Test : La Terre du Milieu : L'Ombre du Mordor sur Xbox One
Au contraire de bon nombre des précédentes adaptations, les développeurs de Monolith n’ont pas repris les personnages cultes de la trilogie de Tolkien qui sont tous aux abonnés absents (à l’exception de celui qui débite non-stop « mon précieux » ou encore « Gollum, Gollum »). En effet, ceux-ci ont eu la bonne idée de repartir d’une feuille blanche, imaginant ainsi le funeste destin d’un rôdeur et de sa famille, décimée par des serviteurs du mal alors qu’il gardait la Porte Noire, tombée aux mains de l’ennemi. L’Ombre du Mordor est ainsi un prélude aux événements que l’on connaît tous avec un Sauron qui regagne petit à petit sa puissance et menace de nouveau le Gondor et toute la Terre du Milieu…
Malheureusement pour Talion, celui-ci sera le principal témoin du bouleversement qui se prépare, puisque, victime d’une malédiction, sa mortalité lui a été ôtée. Une malédiction qu’il partage avec un spectre elfe – qui a pris possession de son propre corps – qui va l’aider dans sa quête de vengeance en apportant ses pouvoirs spectraux. Tout cela pour retrouver sa chère famille dans l’au-delà. Un point de départ inédit et donc intéressant pour les amoureux de la franchise car cela leur permet de découvrir l’univers qu’ils chérissent sous un autre angle, en évitant un sentiment de déjà-vu.
« L’Ombre du Mordor est ainsi un prélude aux événements que l’on connaît tous avec un Sauron qui regagne petit à petit sa puissance et menace de nouveau le Gondor et toute la Terre du Milieu… »
L’absence de mortalité pour Talion est clairement l’élément central du gameplay de L’Ombre du Mordor puisqu’il introduit le fameux système Nemesis tant vanté par les développeurs. Qu’est-ce donc ? Tout d’abord, sachez que l’organisation militaire Orque fonctionne comme dans un échiquier : les capitaines obéissent aux ordres de leurs supérieurs et les protègent. Mais dans cette région tourmentée qu’est le Mordor, nombreux sont les Orques qui veulent bien se faire voir et grimper dans la hiérarchie quitte à attaquer d’autres capitaines ou même leurs supérieurs. Sachant que les actions de Talion seront, au fil de sa progression, connues dans toute la région, chaque Orque qui tuera notre héros deviendra automatiquement un capitaine et gagnera progressivement de la puissance. Autant dire qu’un simple uruk-hai qui vous achève plusieurs fois de suite deviendra au fil et à mesure plus puissant, grimpera dans l’échiquier et sera de mieux en mieux protégé. Ce système Nemesis permet à n’importe quel troufion que l’on rencontre dans le jeu d’avoir sa propre personnalité, et de devenir même un chef de guerre, capable de se souvenir d’avoir déjà tué Talion. Un système cohérent et surtout motivant pour le joueur qui va chercher à se venger de la brute qui avait réussi à le mettre à terre, et qui évite de revenir constamment au dernier point de sauvegarde en cas d’échec.
Si le système Nemesis apporte sa dose d’originalité, on ne peut pas en dire autant pour les autres facettes du jeu. En effet, Monolith Games a clairement pioché dans ce qui se fait de mieux dans le domaine action-aventure (Batman : Arkham, Far Cry et Assassin’s Creed) dans de nombreux domaines. Ainsi Talion est capable de grimper sur n’importe quel bâtiment avec une aisance folle tout en gardant les mêmes difficultés à redescendre en douceur, à moins de se servir du saut de l’ange (sans avoir besoin de meule de foin, immortalité oblige). Il peut aussi se battre contre une foule d’ennemis avec la possibilité de parer les attaques (avec un indicateur) ainsi qu’améliorer ses pouvoirs et aptitudes tel un Batman des temps de Tolkien. Si le plagiat est plus que visible, il n’est pas possible de dire que L’Ombre du Mordor en souffre car ces différentes facettes sont des plus réussies. Les combats sont, par exemple, particulièrement dynamiques et jouissifs avec des têtes de gobelins ou d’uruk-hai qui volent au ralenti. De même que semer la panique dans une forteresse en attirant des caragors (des sortes de ouargues créés pour les besoins du jeu) ou des mouches de Morgal est, à l’instar d’un Far Cry, particulièrement efficace pour avancer sans se faire remarquer.
