Test : A Little to the Left sur Xbox Series X|S
Interdiction d'être gauche
Les possesseurs de félins domestiques ne sont pas sans l’ignorer, tenter de ranger son chez soi aux côtés de son chat est une tâche un peu ardue voire relevant de l’exploit surhumain. Voici le pitch de ce puzzle-game canadien au concept rafraichissant : être une véritable Marie Kondo virtuelle et virtuose de l’organisation, mais enquiquinée dans sa tâche par son chat.
Le jeu s’ouvre sur un portrait de notre boule de poils. Pas d’indications, nous ne sommes pas pris par la main, et c’est une bonne chose. En bon jeu de réflexion, le titre nous laisse tâtonner pour découvrir son univers et son fonctionnement. C’est ainsi en faisant appel à notre intuition et notre logique que nous avançons petit à petit dans les différentes pièces de notre doux foyer. Nous débutons ainsi notre aventure par le bureau/bibliothèque dans lequel il faut reconstituer une note griffonée sur plusieurs post it, aligner des cadres au millimètre en bon maniaque que nous sommes ou encore organiser nos livres selon un certain ordre. Et surprise, dans certains niveaux, nous obtenons une étoile pour le terminer. Mais d’autres sont à glaner. En effet, l’organisation et le sens de la symétrie étant plutôt propres à chacun, plusieurs solutions sont parfois possibles afin de terminer le niveau en question. On peut par exemple décider de faire dans la simplicité et ranger les objets du plus petit au plus grand, puis finalement opter pour une organisation plus artistique où nos ouvrages sont classés en fonction des motifs dessinés sur leur reliure.
La découverte de la cuisine est quant à elle l’occasion d’une partie de cache cache avec les patounes de notre chat qui viennent nous empêcher de bien mettre le couvert, une petite originalité dans le gameplay qui ajoute un peu de variation pour limiter l’ennui et nous demander un peu de réactivité. Car s’il est une qualité qu’il n’est pas nécessaire de posséder dans 95% du titre, c’est bien la promptitude. Le titre se veut zen et calme, prend son temps et appelle à la sérénité. Une fois passée ces quelques phases d’épique bataille avec notre petit compagnon, nous retrouvons nos bocaux, couverts et tupperware à ranger dignement.
Si toutefois nous venons à ne pas trouver une seule des résolutions du tableau, deux options s’offrent à nous. Tout d’abord, le jeu est permissif et nous autorise à passer le niveau pour accéder au suivant. Seuls les succès en sont impactés. Si malgré tout, nous souhaitons mener à bien notre mission mais que l’inspiration nous manque, il existe un système d’indice plutôt bien fichu : nous pouvons gommer une page noircie et la solution nous apparait. Une solution unique par niveau cependant, le jeu ne nous propose pas d’indice pour les solutions alternatives, c’est à nous et nous seul de les trouver.
Les niveaux, sous forme de tableau unique donc, vont d’une difficulté plutôt croissante au travers des 5 chapitres qui composent notre épopée domestique. 70 niveaux de qualité franchement inégale et qui se divisent finalement en deux catégories : Ceux qui sont de véritables énigmes basées sur de la logique pure (clairement plus plaisant de notre point de vue) et ceux pour les maniaques rigides qui aiment avoir leur trois trombones religieusement alignés dans les tiroirs de leur bureau (vous l’aurez deviné, nous sommes un peu moins client du genre). Le rangement des tiroirs et des placards qui, s’il peut être amusant – voire même carrément satisfaisant – initialement, devient un tantinet barbant quand il s’enchaine à plusieurs reprises. Les tableaux à logique sont eux assez poétiques, faisant appel à des jeu d’ombres bien amenés ou demandent un sens aigu de l’observation et de la déduction. Ces derniers sont malheureusement assez peu nombreux et il existe au final un certain déséquilibre compte tenu d’une prépondérance des niveaux de rangement pur et dur. Et c’est dommage, car si le jeu avait choisi franchement son identité, nous aurions probablement pris plus de plaisir à parcourir son univers.
Ce défaut est d’autant plus marqué que ces niveaux des maniaques de l’ordre et de l’agencement sont très largement desservis par la jouabilité. C’est malheureusement sans surprise que nous constatons les difficultés liées au portage sur console de ce titre initialement PC. La précision nécessaire au rangement des tiroirs ou plateau repas par exemple nous aura fait trouver plus d’une fois la bonne solution, sans que celle-ci ne se valide, la faute au millimètre de décalage de notre mini carotte dans notre bento. Et ce malgré les indices auditifs ou vibratoires qui jalonnent les tableaux lorsque nous approchons les différents éléments de leur place finale. La partie sonore est d’ailleurs plutôt raccord avec l’univers du titre quoiqu’un peu répétitive et donc un peu agaçante. Une production dont la direction artistique est en continuité avec cet objectif de calme et de sérénité. Nous évoluons ainsi au milieu des couleurs pastels, avec des enchainements doux des différents tableaux qui font appel à la nature, comme avec des «puzzles herbiers géants» ou des reconstitutions de jolies constellations.
Le titre se termine en environ quatre heures pour la complétion totale des cinq chapitres. Les développeurs ont eu la générosité, pour ajouter un peu de durée et d’intérêt à leur production, de nous proposer gratuitement des défis quotidiens ainsi que des «archives», qui sont les niveaux ajoutés en évènementiel sur Steam. Et pour celles et ceux qui apprécient grandement le titre, un DLC – payant – composé d’une grosse vingtaine de niveaux existe. Il ne propose pas malheureusement pas de grandes innovations, et se tourne plutôt vers les plus maniaques d’entre nous.
+
- Direction artistique agréable
- Tabeaux de logique pure bien pensés
- Ambiance zen, grâce à son côté permissif
-
- Trop de phases de rangement
- Jouabilité manette laissant à désirer
- Répétitif à la longue