Test : Mayhem Brawler sur Xbox One
#ambiancerétro
Comme dans tout bon beat’em up urbain qui se respecte, la ville servant de cadre à Mayhem Brawler est un sacré trou à rats. Le danger est partout et il n’y a finalement que la crasse souillant chaque coin de rue qui semble plus ancrée encore que le crime (dés)organisé. La population peut cependant compter sur les forces de l’ordre et plus particulièrement sur l’unité Stronghold pour répandre la justice… Ou éventuellement critiquer ouvertement sa façon de faire sur le Twitter local. On découvre d’ailleurs quelques exemples de ces réactions (forcément) excessives lors des petites cut-scenes apparaissant entre chaque mission, aux côtés d’illustrations prenant la forme de pages de comics. C’est bien dessiné, doublé en anglais et sous-titré en français : une bonne façon de faire pour un jeu qui se veut être correctement scénarisé. A la différence de Streets of Rage 4 qui raconte son histoire avec la subtilité d’un troll des cavernes, Mayhem Brawler tente clairement de nous immerger dans son univers. Entre clichés à tout-va et petites pointes d’humour parfois lourdes dans jamais être pesantes, l’histoire de Mayhem Brawler se laisse suivre gentiment. Ce n’est pas le scénario du siècle qui nous est servi, mais on apprécie l’effort.
Ce rapport à l’histoire a sa petite importance dans un jeu où trois fins sont disponibles et où il est demandé à plusieurs reprises de faire un choix sur la marche à suivre. Les choix se distinguent entre ceux qui orientent l’histoire vers une fin potentiellement différente, et ceux qui nous invitent carrément à explorer un niveau différent de l’autre. Une dizaine de niveaux sont proposés en tout et chaque partie se déroulant sur sept d’entre eux, il faudra donc tenter plusieurs fois l’aventure pour en découvrir l’intégralité. Ce sera toutefois vite vu puisqu’une partie complète n’excède pas une heure et si l’on a le plaisir de pouvoir profiter du jeu à deux en local, rien n’est prévu du côté des fonctionnalités en ligne. A noter également que Mayhem Brawler ne propose rien à débloquer à l’issue de l’aventure, qu’il s’agisse de personnages, de niveaux, ou de bonus divers (bien dommage pour un jeu qui a soigné l’apparence de son univers façon comics). Il n’y a pas non plus d’objets cachés ou choses du genre à aller chercher ; on se contente d’un mode arcade en plus du mode histoire, se différenciant par l’absence ici de possibilité de continuer en cas d’échec ou de sauvegarder sa progression.
Cela étant, les quelques heures que l’on passe au contact de Mayhem Brawler sont plutôt satisfaisantes. On y retrouve une forte inspiration Streets of Rage, Final Fight ou encore Captain Commando. Les développeurs l’affirment d’ailleurs et cela se ressent, aussi bien d’un point de vue visuel que lorsque l’on assène les coups. Le trio jouable nous permet d’incarner un héros, « Dolphin », porté sur la puissance tandis que son côté, « Star » se veut plus rapide et subtile. Comme toujours, on a un héros pour équilibrer cela en la personne de « Trouble ». Si cet équilibrage se veut très classique, le trio se distingue par ses capacités d’ordre surnaturel. Rien n’est d’ailleurs naturel dans le monde de Mayhem Brawler : Loups-garous, crocodiles sur deux-pates, ersatz de Maitre Splinter, magiciens des bouches de métro, militaires et autres zombies sont de la partie. L’univers de Mayhem Brawler pioche dans absolument toutes les références, ce qui a le bon goût de nous offrir un bestiaire très varié et une ambiance qui en dépit de ses nombreuses inspirations parvient à fonctionner de façon singulière.
