Test : Like a Dragon: Infinite Wealth sur Xbox Series X|S
Like a Grand Jeu
Voilà trois ans que Ichiban et ses amis ont réussi à déjouer les ambitions du jeune maître. Trois ans de calme, pour réapprendre à vivre dans un monde où les yakuzas n’existent plus, ou presque, suite à la Grande Dissolution qui a marqué la fin de l’Alliance Omi et du Clan Tojo. Il a donc fallu se réinsérer, et c’est en tant que conseiller Pôle Emploi que notre héros a retrouvé une vie normale, à Yokohama. C’est peu de dire que Like a Dragon: Infinite Wealth prend le temps de poser les bases, avec la possibilité de lancer un très (trop) court récapitulatif des événements qui se sont déroulés dans le précédent épisode, et cette volonté des développeurs de nous ramener dans un monde particulièrement calme, à suivre le quotidien d’un citoyen comme les autres ou presque finalement. Après deux chapitres particulièrement poussifs, durant lesquels on découvre une nouvelle facette de notre protagoniste candide, le titre nous fait décoller pour Honolulu, capitale de l’Etat d’Hawaï, où les choses sérieuses vont enfin pouvoir débuter.
Une sortie hors des frontières japonaises inédite pour Ichiban, mais également pour les joueurs qui peuvent quitter pour la première fois l’archipel nippon dans un jeu tiré de la franchise Yakuza / Like a Dragon. Un voyage dépaysant assurément, même s’il rappellera les paysages ensoleillés d’Okinawa parcourus dans Yakuza 3. La plage, les palmiers, et les chemises à fleurs, tout est fait pour nous transporter rapidement dans cette ambiance baignée de lumière qui va rapidement montrer son côté sombre. Car évidemment, la mission d’Ichiban n’est pas de tout repos et sa faculté à attirer de gros vilains aux airs patibulaires n’est semble-t-il pas exclusive au Pays du Soleil Levant. Comme pour les précédents épisodes de la franchise, on se retrouve en réalité dans une ville redessinée pour l’occasion, inspirée par la plus grande ville de l’archipel d’Hawaï sans en proposer une réplique fidèle, loin de là. Même le quartier de Little Tokyo est renommé ici en Little Japan, tandis que les hôtels et autres centres commerciaux sont purement fictifs, bien qu’inspiré du luxe et de la démesure de la capitale du cinquantième état des Etats-Unis.
Plus grande que celle de Yokohama, la carte d’Honolulu est très agréable à parcourir, de jour comme de nuit, au soleil ou sous la pluie. Comme dans les précédents épisodes, le système de taxis est de retour, avec la possibilité cette fois-ci de se téléporter de n’importe où, sans être dans l’obligation d’aller taper la causette avec un chauffeur au préalable. Compte tenu de la taille de la carte, c’est pratique, en sachant qu’on ne peut effectuer un déplacement rapide que dans les zones déjà explorées. Pour accélérer un peu les déplacements à pied, une mission annexe permet de débloquer le Street Surfer, un gyropode électrique qu’il faut recharger de temps en temps sur une borne dédiée, moyennant quelques dollars. Il faut alors composer avec la circulation en évitant de se faire renverser par les voitures et ainsi perdre de précieux points de vie. Même si l’attraction principale reste évidemment Honolulu, le scénario permet tout de même de se déplacer librement vers le quartier Ijincho de Yokohama et l’incontournable Kamurocho à partir d’un certain moment de l’histoire.
Like a Dragon: Infinite Wealth reprend son principe de JRPG au tour par tour, après l’avoir introduit dans le septième épisode. Contrairement aux premiers épisodes de la saga, Ichiban dispose donc de points de vie qui grimpe à force de gagner des niveaux, tout comme les coéquipiers qui l’accompagnent. Même si on retrouve une partie des acolytes de Yakuza 7, le titre propose de découvrir de nouvelles têtes, auxquelles on s’attache terriblement vite. Comme dans le précédent volet, c’est une équipe de quatre personnages maximum que l’on dirige, en incluant obligatoirement Ichiban. Les affrontements se lancent au gré des rencontres dans la rue, avec des ennemis identifiés par un icone rouge au-dessus de leur tête. Un repère qui permet d’aller les défier ou de les éviter selon l’envie du moment. A noter également que des icones bleus et violets peuvent apparaitre, signifiant un combat facile pour le premier, avec la possibilité de passer en mode «Annihilation» pour en venir à bout en quelques secondes, et une bataille âpre (pour ne pas dire perdue d’avance) pour le second. De quoi offrir plusieurs options aux joueurs pour augmenter les niveaux de nos héros.
Car, bien évidemment, votre réussite et votre progression dans l’histoire principale passe par une bonne préparation. En l’absence de niveau de difficulté, il faut donc avoir plus ou moins recours au leveling pour s’en sortir sans trop de bobos. De temps en temps, le jeu vous indique d’ailleurs le niveau minimum conseillé (persos et armes) pour ne pas se retrouver face à un adversaire trop puissant pour le groupe. Les donjons sont également de retour et même si leur level-design se veut affreusement basique, ils rendent bien service quand il s’agit d’obtenir des items intéressants ou pour gagner des niveaux rapidement. Bien plus qu’un simple jeu de rôle au tour par tour, Infinite Wealth parvient une fois de plus à proposer des combats dynamiques et haletants à l’aide de petites options qui font toute la différence.
