Test : Infinity Strash Dragon Quest: The Adventure of Dai sur Xbox Series X|S
Dai and retry
Alors que la franchise Dragon Quest compte déjà trois épisodes sortis sur NES, la fin des années 80 est marquée par l’adaptation en manga du premier jeu de la série. Un succès en 37 tomes édité chez nous sous le nom de Fly, aux éditions J’ai Lu, puis adapté peu de temps après en version animée, une version qui n’aura finalement pas eu le temps de couvrir l’intégralité de l’histoire, faute d’audience. Un coup dur pour la série, qui s’est finalement offerte une seconde chance entre 2020 et 2022, et l’annonce d’une adaptation en jeu vidéo histoire de boucler la boucle. Infinity Strash – Dragon Quest reprend ainsi l’histoire originale du manga, mais prend le parti de débuter l’aventure avec le combat entre Dai, le héros, et Baran. Pile à l’endroit où l’anime de 1991 s’était arrêté.
Pas d’inquiétude toutefois, ce moment crucial du scénario sert surtout de prétexte à poser les bases du système de combat par le biais d’un tutoriel, tout en ayant un personnage avec un niveau avancé, et quelques techniques de combat en poche. C’est également l’occasion de poser un contexte, puisque ce combat est l’occasion pour Baran de nous expliquer le monde dans lequel l’action se déroule, un monde où s’opposent les Humains, les Monstres et les Dragons. Autant dire que ceux qui connaissent la franchise retrouveront rapidement leurs marques, tandis que cette séquence permet surtout d’offrir un contexte aux néophytes pour les inviter à rejoindre ce shonen fortement imprégné de l’heroic-fantasy. Le tutoriel s’achève avec la fin du combat, où débute alors un gros flashback et la nécessité de retracer les souvenirs de Dai, pour revivre l’aventure depuis le début, sur l’île de Dermlin.
Le retour à la case départ se fait par le biais de nombreuses cinématiques confectionnées à l’aide d’images tirées de l’anime de 2020. Une succession de screens qui s’étale parfois sur plusieurs minutes, et qui a le mérite de ne jamais rien éluder, pour une adaptation on ne peut plus fidèle. Au final, Infinity Strash est un très large résumé de la série, capable de retranscrire aussi bien les moments d’émotions, que les passages plus légers. Certains passages sont proposés avec le moteur du jeu, avec des modèles 3D bien réalisés, qui ne font absolument pas honte au design d’origine de la franchise. On regrette tout de même que ces séquences en 3D soient peu nombreuses par rapport aux passages tirés de l’anime, et auraient clairement mérité d’occuper un peu plus de place dans le déroulé de la narration. Niveau contenu, et de façon absolument incompréhensible, Infinity Strash s’arrête à l’arc de la forteresse Rochedémon, soit à peu près à la moitié du manga et de l’anime, pour une petite vingtaine d’heures de jeu, lecture de toutes les cinématiques comprises. Il y avait largement la place d’aller plus loin et de proposer l’intégralité de l’œuvre, d’autant que l’anime s’est terminé il y a un an.
Un choix qui n’a pas vraiment été compensé par les développeurs, qui proposent finalement assez peu de phases de gameplay par rapport au reste. Si on salue l’envie des développeurs de ne pas sacrifier le matériau d’origine, on regrette tout de même de faire face à un déséquilibre particulièrement gênant. On aurait en effet aimer pouvoir prendre plus souvent la manette en mains, d’autant que les combats sont particulièrement réussis. La structure de l’ensemble est d’ailleurs un peu étrange. Bien loin d’être aussi libre qu’un JRPG classique, Infinity Strash propose d’enchaîner cinématiques, combats principaux et combats annexes de façon chapitrée. Aucune liberté n’est laissée au joueur qui se contente alors de sélectionner le chapitre suivant pour faire avancer l’histoire. Même les phases de combat nous confinent dans de tous petits espaces avec, dans le meilleur des cas, quelques dizaines de mètres à parcourir pour éliminer tous les ennemis de la zone.
