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Les Chevaliers de Baphomet : Le Mansucrit de Voynich

| Edité par THQ

8/10
360 : 14 novembre 2003
01.12.2003 à 10h32 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Les Chevaliers de Baphomet : Le Mansucrit de Voynich sur Xbox

Avec l’avènement dans la seconde partie des années 90 de la 3D, le genre dit du point and click a commencé à disparaître petit à petit avant qu’un petit revival ne s’amorce cette année avec Runaway et, Tony Tough and the Night of the Roasted Moths sur PC. Seul la série des Chevaliers de Baphomet résistait encore et toujours aux sirènes de la 3D. Le troisième épisode (et apparemment dernier) qui est donc Le Manuscrit de Voynich s’est décidé à sauter le pas… Pour le meilleur, mais aussi pour le moins bon : explications.

Georges Stobbart VS les Templiers

L’histoire commence au Congo : Georges (bien connu des joueurs des deux premiers jeux) vient de réchapper d’un crash d’avion alors qu’il devait rejoindre un de ses clients, un scientifique ayant fait une découverte capitale. Celui-ci se fait descendre avant que notre héros ait pu lui porter secours et les différents indices le conduiront en Angleterre puis à Paris avec, à ses trousses des tueurs froids connus sous le nom de l’Ordre du Dragon. Pendant ce temps, à Paris, justement, nous retrouvons Nico, l’amie de Georges (elle non plus ne devrait pas être inconnue des joueurs), qui est également en train d’enquêter sur un meurtre. Il s’agit cette fois de la mort d’un jeune informaticien qui a réussi à traduire le fameux manuscrit du titre. Nico enquête, tant bien que mal, sur ce cas puisque la tueuse essaie de lui faire porter le chapeau. Bien entendu, les Templiers, ennemis récurrents de la série ne sont pas bien loin et les deux enquêtes de nos héros vont se croiser plus d’une fois…

Sans vouloir trop en révéler de l’intrigue, disons que Les Chevaliers de Baphomet – le Maunscrit de Voynich ne s’éloigne pas trop de ses prédécesseurs, en tout cas en ce qui concerne le scénario. Celui-ci est un habile mélange d’ésotérisme, de vérité historique et scientifique. Et point n’est besoin de connaître par cœur les deux premiers afin de pouvoir apprécier ce nouvel épisode. D’une part, cela ne gène en aucun cas la progression du joueur (mais les connaisseurs seront en terrain conquis et reconnaîtront personnages, indices et images au cours du jeu) et d’autre part, un compte rendu est disponible dans les menus. Ainsi, vous aurez accès à un bref résumé des Chevaliers de Baphomet et du Bouclier de Quetzalcóatl ainsi qu’à des notes explicatives sur les Templiers et les lignes telluriques (au cœur de cette aventure). C’est assez rare pour être signalé : Les Cevaliers de Baphomet est un jeu intelligent qui vous apprendra probablement des choses…

Mais qui a tué la 2D ?

La grosse nouveauté de cet opus est en effet l’abandon pur et simple de la 2D. Ceux qui suivent la série qu’ils ne sont pas modélisés parfaitement. L’aspect technique du jeu est visiblement très daté. En effet, hormis Georges et quelques autres, la plupart des personnages sont taillés à la serpe avec des gros angles tous moches et sont texturés de manière plutôt grossière. Heureusement, les décors bénéficient de plus de soin.peuvent prendre ça pour une trahison mais ne peuvent contester la réussite du passage à la 3D. Comme cela n’avait aucun sens de conserver une ergonomie point and click pour un jeu en 3D, les concepteurs de chez Revolution ont complètement revu le système de jeu et réussit le pari de faire un vrai jeu 3D avec une ergonomie proche d’un jeu 2D. Je m’explique : vous êtes libres de vous déplacer partout et n’êtes limité que par l’aire de jeu. Vous pouvez grimper à certains endroits, monter des échelles… Les caméras sont en général fixes et suivent vos déplacements (un peu à la manière d’un Resident Evil). Alors que dans un point and click, il fallait approcher son curseur de certains objets pour les utiliser, là, il vous suffit de vous approcher des objets pour qu’une petite étoile apparaisse au-dessus de ceux avec lesquels vous pourrez interagir. Les options disponibles apparaîtront alors dans les petits ronds symbolisant les boutons de la manette en bas à droite de l’écran. Le feeling du click and play est donc conservé pour le plus grand bonheur des puristes avec une vraie sensation de liberté propre à la 3D. Là où les amoureux de la 2D risquent par contre de tirer un peu plus la tête, c’est lorsqu’ils découvriront la nouvelle tête des héros et autres personnages du jeu. Si on les reconnaît sans problème au premier coup d’œil, il faut bien avouer.Autre apport de la 3D qui risque de déplaire : le "poussage de caisse" intensif. Directement inspirés d’un Tomb Raider, certains casse-têtes vous demanderont de déplacer des caisses afin d’obtenir une certaine configuration pour monter sur un mur ou encore pour libérer un passage. Non seulement ces "énigmes" sont d’une facilité déconcertante (à part une ou deux, dont la toute dernière) mais elles sont aussi très fréquentes. Ainsi, dans certains lieux, comme le château du grand méchant en Europe de l’Est, ce sera tous les deux pas ou presque. Dommage car le jeu est suffisamment rythmé pour se passer de ce genre de puzzle à deux euros… La 3D occasionnera aussi parfois quelques petites scènes d’infiltration où vous devrez éviter des gardes accompagnés de chiens et puissamment armés. Si vous vous faites repérer, vous êtes mort, tout simplement. Car Georges et Nico n’utilisent jamais d’armes (un peu comme Mac Gyver auquel une petite allusion est glissée dans le jeu). Eh oui, on n’est pas dans Splinter Cell non plus. Sans être extraordinaires, ces scènes renouvellent quelque peu l’intérêt du jeu et apportent un peu de variété.