Ce nouveau titre va même un peu plus loin encore, et permet cette fois-ci au joueur de se déplacer dans un rayon de deux ou trois mètres pour adapter sa position à l’ennemi. Pourquoi ? Car il est désormais possible de réaliser des combos en projetant un adversaire sur un de ses partenaires de crime (et le blesser au passage), ou sur un membre de notre groupe qui se fera un plaisir de le cueillir. Un principe emprunté aux Tactic-RPG, et qui offre une nouvelle dimension à ces combats. A mesure du temps, nos compagnons de route gagnent en puissance et en attaques spéciales, à utiliser via une barre de «magie», tandis que l’utilisation du mobilier urbain rappelle les grandes heures de la franchise.
Les invocations, elles aussi, sont de retour, et apportent toujours un côté décalé humoristique très appréciable avec des interventions complètement loufoques. Plusieurs jobs inédits font leur apparition, et permettent d’apporter un peu plus de profondeur encore, avec la possibilité de transformer Ichiban en star de film d’action adepte du nunchaku, ou Nanba en pyro-danseur capable de jongler avec des torches enflammées. C’est souvent bien trouvé, avec une envie presque irrépressible d’essayer chacun des jobs juste pour le plaisir de découvrir chaque attaque spéciale, et finir avec ceux qui nous font le plus marrer, souvent au détriment de l’efficacité.
Peu de nouveautés donc, mais suffisamment pour ne pas avoir l’impression d’être face à une simple copie de précédent épisode. C’est à peu près le même constat quand on commence à se pencher sur les mini-jeux, distillés intelligemment, au fur et à mesure, dans le déroulé de l’intrigue principale. On retrouve les incontournables, comme le karaoke, le golf, le base-ball, le shogi et les fléchettes, tandis que des activités apparues dans Yakuza 7 font également leur retour comme l’école professionnelle et ses questionnaires à choix multiples concernant des sujets variés, ou le ramassage de canettes façon Pac-Man. La salle d’arcade propose quant à elle des jeux tirés du Model 3 de Sega avec SpikeOut, Sega Bass Fishing et Virtua Fighter 3tb. En toute honnêteté, on n’aurait pas été contre un petit Virtua Striker 2 Version ’98 ou un Ski Champ pour compléter.
Mais il n’y a clairement pas de quoi se plaindre compte tenu de la variété des mini-jeux présents dans ce Like a Dragon: Infinite Wealth. Du plus classique, avec le rallye photo qui vous demande d’immortaliser des lieux iconiques de la ville, au plus farfelue avec le Crazy Eats, une sorte de Crazy Taxi reconverti en livreur Uber Eats ou le tramway qui demande de prendre en photo des dingues qui font la danse du slip. Intégré un peu comme un fil rouge dans le jeu, le combat de Sugimon vous demande de recruter des ennemis pour les faire combattre dans des arènes à la manière d’un jeu Pokémon. C’est assez addictif et cela change des traditionnels combats au Colisée. Mieux encore, l’île Dodonko s’apparente à un jeu de gestion dans lequel vous devez reconstruire une île pour attirer les touristes. Se débarrasser des déchets et crafter des meubles devient alors un challenge d’envergure, et un vrai jeu dans le jeu quoique assez répétitif à la longue.
Sur l’aspect social, on sent la volonté des développeurs de laisser tomber l’ancien monde et ses bars à hôtesses pour des relations plus modernes, et donc qui passent par les sites des rencontres et les réseaux sociaux. Le mini-jeu Miss Match permet d’établir un profil pour entamer des discussions avec des filles de la région. S’adapter au goût de l’autre et taper rapidement sur son clavier permet alors de développer une romance éphémère, qui se termine parfois sur une séquence en live-action. Saluer les passants dans la rue permet en revanche d’alimenter son réseau social et devenir ami avec 200 personnes (ou animaux). De quoi faire grimper les jauges de charisme, gentillesse, style ou confiance en soi d’Ichiban, ce qui permet de déclencher des séquences inédites avec certains PNJ. En prenant soin de développer ses affinités avec nos coéquipiers, on peut également déclencher des séquences «verre de l’amitié» et améliorer ainsi leurs compétences de combat, comme c’était déjà le cas dans le précédent épisode. Là encore, il s’agit de petites choses, mais qui contribuent à offrir une excellente profondeur au titre.
Globalement, tous ces petites choses mises bout à bout renforcent le contraste entre les tâches du quotidien, totalement banales si elles n’étaient pas agrémentées d’une petite pointe d’humour bienvenue, et l’histoire principale. Comme à leur habitude, les développeurs de Ryu Ga Gotoku Studios nous servent une narration intense qui s’inscrit dans un univers particulièrement puissant. La qualité du détail de certains visages est impressionnante et donne l’impression par moment de participer à un véritable film de gangsters, où seules quelques animations maladroites nous rappellent qu’il ne s’agit que d’un jeu vidéo. Le Dragon Engine montre parfois quelques limites, mais globalement le titre est très agréable à l’oeil, tandis que la mise en scène est maitrisée. Bien entendu, le fait que les textes soient intégralement traduits en français (voix en anglais ou japonais en revanche) est une excellente chose, et contribue forcément au plaisir de suivre les péripéties de notre héros naïf au grand cœur, et cela durant une bonne cinquantaine d’heures dans notre cas. Like a Dragon: Infinite Wealth se permet également une petite pointe de fan-service, que l’on aurait aimé un poil plus poussée d’ailleurs, avec pour but de terminer la transition entamée par la franchise lors de l’épisode précédent.
+
- Contenu immense
- Ecriture toujours au top
- Rythme parfait
- Visages très détaillés et expressifs
- Mini-jeux excellents
- Entièrement sous-titré en français
-
- Assez long à démarrer
- Quelques animations en dessous du reste