« Si le plagiat est plus que visible, il n’est pas possible de dire que L’Ombre du Mordor en souffre car ces différentes facettes sont des plus réussies. Les combats sont, par exemple, particulièrement dynamiques et jouissifs avec des têtes de gobelins ou d’uruk-hai qui volent au ralenti »
La discrétion est justement l’un des éléments essentiels du gameplay puisqu’elle possède une touche qui lui est dédiée. Talion pourra s’accroupir pour avancer silencieusement en pressant RT, ce qui permettra de s’infiltrer dans les rangs ennemis presque sans être vu afin d’éliminer les gardes isolés et faire le ménage. Il est, malgré tout, très regrettable de constater que l’I.A. des orques se situe vraiment au ras des pâquerettes. À moins de ne pas voir que nous allons tomber face à face avec un ennemi (ce qui est particulièrement improbable si on se sert en amont de la vision spectrale, qui est l’équivalent de la vision d’aigle d’Assassin’s Creed ou de la vision détective de Batman : Arkham), il est tout à fait aisé de sprinter à quelques mètres d’ennemis pourtant en « alerte » (icône jaune) mais qui nous ignorent une fois suffisamment à distance. Si par hasard, vous vous faites repérer (icône rouge), il suffit d’atteindre un rebord, à l’abri des regards, pour que vos ennemis retournent vaquer à leurs activités. Un phénomène qui touche la grande majorité des jeux du genre mais qui est plus important dans l’Ombre du Mordor.
Si l’infiltration est plus qu’imparfaite, elle reste essentielle notamment au début du jeu puisque Talion aura bien du mal à se défaire des hordes d’orques qui déferleront de partout pour l’aider à passer (encore) de vie à trépas. Heureusement, notre héros mort-vivant pourra progresser et obtenir progressivement des attributs et autres compétences qui lui permettront de se défendre face à ces peaux vertes. En effet, en accomplissant des sous-missions ou en progressant dans l’histoire, Talion pourra, par exemple, obtenir la capacité très utile de sauter – en assommant au passage – par-dessus un ennemi, d’achever plus rapidement les adversaires étourdis, etc. Sans oublier qu’à un moment de l’histoire, Talion aura le pouvoir de forcer – en les hypnotisant – ses adversaires à se ranger de son côté. Un pouvoir des plus efficaces puisque vous aurez ainsi la possibilité de semer la zizanie au sein des rangs ennemis mais aussi sur l’échiquier. En effet, en rangeant un capitaine à vos côtés, il vous sera possible de le convaincre de s’attaquer à un autre ou même au chef de guerre dont il doit, en théorie, obéissance. Voir deux groupes de dizaines d’orques se massacrer entre eux est, notamment, particulièrement jouissif.
« Au bout d’un moment, le système Nemesis arrive à ses limites en nous facilitant un peu trop la tâche. Cela en sachant que Talion devient lui aussi de plus en plus puissant. Ce qui fait qu’au bout d’un moment, les combats commencent à perdre de leur saveur puisque la difficulté (assez importante au début du jeu) ne suit pas »
Malheureusement, l’Ombre du Mordor est très répétitif à l’instar du premier Assassin’s Creed et surtout du très sympathique Viking : Battle for Asagard. Certes, les sous-missions sont en nombre et globalement assez variées mais le cœur du jeu reste le même du début à la fin : il faut trucider, trucider et encore trucider des orques par dizaines. Au bout d’un moment, le système Nemesis arrive à ses limites en nous facilitant un peu trop la tâche. Cela en sachant que Talion devient lui aussi de plus en plus puissant. Ce qui fait qu’au bout d’un moment, les combats commencent à perdre de leur saveur puisque la difficulté (assez importante au début du jeu) ne suit pas. Certes, les capitaines qui nous tuent gagnent en force mais ils ne pourront pas faire grand-chose contre Talion et ses nouveaux pouvoirs. Il est également regrettable de remarquer l’absence de profondeur dans les rangs ennemis ou au niveau du bestiaire (avec les seuls caragors et graugs, voire les goules) où nous restons loin des possibilités que nous offre la franchise. Même remarque pour les environnements qui sont scindés en deux cartes : l’une qui propose un territoire dévasté vide de toute flore et rempli d’orques (Udün) et l’autre qui est bien plus florissante mais toute aussi remplie d’orques (Mer de Núrnen). Si le jeu est plutôt très joli graphiquement pour un titre cross-gen avec notamment des personnages très détaillés (même si Talion manque singulièrement de gueule), on ne peut pas en dire autant des environnements qui sont globalement assez génériques. Impossible, par exemple, de se situer sur la carte en un seul coup d’œil.
+
- Joli travail sur les personnages et leurs animations
- Plutôt joli quand même !
- Les combats très dynamiques
- L’arbre de compétences plutôt complet
- Un scénario et des personnages secondaires intéressants
- Le système Nemesis et l’immortalité de Talion…
-
- … Les limites du système au bout d’un moment
- Talion ne ressemble pas à grand-chose
- Où sont les ouargues ? Les araignées ? Les trolls ?
- Des environnements trop génériques
- La difficulté qui n’évolue pas
- Un peu trop répétitif quand même…