Pour en venir aux mécaniques en combat, en plus des attaques normales, il est possible d’attribuer trois attaques spéciales qui se rechargent dans le temps, tandis que les gâchettes correspondent là aussi à des compétences spéciales, différentes selon le personnage contrôlé. Ainsi, Dai peut activer sa marque du dragon pour gagner en puissance, et utiliser son Avan Strash, tandis que Popp a la capacité de charger plus rapidement ses sorts et de lancer une magie dévastatrice. Avec quatre personnages maximum dans l’équipe, on peut passer de l’un à l’autre rapidement en utilisant le BMD. C’est également ce BMD qui permet de sélectionner et d’utiliser les objets, histoire que tout se fasse sans aucune interruption, de manière fluide.
De la fluidité que l’on retrouve dans la jouabilité globale, avec la possibilité d’esquiver, de se protéger et d’effectuer des parades parfaites. Sans tomber dans le Souls-like, il est toutefois nécessaire de bien maitriser certaines mécaniques à mesure que l’on avance dans le scénario, et de bien comprendre les patterns des boss, avec une difficulté progressive qui oblige à ne pas foncer tête baissée. A noter tout de même qu’un mode facile permet de profiter pleinement de l’histoire sans se casser les dents sur certains boss. Globalement, on apprécie de devoir user d’un peu de stratégie pour toucher au but, sans quoi le titre ressemblerait plus à un banal beat’em all qu’à un Action-RPG.
Et comme il ne suffit pas toujours d’être bien organisé, il est parfois nécessaire d’augmenter les statistiques de nos personnages. En plus de permettre de rejouer certains chapitres, les développeurs de Game Studio proposent un lieu inspiré des Dungeon-RPG, le Sanctuaire. Il s’agit d’un lieu où il est possible de récupérer des souvenirs, sous forme de cartes s’étalant sur trois niveaux de puissance, qu’il faut ensuite équiper pour augmenter la Force, la Magie, la Défense ou les Points de Vie. Une bonne idée sur le papier, avec la nécessité de franchir un maximum d’étages pour obtenir des récompenses de plus en plus efficaces, tout en prenant garde de ne pas être trop gourmand et de s’arrêter au bon moment. En effet, la défaite du groupe est synonyme de perte totale du loot obtenu sur votre run. Il est donc conseillé d’y aller progressivement, quitte à améliorer tranquillement ses personnages et recommencer avec un groupe toujours plus puissant que la fois d’avant. En plus d’être primordiale, la récolte des souvenirs est également l’occasion de proposer un peu plus de fan-service puisque ce sont les illustrations du manga publié entre 1989 et 1996 qui sont à l’honneur, pour un résultat qui chatouillera la fibre nostalgique de certains. Dommage que le principe du D-RPG soit un peu redondant sur la durée, malgré la volonté d’inspirer d’Hadès avec le choix de franchir une porte parmi deux pour passer à la salle suivante.
On termine avec la partie technique, avec un jeu qui tourne très bien, sans aucun ralentissement. Il faut dire que Infinity Strash ne brille pas forcément sur la qualité de ses décors avec des environnements particulièrement vides, avec parfois un arbre ou un pilier en pierre qui s’écroule face à l’intensité des combats. Il y avait là aussi moyen de beaucoup mieux faire, surtout avec l’utilisation de l’Unreal Engine 4. Sur la partie sonore, le titre reprend tous les thèmes de l’anime de 2020, avec la possibilité d’opter pour les voix originales japonaises ou les voix anglaises.
+
- Scénario épique
- Adaptation ultra fidèle à l'anime
- Gameplay réactif et nerveux
- Difficulté bien progressive
- Beaucoup de fan-service
- Musiques et voix japonaises originales
-
- Equilibre discutable entre scénario et combats
- Seulement la première moitié de l'histoire
- Système de farm redondant
- Décors un peu vides