Jeux

Little Nightmares 3

Aventure | Edité par Bandai Namco | Développé par Supermassive Games

6/10
One : 10 October 2025 Series X/S : 10 October 2025
14.10.2025 à 17h29 par - Rédacteur en Chef

Test : Little Nightmares 3 sur Xbox Series X|S

Réveil douloureux

Après deux épisodes intéressants sortis respectivement en 2017 et 2021, les développeurs suédois de Tarsier Studio ont fait le choix de laisser tomber la franchise Little Nightmare, propriété de Bandai-Namco, pour aller imaginer leur propre licence. Un pari osé, dont nous découvrirons le résultat en début d'année prochaine. Mais cela n'a pas signé la fin de la saga Little Nightmares, qui est parvenue à capter un certain public jusque-là tout en conservant un potentiel important, et Bandai-Namco s'est tourné vers le studio américain Supermassive Games (Until Dawn, The Dark Picture Anthology) pour prendre la relève et réaliser un troisième épisode qui, même s'il cherche à nous resservir la même recette, n'est pas vraiment parvenu à nous convaincre.

Après avoir beaucoup apprécié Little Nightmares 2 à sa sortie en février 2021, nous attendions forcément de savoir comment le studio Supermassive Games allait pouvoir s’approprier la franchise. Pas question de la dénaturer, même si l’ajout de nouveautés paraissait être un élément indispensable pour ne pas nous donner l’impression d’avoir une copie conforme des deux premiers volets. Après avoir incarné Six, puis Mono, Little Nightmares III ne tarde pas à marquer la différence puisqu’il propose d’incarner deux jeunes enfants, Low et Alone, plutôt qu’un seul. Cela signifie que, pour la première fois dans la série, cet épisode peut être joué en coopération, à deux joueurs, uniquement en ligne.

C’est d’autant plus intéressant que les développeurs ont pensé à inclure un Friends Pass, ce qui signifie qu’une seule copie du jeu suffit pour profiter de ce mode coopératif. En revanche, il est impossible de se retrouver dans la partie d’un inconnu puisque votre partenaire de jeu doit nécessairement être sélectionné depuis votre liste d’amis. Une contrainte qui s’ajoute à l’absence de cross-play, ce qui vous obligera à jouer sur le même support que votre partenaire de jeu. Une exigence malvenue, à l’heure où les jeux coop se veulent de plus en plus accessibles, avec le moins de limitations possibles. Si vous vous lancez à deux, il est plutôt recommandé de s’équiper d’un casque pour pouvoir communiquer ensemble. En plus de s’échanger des idées sur un contexte particulier, cela aide aussi à coordonner certaines actions, et si cela ne se révèle pas absolument indispensable, cela permet de facilité la progression. Bien entendu, si vous n’avez pas d’ami sous la main, il est toujours possible de se lancer en solo, un mode où le second héros est dirigé, en toute logique, par l’IA.

a3e69259-35d9-42bd-a759-18a481e0331c

Comme dans Little Nightmares 2, on suit ainsi les aventures de deux jeunes enfants, mais avec la possibilité de choisir celui que l’on souhaite incarner. C’est d’autant important que chacun d’entre eux possède une caractéristique qui lui est propre. De son côté, Alone se promène avec une clé anglaise sur le dos, ce qui lui permet de casser des vitres et des portes fragiles ou d’activer certains mécanismes. Pour sa part, Low possède un arc et peut ainsi couper des cordes usées ou faire pression sur un bouton pour déverrouiller une porte par exemple. Si la volonté est appréciable, elle ne constitue toutefois pas une raison suffisante pour faire une deuxième run après avoir fini le jeu une première fois. Une rejouabilité limitée donc, pour un nouvel épisode qui se veut aussi linéaire que les anciens, avec une durée de vie également similaire, autour des 6 heures de jeu. La structure du jeu ressemble peu ou prou à un couloir dans lequel s’enchaînent différentes salles, avec parfois des énigmes, la nécessité de se faire discret, des courses-poursuites, un peu de plateformes et même quelques combats pour faire plein usage de l’arc et de la clé anglaise de nos deux héros.

