Test : The Invincible sur Xbox Series X|S
C'est beau mais c'est loin
Avant d’être un jeu, The Invincible c’est avant tout un roman écrit par Stanislaw Lem, publié en 1964. Une période où la science-fiction était évidemment perçue d’une façon bien différente par rapport à aujourd’hui, et il suffit de voir quelques images de la série Star Trek de 1966 pour s’en convaincre. Les auteurs de cette époque imaginaient alors de petites équipes de scientifiques amenées à parcourir l’univers pour découvrir de nouvelles ressources et formes de vie extraterrestre. C’est grosso modo le contexte proposé par le jeu de Starward Industries, puisque The Invincible nous met dans la peau d’une chercheuse nommée Yasna, qui se réveille sur une planète lointaine sans se souvenir de la façon dont elle y est arrivée. Pour espérer se sortir de cette galère, et après avoir exploité quelques documents à proximité, le joueur est alors chargé de retrouver le reste de l’équipage de savants qui ont fait le voyage avec elle. Une histoire qui fait en réalité office de préquelle au récit paru dans les années 60.
Dans les faits, The Invincible prend la forme d’un walking-simulator très classique, jouable en vue à la première personne, avec une narration dirigiste qui laisse finalement très peu de liberté au joueur. Les objectifs s’enchainent naturellement à mesure que l’on avance au milieu des décors désertiques, et néanmoins splendides, de Régis III. Une planète inconnue qui laisse entrevoir tout de même différent environnements avec ses dunes, ses grottes et d’autres particularités qui font le charme du titre de Starward Industries. Le jeu des développeurs polonais invite clairement au voyage et il n’est pas rare de s’arrêter en chemin pour prendre quelques clichés dans le but d’immortaliser certains panoramas. Un mode photo est d’ailleurs disponible pour ceux qui souhaitent pousser un peu plus encore l’expérience contemplative, avec à peu près toutes les options proposées habituellement sur ce genre d’outil.
De quoi suspendre un peu le temps durant la mission menée par Yasna. A la recherche de son équipage, notre scientifique doit alors mener une sorte d’enquête, bientôt rejointe par l’aide de Novik, un partenaire de route qui communique par transmission radio. Même si l’aventure prend une dimension solitaire, la présence de cette voix se révèle indispensable, autant pour éviter le sentiment de solitude que pour faire avancer l’intrigue grâce aux échanges entre nos deux protagonistes qui tentent de percer les nombreux mystères que recèle cette planète. On va d’ailleurs de découvertes en découvertes, et cela tranquillement puisque le titre se veut très grand public, et pas du tout horrifique contrairement à pas mal de jeux du genre. On lui reproche d’ailleurs d’être trop timide dans l’ensemble, avec finalement peu de moments de tension capables de marquer les esprits. Les développeurs ne parviennent pas non plus à mettre en valeur certains équipements de Yasna, avec des détecteurs peu utilisés, et un journal de bord qui manque de clarté. La plupart du temps, on se contente de sélectionner un objet d’intérêt sans jamais devoir l’examiner en profondeur, ou résoudre des énigmes. Globalement, The Invincible propose un rythme un peu trop sage, au point de flirter parfois avec l’ennui.
La faute également à une narration pas toujours bien amenée, entre des dialogues qui donnent parfois l’impression que le joueur n’a pas saisi toute l’importance des événements, ou qui viennent s’afficher dans des périodes peu propices à la lecture. En ce sens, The Invincible aurait certainement gagné à bénéficier d’un doublage en français pour ne pas avoir à choisir entre lire les sous-titres et continuer d’avancer. D’autant que de nombreux choix viennent agrémenter la mission de Yasna. Un peu à l’image d’un jeu Telltale, la majorité des réponses à formuler doivent se faire dans un temps limité, et ont une véritable incidence sur certaines séquences. De quoi offrir une excellente rejouabilité pour ceux qui chercheront à découvrir tous les petits embranchements scénaristiques imaginés par le studio. Afin de s’émanciper un peu de l’aspect narratif omniprésent, le titre propose quelques passages différents, avec notamment la conduite d’un rover. Même si le gameplay est tout à fait correct lors de ces phases, là aussi les échanges entre Yasna et Novik sse superposent à une séquence qui demande un minimum de concentration et rendent ainsi des informations parfois complexes à déchiffrer.
Techniquement, on l’a dit, The Invincible propose des environnements très soignés, qui donnent vraiment l’impression de visiter une autre planète. Les quelques visages croisés durant le périple ne bénéficient malheureusement pas d’un rendu à la hauteur du reste. On note également un raté complet concernant certaines ombres, totalement hachées et aux mouvements étranges, tandis qu’un peu de clipping et un retard dans l’affichage de certaines textures viennent gâcher l’atmosphère générale par moment. Pour le côté réaliste, les développeurs ont bien pensé à laisser les empreintes de pas de Yasna dans le sable, tout en oubliant les traces laissées par le rover par contre. Les décors sont en revanche bien réalisés et tout à fait dans l’ambiance dystopique avec des équipements sophistiqués qui cochent toutes les cases du kitsch. Concernant la partie sonore, nous avons eu droit à un bug à bord du rover franchement désagréable, avec le son des roues sur le sable qui se transforment en feuille de papier que l’on vient déchirer dans le creux de votre oreille. On imagine qu’un patch viendra corriger ce petit souci. Pas grand chose à dire en revanche sur les thèmes musicaux, ni en bien, ni en mal, avec le regret que cela soit justement un peu trop neutre à notre goût.
+
- Pas mal de rebondissements
- Certains panoramas magnifiques
- Différents choix, et une bonne rejouabilité
-
- Narration peu soignée
- Manque de rythme
- Zéro énigme
- Ombres franchement râtées
- Du clipping et des bugs de son