Test : Mortal Kombat sur Xbox 360
Johnny Cage bien son jeu !
Voilà maintenant de longs mois que l’équipe de NetherRealm sous l’égide de Warner Bros Interactive attire le nonchalant en promettant le retour aux sources d’une série à succès des années 90′ connue sous le doux nom de Mortal Kombat. Cette résurrection infernale, enfantée dans la douleur après un monstrueux « Vs DC Universe » amputé de ce qui faisait presque tout le charme de la fratrie (le côté gore en tête), est finalement arrivée à son terme pour reprendre le titre mot pour mot de son premier modèle. Mortal Kombat, ni plus, ni soumise. Face à ce reboot rock affiché, le joueur est tout à fait en droit de se demander si la saga peut encore exister aujourd’hui pour ce qu’elle est, désormais face aux mastodontes que sont les SoulCalibur, Street Fighter et autres Dead or Alive. Nous pouvons lui répondre avec l’assurance d’un Lin Kuei que cette nouvelle itération du tournoi le plus sanglant de l’univers est sans aucun doute la meilleure connue à ce jour, tout en gardant les mêmes mécanismes de combat que certains peuvent trouver – à tort ou à raison – d’un autre âge. Le dernier né de Warner s’est en tout cas mis au goût du jour sur bien d’autres aspects. Le mode story, pour commencer, pose des bases que l’on aimerait voir chez ses prochains concurrents, tout simplement. Partant du postulat qu’il ne peut y avoir qu’un seul gagnant pour assurer une continuité scénaristique viable pour les hypothétiques prochains épisodes, les développeurs de ce MK proposent une campagne solo découpée en chapitres qui s’intéresse à tous les personnages importants de la saga. Le mode histoire permet donc au joueur d’avancer dans un scénario établi en incarnant de façon scriptée les divers combattants du titre (tantôt les gentils, tantôt les plus méchants), comme n’importe quel jeu d’aventure pourrait le proposer. Une trouvaille qui facilite de ce fait la prise en main de tous les guerriers du casting tout en renseignant sur leurs histoires, liaisons, rancœurs, le tout frappé par un scénario prétexte aux multiples bastons, mais qui a au moins le mérite d’exister. Une idée tellement bonne que l’on se demande pourquoi personne ne l’avait concrétisée de cette manière avant.
À l’aube de la dernière victoire des forces démoniaques d’Outre Monde sur la planète terre, le seigneur Raiden lors de son dernier souffle face à Shao Kahn envoie un signal de détresse à son lui du passé afin de l’aider à motiver les quelques élus humains de son groupe à remporter le tournoi Mortal Kombat tout en évitant les pièges des forces locales. Les connaisseurs de la saga ne seront pas dépaysés face à ce background rabâché depuis des années (et repris en partie dans le premier film), qui illustre parfaitement la position de ce reboot de la série, à la fois ancré dans des mécanismes familiers tout en apportant de discrètes nouveautés. Le gameplay de Mortal Kombat demeure en effet dans ses grandes lignes inchangé. C’est bien simple, l’issu d’un affrontement dépend avant tout de la connaissance des coups spéciaux que l’on a d’un personnage, contrairement à un Dead or Alive que n’importe quel novice peut apprivoiser dans ses grandes lignes en quelques minutes. Ces coups spéciaux, ou pouvoirs, ont une importance rare. Qu’il s’agisse de boules de feu à envoyer, de téléportation à enclencher ou d’enchainements surhumains défiant toutes les lois de la gravité à réaliser, c’est au joueur d’exécuter parfaitement la séquence de commande prévue pour sortir un coup capable de faire plusieurs hits. Encore plus rigide qu’un Killer Instinct, c’est ce gameplay basé sur la connaissance théorique des mouvements plus que sur le feeling et la fluidité des enchainements qui a valu à Mortal Kombat sa triste réputation de jeu de baston de seconde zone. Rigide, mais pas fermé pour autant, puisque le jeu de NetherRealm permet tout de même au joueur de se créer ses enchainements fracassants en « additionnant » une bonne série de coups spéciaux, et donc de combinaisons de touches. Les combats ressemblent alors à une succession de pouvoirs exceptionnels parfois très impressionnants, qui réussissent ou ratent selon la réactivité de l’adversaire, menés par des supers-vilains qui peuvent se téléporter, se rendre invisibles, se dédoubler (si, si), etc. Inutile de préciser qu’un débutant ne pourra pas trouver plus frustrant, surtout lorsque le CPU sort la manip’ de la mort qui tue quasi imparable plus que de raison.
