Test : Lollipop Chainsaw sur Xbox 360
Left for Dead or Alive
Aujourd’hui est un jour très spécial pour Juliet, car elle a dix-huit ans. C’est donc toute fière et heureuse qu’elle se prépare à rejoindre le lycée de San Romero, mais pas sans quelques étirements indispensables pour entretenir la forme d’une cheerleader. Et oui, Juliet c’est un peu la star de son école et avec son boyfriend Nick, la gueule d’ange gominée typée années 50, ils forment le couple idéal de Lollipop Chainsaw. Le personnage de Juliet, archétype de la jeune femme américaine coincée entre deux âges, est à l’image du jeu dans son ensemble : du grand n’importe quoi. C’est qu’il eut été dommage que cet anniversaire se passe normalement. Non vraiment, il faut le pimenter un peu… Pourquoi pas avec une horde de zombies envahissant le lycée de San Romero ? C’est fait. Et maintenant cerise sur le gâteau : Juliet est la descendante d’une longue lignée de chasseurs de zombies et s’apprête donc à botter le derrière de cet amas de chair putréfiée. Le décors est planté. On se dit qu’un titre comme Lollipop Chainsaw ne pouvait finalement sortir que de l’esprit quelque peu tordu de Suda51, qui a déjà prouvé par le passé, avec Shadows of the Damned pour la Xbox 360, que l’on peut rire de tout. Juliet est véritablement le pilier central de cet univers étrange et décalé. Plus qu’une héroïne sexy, elle est un concentré d’humour aux répliques nombreuses et bien placées, chacun des clichés qu’elle représente est extrêmement bien exploité pour ne pas tomber dans la facilité. On s’attache rapidement à Juliet, à sa naïveté comme à son sens du devoir exacerbé. Mais cela ne saurait nous faire oublier les autres personnages du jeu, tous aussi excentriques les uns que les autres. La famille de Juliet tient le haut du pavé, avec un père qui transpire la testostérone et deux sœurs au mois autant barrées que Juliet, l’une rassurante comme une grande sœur, la plus jeune délicate comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Et que dire de Morikawa Sensei, sorte de Tortue Géniale local.
L’univers de Lollipop Chainsaw prend place dans sept niveaux. Les environnements se découpent en deux grandes parties : il y a d’un côté le lycée de San Romero (abords, salles de classes, complexe sportif…) et de l’autre la région environnante qui offre un peu plus de variété avec une ferme, une cathédrale ou encore une salle d’arcade en plein cœur de la ville. C’est au travers de ces décors que l’on découvre l’un des points faibles de Lollipop Chainsaw, à savoir sa réalisation. La relative diversité des environnements ne saurait faire oublier des graphismes plutôt moyens et un rendu un peu baveux. Les couleurs criardes et autres effets à base de petits cœurs roses égayent le tout mais ne parviennent pas à donner plus d’effet que ça à la réalisation. Si les personnages principaux sont soignés, on regrette que le bestiaire ne trouve la diversité que dans quelques zombies spéciaux (policiers, cheerleaders, pompiers, etc). Cela dit, on a ponctuellement à faire à des boss qui rehaussent le niveau grâce à la bonne exploitation du cliché qu’ils représentent, donnant lieu encore une fois à quelques dialogues bien savoureux. Ces échanges et les autres sont l’occasion d’ailleurs d’apprécier des doublages bien inspirés (en anglais) et de s’apercevoir avec soulagement que la traduction écrite conserve le ton décalé et le langage parfois obscène de la version d’origine, ici indispensables au soutien de l’univers Lollipop Chainsaw (c’est que l’on a souvent droit – on pense aux séries télévisées surtout – à des traductions françaises édulcorées). Enfin, la bande-son naviguant essentiellement entre teen rock et trash metal fait très bien son office et finit d’achever cet excellent travail porté sur l’ambiance de Lollipop Chainsaw.
Scions, scions le bras, de la mère Nicolas
Ses sucettes et sa tronçonneuse sont ses meilleurs amies et elles ne sont pas de trop pour permettre à Juliet de nettoyer la ville de tous ces zombies. Les sucreries qui trainent un peu partout dans les niveaux permettent de refaire le plein d’énergie ; la tronçonneuse, elle, est le rêve des hommes de chasse, pêche, nature et traditions. D’abord parce qu’elle permet d’élaguer bras et jambes avec une précision diabolique et aussi, plus tard dans le jeu, elle se transforme en fusil pour dégommer les zombies qui se prennent pour des merles. Plus fort, cette machine sert même à recevoir des coups de téléphone. Tronçonner c’est bien mais Juliet reste une fille, cheerleader de surcroit et fait donc rimer gore et féminité en bastonnant ses ennemis à coups de pompons. C’est donc le mélange de tous ces types d’attaques qui sont le cœur du gameplay de Lollipop Chainsaw. Les possibilités d’actions sont en bon nombre dès le départ et après un petit temps d’adaptation à des contrôles particuliers (sauter avec le bouton B) et au timing des combos un peu différent de ce que l’on a l’habitude de voir, le titre de Grasshopper Manufactures se révèle plutôt agréable à jouer. Seule véritable ombre au tableau : une caméra qu’il faut souvent replacer et qui adopte des angles parfois improbables dans les lieux confinés. Ces errances sont en partie compensée par la volonté des développeurs de diversifier au maximum les phases de jeu. Au côté des traditionnels QTE, on retrouve Juliet pour des courts passages de courses (avec tremplins et ramassage de pièces qui rappellent Sonic), du basket avec comme ballon improvisé la tête des zombies ou encore un Pac-Man grandeur nature. Tout cela contribue à donner encore plus d’attrait à Lollipop Chainsaw et en voyant Juliet se battre en enchainant les poses de pom-pom girl, jouer à saute-mouton avec les zombies, tronçonner tout en étant accrochée à une barre de pole dance, on accepte plus facilement les défauts du jeu et on se laisse porter par cet univers.
A l’image de ce qui se fait dans la plupart des autres beat’em all, Lollipop Chainsaw récompense la tuerie à coup de pièces. Cette monnaie d’échange sert aussi à augmenter les capacités physiques de Juliet (énergie, force, récupération, vitesse), à se payer de nouveaux vêtements ou d’autres pistes audios (ce qui fait plaisir à voir à l’ère du tout DLC). Ces nombreux éléments à débloquer donnent à Lollipop Chainsaw une très bonne rejouabilité, ce qui n’est vraiment pas un mal pour ce jeu qui, aussi plaisant soit-il, est extrêmement court. Il ne faut pas plus de six heures pour boucler le jeu en normal. C’est très peu pour le genre, d’autant qu’en dehors de quelques rares passages où l’échec est synonyme de mort, Lollipop Chainsaw est un jeu très facile. Même pour joueurs novices, le mode de difficulté le plus bas est à proscrire purement et simplement ; ceux qui ont une bonne expérience du genre peuvent se tourner vers le mode difficile s’ils cherchent un minimum de challenge. Essayer de sauver les camarades en difficulté de chaque niveau est aussi un exercice pas toujours facile. Reste enfin à rejouer tout cela en mode défi et ainsi comparer ses performances, dans des conditions précises, aux joueurs du monde entier sur le Xbox Live.
+
- Juliet, héroïne hors normes
- Univers loufoque
- Elements de gameplay très variés
- Bande-son au poil
-
- Pauvre graphiquement
- Problèmes de caméra
- Très court