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Like a Dragon: Ishin

Action | Edité par Sega | Développé par Ryu Ga Gotoku Studio

9/10
One : 21 février 2023 Series X/S : 21 février 2023
17.02.2023 à 16h40 par - Rédacteur en Chef

Test : Like a Dragon: Ishin sur Xbox Series X|S

Dernière danse à Kyo

Il aura donc fallu attendre 2020, soit plus de 15 ans après le début de la franchise, pour voir débarquer la série Yakuza sur Xbox. Une attente rapidement compensée avec la disponibilité de l'ensemble des épisodes canoniques en moins de deux ans, et sur le Xbox Game Pass. Mais il manquait encore Yakuza: Ishin, un titre sorti sur PlayStation 3 et 4 en 2014 et qui n'est sorti qu'au Japon. Une erreur désormais rectifiée avec un remake nommé Like a Dragon: Ishin, et la sensation d'enfin pouvoir mettre la main sur l'un des meilleurs épisodes de la franchise.

Ryoma Sakamoto est de retour à Tosa, une ville qu’il avait quitté pour se rendre à Edo, renommée en Tokyo depuis. A peine le pied posé sur sa terre natale, il découvre le système hiérarchique mis en place et l’impunité des Joshi, des samurais sans foi ni loi qui font régner la terreur dans cette petite ville située dans la province de Kochi. A la suite d’un événement inattendu, notre héros doit quitter une seconde fois sa ville de coeur et se retrouve à Kyo, alors capitale du Japon. Une nouvelle vie pour Ryoma, et une enquête qui démarre avec la volonté de retrouver un homme pour une histoire qui s’étale sur 14 chapitres. Pas de doute, le talent des scénaristes de Ryu Ga Gotoku Studios est une nouvelle fois à l’œuvre pour une écriture absolument parfaite.

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Comme à son habitude, le studio japonais nous offre des lignes de dialogues de grande qualité, des situations politiques qui n’ont rien à envier aux familles de yakuzas et un bon lot de rebondissements à suivre durant une bonne trentaine d’heures de jeu. A l’image des derniers épisodes de la série et de la franchise Judgment, l’intégralité des textes est en français ce qui permet de profiter au maximum du scénario sans la crainte de passer au travers de petites subtilités. Concrètement, Like a Dragon: Ishin se vit comme un bon film, avec quelques moments épiques et une galerie de personnages assez énorme. A ce sujet, les habitués de la franchise reconnaitront sans mal les visages de personnages déjà croisés dans d’autres épisodes, avec bien entendu Kiryu dans le rôle de Ryoma, mais également Majima, Saejima, Akiyama, Haruka et même des personnages issus de Yakuza 7 comme Adachi ou Zhao qui ont remplacé des acteurs du jeu d’origine. Une initiative qui ne gène en rien l’immersion de l’ensemble et qui permet même de s’attacher rapidement à certains personnages.

En dehors de la période historique «inédite» pour la franchise, on retrouve à peu près tout le sel de ce qui a fait le succès des autres titres. On se retrouve ainsi à vagabonder au gré des envies dans plusieurs quartiers de Kyo, une sorte de Kamurocho du XIXème siècle. Partir à la découverte des petites ruelles de l’ancienne capitale du Japon revient à découvrir une nouvelle ville comme ce fût le cas avec Onomishi dans Yakuza 6 ou avec Yokohama dans le septième épisode pour ne citer que les plus récents. La taille de la ville est tout à fait correcte avec un service de palanquins qui fait office de taxis, et permet de se déplacer rapidement d’un point à l’autre pour éviter les (nombreux) allers/retours. Petit clin d’œil, on retrouve même le célèbre magasin général Don Quijote, toujours prompt à nous vendre tout et surtout n’importe quoi.

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Mais les rues sont évidemment aussi l’endroit approprié pour faire de mauvaises rencontres. Véritable aimant à ennuis, Ryoma croise régulièrement la route de bandits et de hors-la-loi qui cherchent à en découdre. Et pour cela, Ryoma dispose de plusieurs atouts pour un total de quatre styles de combat différents. On retrouve le style bagarreur, un classique de la série qui permet à notre héros d’utiliser la force de ses poings, d’attraper un adversaire pour le jeter contre un mur ou de fracasser les ennemis avec le mobilier urbain. Les trois autres styles sont bien plus originaux puisqu’en bon samourai qu’il est, Ryoma possède un katana et n’hésite pas à montrer ses talents de bretteur. Et ce n’est pas tout puisqu’il sait également se servir d’un revolver, à utiliser en style tireur tandis que la combinaison de ces deux armes le transforme en danseur endiablé, et accessoirement en maître de l’esquive. Il est possible de passer d’un style à l’autre très simplement à l’aide du bouton multidirectionnel, avec un arbre de compétences dédié pour chacun. Les situations sont suffisamment variées pour obliger le joueur à changer régulièrement de style, avec la nécessité de trouver la bonne formule, notamment face à des boss souvent bien retors en mode Difficile.

