Test : To the Moon sur Xbox Series X|S
Eternal Moonshine of the Spotless Mind
To the Moon s’ouvre sur quelques notes de piano, laissant apparaitre successivement un phare, puis une grande maison dressée sur la falaise. Dès les premières seconde, son esthétique ne trompe pas : le jeu de Kan Gao a été imaginé sous RPG Maker XP, ce logiciel capable d’imiter le style graphique des JRPG de l’époque 16-bit. Les joueurs qui ont connu cette période dorée pourront ainsi faire de multiples parallèles, ses gros sprites rappelant des titres comme Secret of Mana, Star Ocean ou Terranigma, Autrement dit, c’est plutôt joli, à condition bien évidemment d’aimer cette touche résolument old-school.
Un bruit sourd vient interrompre cette petite introduction, et nous dévoile alors un duo de héros, dont la voiture vient de percuter un arbre. Le joueur est ainsi amené à suivre les docteurs Neil Watts et Eva Rosalene, deux salariés de Sigmund Corporation, une société qui permet de réaliser le souhait d’une personne sur le point de mourir. Le client du jour se nomme Johnny Wyles, un vieil homme dont le rêve serait d’aller visiter la Lune. Bien évidemment, nos héros ne font pas de miracle, et c’est grâce à un équipement sophistiqué qu’il va falloir virtuellement répondre à cette requête un peu particulière, grâce à un voyage mémoriel.
To the Moon prend ainsi la forme d’un jeu essentiellement narratif, où les déplacements du joueur ne servent finalement qu’à interagir avec des personnages ou des objets. Les premières minutes mettent d’ailleurs cet aspect en avant, avec la nécessité d’explorer la maison de Johnny afin d’y trouver des indices qui permettront d’explorer ses souvenirs. Car pour parvenir à leur fin, Neil et Eva doivent parcourir l’esprit du vieil homme en remontant progressivement dans le temps, jusqu’au moment où ils réussiront à le convaincre de suivre son rêve. Concrètement, cela signifie que l’on va revivre les principaux moments qui ont marqué la vie de Johnny, en partant de ses derniers jours, pour aller jusqu’à son enfance. Un concept qui nous permet ainsi de rentrer dans l’intimité de cet homme dont on ne sait rien au départ, et que l’on va apprendre à connaitre dans les moindres détails ou presque, avec quelques surprises à la clé.
Une aventure qui se vit ainsi à reculons, avec un scénario qui rappelle un peu celui du film Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, ou celui de Memento de Christopher Nolan dans sa capacité à offrir un scénario cohérent, mais dont le déroulé ne se fait pas chronologiquement. C’est parfois perturbant, mais globalement cela donne envie de connaitre la source de certains événements qui sont évoqués dans des séquences visitées en amont. De la plus anodine, comme l’appétence de Johnny pour les olives, au plus important, comme son mariage avec River, on prend beaucoup de plaisir à décortiquer chaque séquences et à s’imprégner des différentes périodes de vie traversées avec une empathie grandissante.
En remontant le temps, le joueur est tout de même mis un minimum à contribution. Certaines interactions permettent de récupérer des «liens mémoriels». Il s’agit ici des seuls éléments capables de débloquer l’accès aux mementos, des objets qui font le lien entre deux séquences du passé, et permettent ainsi de remonter tout doucement vers l’enfance de Johnny. Pour valider le passage d’une séquence à une autre, les développeurs ont imaginé un mini-jeu qui prend la forme d’un puzzle-game assez simple, avec des tuiles à retourner pour reconstituer une image. On pourrait presque regretter le peu d’intérêt ludique que représentent ces phases de jeu, mais elles permettent tout de même de sortir le joueur de sa passivité. Même chose avec d’autres mini-jeux dispersés dans certains souvenirs, mais en nombre beaucoup trop limités pour ne pas être considérés comme anecdotiques.
Au final, ce sont environ quatre heures de jeu qu’il faudra investir pour voir le fin mot de l’histoire. Sur le plan technique, si on pouvait penser que le jeu de Freebird Games ne pourrait souffrir d’aucun bug compte tenu de son design assez simpliste, c’est tout le contraire. Les bugs de collision sont présents en grand nombre, et il n’est pas rare de sortir des limites du décor, ou d’emprunter un escalier alors que l’on souhaitait passer à côté. Globalement la maniabilité manque de précision, ce qui apparait quand même comme un comble pour ce type de jeu. Pas grand chose à dire du côté des musiques, agréables quoique parfois un peu répétitives. On apprécie néanmoins de pouvoir suivre cette aventure narrative avec des textes entièrement en français, et cela même si quelques coquilles ou absence de traduction viennent se mêler au reste.
+
- Scénario intéressant
- Narration déroulée de façon originale
- Graphismes old-school agréables
-
- Contrôles imprécis
- Pas mal de bugs
- Musiques parfois répétitives