Jax sonne Five
Le pari de tout miser sur les coups spéciaux, bien que forcément spectaculaire, est risqué. Avec plus de 27 combattants présents au casting, on imagine la difficulté pour NetherRealm de pondre des personnages de même niveau « objectif », sans qu’il y ai un gros bill aux coups dévastateurs, future star des parties en ligne. Mortal Kombat à ce petit jeu s’en tire avec quelques égratignures. Entre un Baraka et un Kano dont les coups ne cognent pas très forts, les surpuissants Smoke et Scorpion n’ont pas grand chose à craindre. À l’heure où nous écrivons ces lignes cependant, un patch correcteur est prévu pour arranger ces différents soucis, premier surement d’une longue série. Les mouvements de base comme le coup de pied sauté et surtout l’uppercut se révèlent toujours dévastateurs, parfois même plus efficaces (et simple à effectuer) qu’un coup spécial. En d’autres termes, même si la façon dont il faut exécuter les mouvements se ressemblent d’un guerrier à l’autre, la connaissance des enchainements de coups simples et spéciaux est primordiale pour espérer arriver au bout des 16 chapitres qui composent le mode campagne. Outre ce mode story et les classiques « versus » (1 contre 1 ou 2 contre 2) déjà vus un peu partout, MK apporte sur son plateau de tripes une « Ascension » jouable en équipe là aussi bienvenue, puisqu’elle permet jusqu’à deux joueurs de s’éclater en coopération pour évincer Shao Kahn de son trône. À noter qu’en cas de victoire, une cinématique apparaît à l’écran pour conter le destin du kombattant qui a porté le coup fatal à l’empereur, contre-balançant ainsi l’absence de cet élément dans le mode histoire « choral » où seul le gagnant prévu par le scénario l’emporte. Vraiment bien vu.
Les adorateurs de la licence comme ses plus fidèles détracteurs savent que le point central de la personnalité du titre vient de la violence des affrontements et des hectolitres de sang versés à chaque uppercut. De ce côté là, Mortal Kombat renoue avec sa gloire passée pour un épisode où le sang reste sur les armes, où les visages et vêtements gardent les traces des affrontements à grands renforts d’hématomes et de déchirures, et où chaque partie du corps humain peut-être le théâtre d’une violation sanglante et d’un déboitement en règle. Les fatalités tonitruantes sont bel et bien de retour (et chaque arène propose son propre finish bien horrible), accompagnées de « babylités » délicieusement débiles et de coups « Xray » s’effectuant durant le combat lorsque la barre prévue à cette occasion est chargée au maximum. Un mouvement qui fait mal mais finalement juste cosmétique, puisque l’adversaire ne garde aucune séquelle du traumatisme, au grand désespoir des fanas de Tao Feng. L’occasion de contempler l’intérieur du corps des victimes reconstitué avec presque autant de minutie que la mécanique d’une voiture de Forza, pour des prises qui retirent un bon gros quart de la barre de vie, malheureusement trop peu nombreuses. Un système de super-coup en définitive assez semblable à celui d’un Street Fighter 4, puisque la barre à charger pour effectuer la mini-fatalité peut se vider par palliés afin d’augmenter la puissance de certains coups spéciaux. Enfin, chaque combat dans MK rapporte des petites pièces qu’il est conseillé de dépenser dans la « krypte » afin de débloquer une tonne de contenu indispensable (nouvelles fatalités, costumes flambants neufs, artworks, etc).
