Jeux

Le Parrain

Action/Aventure | Edité par Electronic Arts

4/10
360 : 24 March 2006
11.04.2006 à 15h16 par |Source : http://www.xbox-mag.net

Test : Le Parrain sur Xbox

Grand habitué des conversions vidéoludiques tirées de films à succès, Electronic Arts remet le couvert avec Le Parrain, une des sagas les plus fantastiques jamais vues au cinoche. Un boulot pas si facile, étant donné la complexité du scénario original et la multitude de personnages finalement tous aussi principaux les uns que les autres. Et quand le seul « héros » envisageable prend la poudre d’escampettes pour aller siffler quelques daiquiris dans la peau de Tony Montana, le job prend des allures de mission improbable. Un casse-tête sicilien que le studio se propose de résoudre à grands coups de poudre aux yeux. Suffisant pour que la magie opère ?

Au bonheur des scénaristes

L’adaptation. Un mot habituellement réservé au monde du cinéma, souvent contraint de modifier la trame originale d’un bouquin pour la rendre plus visuelle, plus cohérente, plus propice à retenir un spectateur dans une salle obscure quoi. D’ordinaire, adaptations jeu vidéo se contentent de suivre plus ou moins lâchement le scénario d’un film, en prenant le point de vue du personnage principal par exemple. Anakin et Obi-Wan sarclent du robot dans le film ? Qu’il en soit de même dans le jeu ! Pour Le Parrain, un problème se pose : il n’y a, dans le film de Coppola, aucune action assez longue et effectuée par le même personnage pour justifier un statut de « héros » vidéoludique. Incarner Michael (Al Pacino), pourquoi faire ? Tuer un flic, se marier en Sicile et gérer des affaires ? Passionnant. Pour EA, il fallait donc adapter l’histoire originale pour la rendre jouable tout en captant l’essence du film, ses passages légendaires. La solution choisie, inévitablement discutable, prend la forme d’un jeune loup découvert par le Don lui-même et qui grimpe les phalanges de la Main Noire en assistant tous les membres de la famille Corleone. De l’assassinat de Paulie Gatto à celui de Sonny Corleone en passant par l’épisode hollywoodien de la tête de cheval, le personnage créé par EA assistera à tout. Parfois au détriment de l’histoire originale, souvent dans des scènes supplémentaires que le film ne montrait pas, mais toujours de manière ludique et agréable pour un joueur qui découvre des scènes d’anthologie sous un jour sacrément nouveau. Les fans hardcore hurleront peut-être, mais c’était probablement le prix à payer et le résultat final se montre plutôt convaincant.

Guerre ordinaire

Sorti de cette relecture amusante et indispensable, Le Parrain se présente comme un GTA-like relativement ordinaire puisqu’il enchaîne les phases à pieds et en voiture avec une régularité sans faille. Liberté totale, missions primaires et secondaires à gogo, promenades en bagnole, tout est là ou presque. Oubliez en effet le parachute, le vélo et les putes, qui restent l’apanage du titre de Rockstar. Mais le tout fonctionne très bien au départ, et l’on passe quelques heures bien sympathiques à racketter des magasins, péter les dents de quelques mafieux ennemis ou écouter les judicieux conseils de l’affable Clemenza. Faire grimper sa réputation, entrer dans les confidences des membres éminents de la famiglia, tout cela est bien pensé mais ne tient pas le choc très longtemps. Les magasins se ressemblent tous plus ou moins, la « démarche administrative » (le tabassage) se déroule toujours de la même façon et l’on finit vite par s’ennuyer. Heureusement, la trame principale reste intéressante malgré une durée de vie un peu légère. Le joueur mordu saura en tout cas trouver de quoi s’occuper, les défis étant nombreux et le chemin bien long avant de devenir Don.

Plein la gueule !

Plus élaboré que GTA, Le Parrain réussit là où le jeu référence faiblit et inversement. Les déplacements à pieds sont plaisants et les bastons, nerveuses comme il faut, rappellent Fight Night puisqu’il faut agiter le stick droit dans tous les sens pour envoyer pains et gaufres dans le tarin des Barzini, Stracci et autres porte-flingues ritals. La visée est elle un peu plus délicate mais on s’en sort tout de même facilement, soit en jouant du viseur (automatique ou manuel, au choix), soit en s’adossant à un mur et en canardant patiemment tous les bandits de la pièce. Un peu systématique mais rien de scandaleux. La conduite se montre en revanche plutôt délicate, les caisses des années 40 n’offrant pas toutes les garanties en matière de direction et d’amortissement. Les slaloms dans le trafic sont toujours périlleux, surtout lors de poursuites chronométrées particulièrement stressantes. On regrettera aussi la longueur extrême de certains trajets, dommage que les développeurs n’aient pas pensé à faire un système de téléportation à la Oblivion, peu crédible mais bien utile. Bref, on a vu mieux de ce côté-là. Techniquement enfin, Le Parrain ne convainc que très moyennement. Comme toujours chez EA, les cinématiques font le boulot avec des personnages superbes et un doublage au poil. La grosse pomme est en revanche un peu quelconque et peine à retranscrire l’ambiance du film, c’est balo. Le jeu comporte de nombreux intérieurs (magasins et arrière boutiques) qui se ressemblent beaucoup même si la transition se fait sans aucun temps de chargement. Un mal pour un bien, probablement. Reste que ce Parrain n’en met pas plein la vue, loin de là. La version 360, dont on n’a pas entendu parler depuis un bail, devra largement redresser la barre pour être au niveau.

Après un démarrage vraiment sympa et malgré une histoire principale agréable à suivre car bien adaptée, Le Parrain s’étouffe quelque peu, faute d’un rythme suffisamment soutenu. La structure libre à la GTA y est pour beaucoup, il y a fort à parier que le jeu aurait gagné à être plus dirigiste, moins fourre-tout. Ceci dit, l’histoire de cette petite frappe qui deviendra grande se suit sans déplaisir et les fans du film sauront probablement passer outre une réalisation un peu plate et une mécanique convenue. Loin d’être indispensable, le jeu d’EA peut être une découverte sympa, mais au rayon occasion seulement.

+

  • Le gros travail d’adaptation
  • Les cinématiques, toujours divines

-

    • Trop lassant si on veut tout faire
    • La réalisation globale un peu moyenne