Une 3D pas tout à fait maîtrisée

Heureusement, pour le reste, le Manuscrit de Voynich reste un digne épisode de la série. L’humour typiquement british des personnages principaux est toujours aussi mordant et il n’est pas rare de rire en entendant les apartés ou les gentilles scènes de ménage entre Georges et Nico. D’autre part, fidèlement à la série, les énigmes sont toutes sans exception d’une logique imparable. Si vous n’arrivez pas à en résoudre une, creusez-vous bien la tête : quelque chose vous échappe forcément. D’autant que la fonction "regarder" vous donne souvent de précieux indices sur les objets que vous ramassez ou que vous pouvez utiliser. Mais il faut être attentif : c’est souvent un seul mot qui provoquera le déclic et vous fera vous écrier "bon sang ! mais c’est bien sûr !". Le Manuscrit de Voynich est exactement le genre de jeu ou on bloque pendant deux heures sur un passage avant d’avoir l’illumination et de résoudre l’énigme qui vous posait problème tout en se maudissant de n’y avoir pas pensé plus tôt. Certains passages que l’on pourrait qualifier de scènes d’action viennent se greffer aux cinématiques. Dans ces passages, très courts soit dit en passant, il faudra réagir vite et ne pas se tromper. Vous aurez un court instant pour, par exemple, désarmer un adversaire avant que celui-ci ne vous mette une balle entre les deux yeux. Ces passages rappellent furieusement les Quick Time Event de Shenmue, le bruit strident et la grosse flèche qui clignote au milieu de l’écran en moins. Réagissez une demi seconde trop tard et la sanction est immédiate : la mort. Mais heureusement, elle n’est pas sans appel : comme dans un Shenmue, en cas d’échec, le passage se relance tout seul et vous pouvez vous y réessayer. Pour finir, abordons les deux points les plus fâcheux du jeu, eux aussi conséquences directes de l’utilisation de la 3D (et d’une mauvaise programmation…) Premièrement, les chargements, crispants. Ils sont horriblement lents (une trentaine de secondes pour les plus longs) et malheureusement beaucoup trop fréquents. Ils interviennent en moyenne toutes les 5 minutes de jeu (j’ai fait le calcul : dans un passage dont je connaissais toutes les étapes, ils intervenaient toutes les 2 minutes !). Nous voilà renvoyés directement à l’époque de l’Amstrad 464 à cassette. Quand vous avez une énigme qui se résout dans deux pièces différentes et que le temps de chargement entre ces deux pièces est de 20 secondes, vous allez vite désespérer de devoir faire des allez retours… Deuxièmement, il est clair que les programmeurs de Revolution ne maîtrisent pas encore la 3D. En effet, les bugs sont assez fréquents : sautes dans l’animation des personnages, pistolet qui disparaît lors d’une cinématique alors que le personnage continue de bouger comme si de rien n’était, fins de phrases qui sautent, personnage qui disparaît et réapparaît sans arrêt. Alors, certes, ils ne sont pas rédhibitoires et l’on peut jouer malgré tout mais ces bugs nous font sans cesse sortir du jeu…

Les Chevaliers de Baphomet est un excellent jeu qui flatte, une fois n’est pas coutume, beaucoup plus le cerveau du joueur que ses yeux. Il n’est effectivement pas très beau (ou alors selon les standards de 1999) mais, surtout, les nombreux bugs gâchent pas mal le plaisir de jeu. Heureusement, l’histoire est si bien ficelée que l’on brûle de connaître le dénouement (enfin, ça m’a fait cet effet). Un jeu en demi-teinte donc mais qui devrait séduire les amateurs d’aventure pure.

+

    -

      • Un peu trop datés pour éblouir les joueurs actuels mais ils conservent malgré tout un certain charme.
      • Intelligemment dérivée de l'antique système du point and click, la jouabilité est particulièrement agréable : on ne s'y reprend jamais à deux fois pour effectuer une action.
      • Un excellent jeu qui vous tiendra en haleine un petit moment de par ses énigmes tordues mais à la rejouabilité assez faible quand même.
      • Les musiques se font discrètes mais toujours agréables quand elles surviennent. Les fins de phrases sautent par contre beaucoup trop souvent...
      • Un scénario riche qui part sur des bases bien réelles pour dévier sur la fin. Haletant, plein de suspense, bourré d'humour noir... Excellent quoi !
      • Un jeu intelligent qui ne brille malheureusement pas par sa technique. Si vous êtes capables d'apprécier un jeu sans accorder à cette dernière trop d'importance, alors foncez : des jeux d'aventure comme celui-ci, il n'y en a pas beaucoup !
      • Les animations des personnages sont franchement raides et on a bien envie de leur retirer le balai qu'ils ont dans le derrière. Pour le reste, pas de ralentissements... heureusement !