Test : Lost Planet² sur Xbox 360
La neige a fondu
Comme nous l’avions précisé après nos premiers essais, Lost Planet² est désormais un jeu multijoueur. Point. Tant pis pour ceux qui n’ont pas une bonne connexion internet ou manquent d’amis : la campagne jouée en solo dévoile ses limites dès le départ, avec des coéquipiers dirigés par la console qui s’avèrent très vite être inutiles, sauf dans les modes de difficulté les plus cléments. La qualité de programmation des I.A. n’est pas la grande spécialité de Lost Planet. Quand il s’agit des ennemis, ça passe encore, mais lorsque le travail d’équipe devient une nécessité pour vaincre d’immenses adversaires, un coéquipier qui continue de tirer bêtement dans le tas ne sert plus à rien, sauf à générer des Game Over. Non merci.
Après Resident Evil 5, beaucoup moins plaisant en solitaire qu’à deux, Capcom refait donc le coup avec Lost Planet². Le premier épisode se basait sur une campagne un joueur, un (mauvais) scénario et proposait, comme ça, des modes multijoueur en ligne pour accompagner. C’est aujourd’hui l’inverse et les pistes sont forcément brouillées, y compris quand il s’agit d’évaluer le jeu, lequel, bien que très ressemblant à Lost Planet, utilise son héritage d’une toute autre façon.
Run and (Ultra-Laser Beam) Gun
Du point de vue du gameplay, des commandes, de la maniabilité, Lost Planet² est quasiment identique au premier épisode vieux de trois ans. Nous étions assez fans des sensations procurées par LP1, par conséquent, selon nous, le feeling des combats est toujours un des gros points forts de la série. Lost Planet, plutôt qu’un énième clone de Gears of War, se présente davantage comme un successeur 3D des bons vieux shoot’em up run and gun, comme Contra. L’I.A., on l’a dit quasiment inexistante, n’est pas l’élément le plus important d’une formule qui privilégie des commandes très dynamiques, des adversaires agressifs et des boss d’anthologie dont il faut pilonner les points faibles.
Il est néanmoins relativement surprenant de noter si peu d’améliorations en trois ans. D’autant que Lost Planet², même quand on arrive à se détacher de l’idée de vouloir le faire ressembler à d’autres jeux de tirs peut-être plus accessibles, n’est pas immaculé. L’absence de commandes entièrement paramétrables est par exemple très discutable, surtout que la configuration par défaut n’est pas une complète réussite. Extrêmement importante, la manipulation permettant de se remettre de la vie passe irrémédiablement par la touche start. Difficile d’imaginer quelque chose de moins intuitif.
Histoire d’en rajouter une couche, Capcom n’a pas non plus apporté de modification au problème des animations parasites du premier Lost Planet. Pour résumer rapidement, les soldats qu’on dirige sont souvent superbement animés, jusqu’à transpirer la classe par tous les pores. Malheureusement, trop fréquemment, cette qualité esthétique prime sur la praticité du gameplay : les personnages s’arrêtent de courir quand ils changent d’arme et mettent plusieurs secondes à se remettre d’une chute sévère, souvent pour se faire cueillir par une seconde attaque.
Lost Planet² reproduit donc des erreurs propres au premier épisode sans qu’on comprenne vraiment pourquoi, mais il conserve dans le même temps de nombreux avantages, eux aussi hérités de son aîné. On a parlé des boss, souvent fantastiques à affronter quand on est plusieurs. Les Vital Suits, rencontre futuriste d’exosquelettes de combat et de mechas japonais, sont elles aussi incroyablement bien intégrées au jeu et formidables à contrôler. Elles sont au centre de certaines séquences mémorables, surtout vers la fin du jeu.
Le titre conserve également son côté exclusif en balançant des modes de difficulté inabordables sans un sérieux entraînement. Le travail en équipe est essentiel, ce qui prouve s’il en était encore besoin que le soft a été conçu pour la coopération : c’est le fait de venir à bout d’une section très corsée aux côtés de trois autres compagnons qui délivre les plus beaux moments de Lost Planet². La gestion des rôles au sein de l’équipe, la distribution des armes, la préservation des vies (communes) et le partage de la fameuse T-ENG sont autant de paramètres complexes qu’il est très satisfaisant de maîtriser.
Lost in sequelization
Le titre de Capcom avait sans doute le potentiel pour aller chatouiller les références du genre, ce qui aurait été une belle performance pour un premier essai. Dans l’exécution, il manque cependant quelque chose pour que le jeu passe un cap. Les niveaux, par exemple, ont souvent du mal à trouver l’équilibre entre simplicité et objectifs précis à remplir. On est confronté plus d’une fois à de simples couloirs traversés en 10 minutes chrono, avec juste un petit boss pour épicer la progression. Ailleurs, on doit accomplir une tache spécifique souvent mal indiquée (Lost Planet² est, globalement, assez peu pédagogue) qui peut faire tourner en rond pendant un moment ou, pire, faire perdre un niveau qu’on est alors obligé de recommencer du début.
Autre souci qui relève purement du manque d’expérience de Capcom en la matière : lorsqu’on veut rejoindre une partie en cours, on ne commence effectivement à jouer qu’à la fin d’un niveau. Que le jeu, très orienté online, n’autorise pas à prendre immédiatement la place d’une des IA d’un groupe déjà lancé est difficilement pardonnable.
Que l’on joue en coopération ou en multijoueur, on accumule des points et des items qui débloquent petit à petit des dizaines de bonus. On peut alors personnaliser son avatar de la tête aux pieds : armes, capacités spéciales, vêtements et même attitudes pour communiquer avec ses partenaires, la liste est longue et l’idée excellente. Il est par conséquent vraiment dommage que le jeu explique aussi mal comment débloquer tous ces éléments, et que ces derniers se débloquent aussi lentement. Ce que le dernier Street Fighter a compris en proposant d’emblée tous les personnages et des variations de tenues très simples à acquérir, Lost Planet², du même éditeur, ne l’a pas encore bien intégré.
Pour terminer, quelques mots spécifiquement dédiés au multijoueur en ligne, résolument meilleur que celui du premier opus, proposant de belles maps très grandes et favorisant l’entente entre les joueurs. C’est aussi là que vient l’un de ses problèmes : les cartes peuvent rapidement devenir ennuyeuses si elles ne sont pas remplies, et une équipe désorganisée (ce qu’on rencontre souvent sur le Xbox Live) réduit de beaucoup l’intérêt des matchs. Le meilleur choix, si possible, est de se trouver de bons partenaires et de s’y accrocher d’une partie à l’autre. Certains modes sont très intéressants, comme par exemple celui proposant de prendre part à une vraie guerre des clans de pirates de neiges, les camps gagnant ou perdant des positions au fil des semaines. Est-ce suffisant pour générer un suivi sur le long terme ? Rien n’est moins sûr.
+
- Toujours très plaisant à jouer
- Personnalisation évoluée
- Boss et VS, duo gagnant
- Multijoueur intéressant
- Coopératif à quatre réussi
- Nouvelle orientation audacieuse
-
- Manque de clarté global, menus et options peu ergonomiques
- Solo à oublier
- Spécificités du jeu en ligne pas encore totalement maîtrisées
- Léger manque de personnalité en général
- Défauts de gameplay non corrigés