Mais cette cette volonté de diversifier le game-design est aussi à l’origine de la plupart des problèmes que l’on a pu rencontrer en jeu. A vouloir trop en faire, les développeurs de Supermassive Games ne parviennent malheureusement pas à fournir une expérience de jeu à la hauteur de ce qu’on a connu par le passé. Les premières minutes sont d’ailleurs l’occasion d’être confronté à quelques soucis, avec l’absence d’un rappel concernant les commandes du jeu. Si on comprend que le studio n’ait pas souhaité donné trop d’indices sur la marche à suivre pour avancer, on regrette quand même que le tout manque d’intuitivité et oblige à tourner en rond en utilisant les boutons de la manette un à un en espérant que cela puisse activer quelque chose à l’écran. Au final, il nous aura fallu de longues secondes pour comprendre que tout ou presque se gère avec la gâchette droite, une touche à laquelle on ne pense pas spontanément. Autre problème, en jouant en solo il se peut que l’IA se fige et ne réponde plus à vos appels, ce qui oblige à relancer la dernière sauvegarde.

dc936bc0-23f2-4c9c-9301-c2578ac6a68b

Pour le reste, Little Nightmares III répètent régulièrement les mêmes mécaniques de gameplay tout au long de ses quatre chapitres. Un sentiment de répétitivité immanquable, associé à un level-design franchement décevant, composé d’un nombre de trappes et de conduits de ventilation hallucinant. Là où les précédents jeux parvenaient à nous capter par leur ambiance, ce nouvel opus s’enferme dans un classicisme mortuaire inquiétant, avec quelques moments de tension, mais trop peu nombreux pour que cela s’installe suffisamment longtemps dans l’esprit du joueur. De ce point de vue, c’est même plutôt l’inverse. On apprécie pourtant le principe de nous entrainer dans un monde où la mort nous attend au tournant, avec des décors volontairement surdimensionnée pour accentuer la fragilité de nos protagonistes, et des boss qui n’échappent pas au chara-design angoissant caractéristique de la franchise. Mais malheureusement les temps morts sont bien trop nombreux, à se demander si le fait d’avoir un compagnon de route pour vivre cette aventure ne diminue finalement pas la pression ressentie tout au long de l’aventure.

Les boss et les courses-poursuites ne parviennent pas à donner un semblant de rythme à l’ensemble, tandis que la présence de combats dénature même l’esprit originel de la licence. Peu nombreux, ceux-ci n’apportent strictement rien, sinon à justifier l’utilisation de l’arc et de la clé anglaise, et on pourrait en dire de même pour les phases de plateformes qui se montrent parfois imprécises, la faute à une caméra fixe qui empêche d’apprécier certains sauts en 3D. Des errances étonnantes venant d’un studio aussi expérimenté. C’est d’autant plus dommage que le titre est assez bien réalisé techniquement, avec des décors soignés à défaut d’être très originaux. Même chose au niveau du sound-design, capable de distiller des bruits inquiétants par petites touches, mais pas exempt de tous reproches non plus, surtout sur l’exagération du bruit de pas de nos deux héros. Dernier point, si vous connaissez la franchise, vous ne serez pas surpris si on vous conseille de jouer à Little Nightmares 3 dans le noir, et avec un casque, ce qui permet d’y jouer dans les conditions optimales.

6/10
Little Nightmares 3 est une vraie déception si on le compare aux deux premiers épisodes imaginés à l'époque par les développeurs suédois de Tarsier Studio. On n'y retrouve plus du tout la même tension, la faute à un level-design peu inspiré et des nouveautés qui desservent finalement le gameplay plutôt que de lui apporter de la profondeur. Avec ce troisième épisode, la franchise arrive clairement au bout d'un cycle, et aura malheureusement bien du mal à s'en relever.

+

  • Décors soignés mais peu originaux
  • Ambiance sonore correcte dans l'ensemble
  • Jouable à deux en coopération
  • Un seul jeu à acheter pour jouer à deux

-

    • Ne renouvelle pas vraiment la franchise
    • Peu de moments de tension réussis
    • Coop uniquement en ligne, sans crossplay
    • Level-design peu inspiré
    • Appréciation des plateformes parfois difficile
    • Quelques bugs, parfois bloquants