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Pour nettoyer les rues de toutes ces sales trognes qui sont autant d’opposants aux capacités et aux patterns divers, les héros disposent d’une panoplie de coups calquée sur le système Streets of Rage 2. Enchainement rapide, prise, projection, attaque spéciale de zone ou dirigée : on connait la musique. La différence se situe toutefois du côté des attaques spéciales qui dépendent d’une jauge dédiée, à remplir en assénant des coups ou en ramassant des objets. Effectuer une attaque spéciale ne vient donc pas grever votre barre de vie mais à l’inverse, il est impossible de l’utiliser si l’on n’a pas un minimum de réserve pour cela. Il convient dès lors de s’assurer de conserver un peu de réserve en toutes circonstances, l’attaque spéciale étant la seule qui peut vous extraire d’un combo ou d’une prise ennemie. On peut d’ailleurs se retrouver facilement cerné et voir notre barre de vie dégringoler rapidement. Sachant qu’il faut recommencer depuis le début du niveau en cas d’échec, prudence et application sont de mise dès le mode de difficulté normal. Mayhem Brawler propose toutefois un mode facile, bien fichu puisqu’il lasse clairement la possibilité d’avancer sans être non plus une balade de santé. En ce sens, le jeu des développeurs Hero Concept propose de quoi s’adapter à tous les niveaux et c’est une très bonne chose.
Quelque peu rigide, Mayhem Brawler a toutefois une fonctionnalité qui fera plaisir à ceux qui la réclamaient dans Streets of Rage 4 : le pouvoir de courir. On peut aussi se servir des tonneaux et autres caisses comme projectiles, sans que cela ne nous empêche de récupérer éventuellement l’objet qui se trouve à l’intérieur. Les armes laissées au sol par les ennemis (pour le corps à corps ou moins intéressant, pour attaquer à distance) sont également nombreuses et très utiles pour faire mal à des boss parfois retords. Mayhem Brawler fait partie de ces titres qui laissent une grande priorité aux attaques ennemies, ce qui peut être frustrant quand ceux-ci les enchainent à foison. On aurait apprécié un peu plus de subtilité quant aux possibilités de vaincre, autre que de devoir compter sur un stock de vies suffisant et bourriner en espérant que ça passe. Il y a cependant dans Mayhem Brawler une feature intéressante : plusieurs icones placées au-dessus des ennemis indiquent leur état. Saignement, ralentissement, regain de vie en cours mais aussi préparation d’une attaque spéciale : à ce moment-là on a le choix entre bloquer (cela expose toutefois aux attaques dans le dos) ou exécuter une attaque spéciale pour éventuellement interrompre l’ennemi et limiter les dégâts. C’est plutôt bien pensé et cela aurait été parfait si le jeu proposait une palette de coups un peu plus étendue, celle qui est proposée se rapprochant plus de Streets of Rage 2 que du 4.
Il manque d’ailleurs un petit côté spectaculaire aux combats dans Mayhem Brawler, bien qu’en termes de sensations les choses se passent plutôt bien. On sent l’impact des coups. Quelque chose d’un poil plus explosif aurait eu tout à fait sa place ici car le jeu de Hero Concept nous propose dans l’ensemble une réalisation très soignée. Les décors, dessinés à la main, sont très plaisant à regarder. Avec des héros et vilains aux sprites grand format, on retrouve un feeling proche de Final Fight ou des beat’em up de la Neo Geo ; de notre côté, c’est le genre de parti-pris que l’on apprécie dans un beat’em up. Les environnements sont nombreux, variés, soignés et portés par des musiques qui le sont tout autant et des bruitages bien retranscrits. En somme Mayhem Brawler est un bon petit beat’em up, malheureusement un peu court mais tout à fait apte à vous faire passer un agréable moment.
+
- Aventure scénarisée
- Des petites pointes d'humour bienvenues
- Plusieurs embranchements possibles pour trois fins
- Niveaux de difficulté adaptés à tous
- Bestiaire bien fourni
- Plutôt joli pour le genre avec ses sprites grand format
- Multijoueur local
-
- On en fait assez vite le tour
- L'ennemi a un peu trop de priorités
- Pas de multijoueur en ligne
- On aurait aimé une palette de coups un peu plus étoffée