« C’est là que tu dois tomber »
Avec sa tonne d’éléments à débloquer et ses multiples défis, Mortal Kombat s’avère être le rêve de tout fan de la saga. Avec son mode story qui s’intéresse aux passés de nombreux combattants et qui propose en plus des petits rebondissements très sympathiques (n’oublions que l’on parle ici d’un scénario de jeu de baston), le titre de NetherRealm joue à fond la carte du fan service grâce aux diverses arènes des anciens épisodes remasterisées et autres surprises réservées aux connaisseurs (toastyyyyy !). Les autres prendront surement un peu moins de plaisir à progresser dans le tournoi, confrontés à un gameplay au premier abord rigide et face à des personnages burinés improbables directement sortis d’un mauvais comics book qui se serait rêvé manga. Des joueurs qui du coup seront surement moins aptes à laisser passer la difficulté en dents de scie du mode story, et resteront dubitatifs lorsqu’ils verront que spammer un bouton pour exécuter un mouvement particulier à répétition peut mener à la victoire. Heureusement, le jeu entre les mains, nous ne pouvons que constater un contenu riche avec les différents tests d’aptitudes chers à la saga, et la présence de la tour des défis qui comme son nom l’indique propose plusieurs petits affrontements à objectifs. Autrement dit, et contrairement à ses illustres combattants, Mortal Kombat assure une durée de vie conséquente, d’autant plus qu’un mode en ligne est aussi au programme.
Activable grâce aux désormais classiques (et décriés) pass en ligne, le online de MK a connu lors de la sortie du jeu beaucoup de déboires causés par un lag omniprésent. Des soucis de code réseau appartenant aujourd’hui au passé, puisque les parties sur le Xbox Live jouées au moment où ces lignes sont écrites ne souffrent d’aucun ralentissement notable. Du coup, les combats (en 1 contre 1 ou plus) se déroulent dans de bonnes conditions. Pour ce qui est du mode star, à savoir le « Roi de la colline », les petits gars de chez NetherRealm ne se sont pas fichus de nous. Pouvant accueillir jusqu’à 8 joueurs (6 spectateurs, les 2 autres sur le ring), le but du jeu est fort simple : rester dans l’arène en enchaînant les victoires, l’adversaire battu étant automatiquement remplacé par un guerrier de la salle d’attente. Le tout dans la joie et la bonne humeur, puisque les petits avatars Xbox se retrouvent dans une sorte de salle de cinéma où le match en cours est diffusé, avec la possibilité de jeter des tomates, d’encourager ou au contraire de huer ce qui se passe à l’écran. Décidément, ce Mortal Kombat réussit avec brio les mélanges. Le gore à outrance côtoie l’humour débile d’esprits torturés adolescents et le défi des affrontements se marie avec la décontraction ambiante. Oui ça saigne, oui c’est dur et stressant en ligne, mais dans le fond, c’est pour de rire ! Signalons également la possibilité de noter les matchs en cours afin de punir les campeurs/spammeurs comme il se doit. Contrairement aux tripes nauséabondes d’un Kabal en cavale donc, il n’y a vraiment pas grand choses à jeter dans ce dernier Mortal Kombat qui mérite même de trôner fièrement aux côtés des ténors du genre, tout décomplexé qu’il est.
+
- Du sang, des fractures, des fatalités, des babylités...
- Une réelle personnalité pour un gameplay intéressant
- Le mode story qui enterre tout ce qui s'est vu jusqu'à présent
- Plein de modes de jeu et de choses à débloquer
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- Peut mieux faire techniquement
- Spammer un bouton peut faire gagner
- Des personnages parfois mal équilibrés