à des courses-poursuites, et on peut également enfiler la casquette d’employé de chantier en manipulant des engins nécessaires pour continuer son chemin. Il arrive également que l’on parte à la recherche d’un objet, dans des séquences d’exploration très réduite, mais toujours dans l’optique d’apporter du changement. Impossible d’ailleurs d’en dire plus là aussi, avec de nombreuses surprises qui viennent entrecoupées l’aventure, notamment pour illustrer les flashbacks qui racontent la vie d’Indika avant son arrivée au couvent. Au final, on n’a clairement pas le temps de s’ennuyer et la faible durée de vie du titre, d’un peu moins de quatre heures, y contribue avec peu de moments qui donneraient envie de ronfler. On regrette toutefois une fin décevante, qui aurait mérité de répondre à plusieurs questions qui restent finalement en suspend aprèDes objets à récupérer et quelques lieux sombres à éclairer à l’aide d’une lanterne viennent compléter le tableau de ce que peut faire notre héroïne pas comme les autres.
Côté direction artistique, Indika est très réussi, bien aidé par l’utilisation de l’Unreal Engine 5 capable de lui offrir des décors très propres, un frimas réaliste, des visages particulièrement fins, tout en laissant des traces de pas derrière chaque déplacement dans la neige. Les intérieurs sont parfois impressionnants avec un nombre d’objets modélisés conséquent. Sans rentrer une fois de plus dans les détails, le caractère torturé de l’héroïne se ressent bien, que ce soit dans les dialogues, ou dans l’évolution des environnements traversés. Une approche de la maladie mentale qui fait penser un peu à Hellblade, en tout de même moins omniprésent, mais qui n’est pas pour nous déplaire. Malgré une expérience un peu courte, on traverse tout de même plusieurs décors, allant de la mine à l’usine, en passant par le moulin, chacun disposant d’une ambiance bien imprégnée, généralement porté par un sound-design convaincant. En anglais ou en russe, les doublages sont globalement bien réalisés, même si certains enregistrements n’ont pas bénéficié d’un mixage suffisant pour atténuer l’effet «studio» au profit dans l’ambiance en jeu. Quelques bugs viennent également perturber l’expérience, sans pour autant être totalement rédhibitoire.
+
- Thèmes forts abordés
- Des séquences inattendues
- Techniquement réussi
- Enigmes simples mais variées
- Prise de risque à saluer
-
- Très court
- Fin décevante
- Quelques bugs