On y ajoute la présence d’un nouveau système avec les cartes à jouer qui viennent offrir un peu plus de profondeur encore au gameplay. A débloquer après avoir terminé quelques chapitres de l’histoire principale, ces cartes représentent des soldats aux capacités diverses qui viennent s’ajouter à la panoplie de compétences propres de Ryoma. Associées à chacun des quatre styles, ces cartes peuvent aussi bien remplir la barre de santé du héros, augmenter sa puissance de façon temporaire ou déclencher une magie capable de terrasser un ou plusieurs adversaires. Une nouveauté appréciables qui offre un petit côté stratégie aux combats. Chaque carte dispose d’une jauge qui se remplit à mesure des combats menés par notre samurai, ce qui oblige le joueur à bien gérer leur utilisation. Toujours dans l’idée de monter en puissance, il est également possible d’améliorer ses armes à la forge en échange d’un nombre conséquent de matériaux et d’argent. Le meilleur moyen de récupérer cartes, éléments et armes reste les missions d’expédition dans des sortes de donjons remplis de bandits. On regrette tout de même que ces missions se déroulent toujours dans les mêmes couloirs ternes et peu engageants.

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Mais c’est à peu près le seul reproche à faire à ce Like a Dragon: Ishin. L’aventure se vit au rythme du joueur avec la possibilité d’enchainer les chapitres sans détours (mais à condition d’être en mode facile), ou de prendre le temps de flâner, de participer à un des nombreux mini-jeux disponibles ou de résoudre des quêtes annexes. Dans tous les cas, le jeu se montre d’une très grande générosité. Avec ce contexte historique particulier on aurait pu penser que l’intérêt des mini-jeux ne soit pas à la hauteur de la franchise, et pourtant les développeurs de Ryu Ga Gotoku Studios sont parvenus à rendre une copie très propre de ce côté avec du fendage de bûches, de la destruction de boulets de canon façon base-ball et ball-trap, le restaurant de udon et même du karaoke et de la danse en guise de jeux de ryhtme. C’est encore plus dense concernant les quêtes annexes avec plus de 70 petites histoires, dont une grande majorité sont dignes d’intérêt, et quelques unes parviennent à nous décrocher de francs sourires. A noter la présence d’une partie «simulation de vie» légère avec la possibilité de cuisiner et de cultiver pour ensuite vendre le fruit de sa production.

Pour la première fois dans l’histoire de la série, Like a Dragon: Ishin a été réalisé avec le moteur graphique Unreal Engine 4. Sans être époustouflant sur le plan technique, loin de là même, ce remake dispose de suffisamment d’atouts au niveau de sa direction artistique pour contrebalancer les petites faiblesses techniques de l’ensemble. D’autant que tout est très fluide, que ce soit durant l’exploration ou les combats. On sent tout de même que la gestion de la caméra est d’époque, avec quelques difficultés à se situer par rapport à l’ennemi, notamment dans les endroits clos. Rien à dire en revanche sur la partie musicale, très convaincante, avec un sound-design particulièrement réussi. Comme toujours, la mise en scène est dantesque et permet de mettre une intensité toute particulière, véritable marque de fabrique du studio.

9/10
Il aura donc fallu attendre près de dix ans pour mettre la main sur l'un des meilleurs épisodes de la franchise Yakuza. Like a Dragon: Ishin est à la fois un jeu d'une grande générosité et une magnifique porte d'entrée pour les joueurs qui ne connaissent pas la licence. Le gameplay se montre toujours aussi efficace tout en s'étoffant grandement, tandis que l'écriture est impeccable, avec un scénario plein de rebondissements et des quêtes annexes nombreuses. Cerise sur le gâteau, Like a Dragon: Ishin livre un petit cours d'histoire passionnant sur une période trouble du Pays du Soleil Levant. Un titre incontournable pour les fans de la franchise, et à découvrir pour les autres.

+

  • Scénario très bien écrit
  • Gameplay maitrisé et varié
  • Excellente durée de vie
  • Système de cartes bien pensé
  • Quêtes annexes intéressantes
  • Textes en français

-

    • Beaucoup d'allers/retours
    • Donjons trop monotones