Test : MotoGP 20 sur Xbox One
Cette année, j’ai mon MotoGP tôt
Nous sommes le 23 avril et nous avons donc déjà entre nos mains la dernière édition en date de MotoGP. Avec les italiens de Milestone au guidon depuis maintenant de nombreuses années -ils ont traversé l’ère Xbox One-, l’appellation MotoGP c’est déjà l’assurance pour le joueur de retrouver ses pilotes, écuries et motos officielles, sur les circuits officiels, pour vivre si possible toute l’intensité du championnat du monde. Cerise sur le gâteau désormais habituelle, on peut aussi aller voir du côté de la Moto2 et de la Moto3 pour retrouver pilotes et écuries officielles. Bref, comme d’habitude, du côté du contenu officiel, il n’y a pas grand-chose à redire face à MotoGP 20. Si les puristes et curieux notent la disparition regrettable des MotoE, ils peuvent se rattraper avec deux circuits historiques : Donington Park et Laguna Seca. Deux pistes que l’on connait bien, mais que l’on a plus que jamais plaisir à fouler, surtout lorsque cela est possible dans le plus récent des jeux de moto sur Xbox One. A l’approche de la fin de la génération de consoles actuelle, on recherche forcément un petit goût d’accomplissement, un bouquet final d’une « saison Xbox One/PS4 » marquée par une progression mesurée mais bien réelle du MotoGP, et qui a débouché l’an passé sur un MotoGP 19 solide en tous points.
Une catégorie de moto en moins donc, mais un mode tout nouveau est là. Avant d’aller regarder en détail la carrière, plat de résistance s’il en est, parlons un peu de ce Mode Historique. Avec ses trois défis remplacés chaque jour par de nouveaux, ce mode invite le joueur à prendre la place des légendes du MotoGP et même de l’époque où on appelait ça « la catégorie des 500 » (500cc deux-temps). A vous d’accomplir l’objectif suivant trois modes de difficulté et gagner des crédits pour débloquer le grandissime Doohan, plusieurs modèles de Valentino Rossi suivant les époques, Jorge Lorenzo, Alex Crivillé ou encore les regrettés Nicky Hayden et Marco Simoncelli. Bref, entre les pilotes à débloquer et les motos qui vont avec, ce mode qui ne brille pas par sa forme propose tout de même de quoi motiver les anciens qui ont vu en direct la poussette de Capirossi ou le carbu’ de la Honda de Doohan le précéder jusque dans les graviers. En dehors de cela, vous pouvez toujours aller faire une course rapide, un championnat complet ou vous lancer dans un contre-la-montre avec tous les pilotes et écuries disponibles dans les trois catégories, auxquelles s’ajoutent celles liées aux icones du passé que vous avez débloqué. Pas de mode deux joueurs en local en revanche, il faut passer par le multijoueur en ligne pour se frotter à d’autres humains. C’est classique de ce côté mais ça fonctionne très bien, grâce notamment à la présence de serveurs dédiés. Il y a du monde, c’est fluide et la plupart des joueurs adopte un comportement tout à fait correct.
Si toutefois c’est en solo que vous entendez avant tout profiter de MotoGP 20, c’est naturellement vers le mode Carrière qu’il faut vous tourner. Après un passage par l’éditeur de personnage très complet (on change tout du casque aux gants en passant par le numéro personnalisable jusque dans son esthétique), on a le choix de débuter la carrière dans n’importe quelle catégorie. Une bonne chose si vous n’appréciez que très peu la relative mollesse de la Moto3, bien que cela représente un excellent moyen de se familiariser avec le gameplay. Dans tous les cas, MotoGP 20 vous invite à recruter un manager, lequel vous permet au fil du temps et de la réputation gagnée de conclure des contrats plus avantageux. Il faut dire qu’avec votre première écurie, quelle qu’elle soit, vous avez peu de chances de vous hisser très haut au championnat. Le management maitrisé est également une pièce maitresse de l’évolution au sein de l’univers MotoGP. Une partie des activités est dédiée au développement de la machine : moteur, cadre, aérodynamisme et électronique peuvent être améliorés en recrutant des ingénieurs et en les assignant plusieurs semaines sur la R&D. Comme pour le reste, les plus efficaces sont les plus onéreux, sachant qu’il faut en plus de l’équilibre financier chercher à optimiser la synergie de l’équipe sur les axes de développement souhaités. Difficile de faire du « en même temps » macronien, mieux vaut définir un axe principal et s’y tenir. L’aspect managérial dans MotoGP 20, qui aurait peut-être mérité un peu plus d’explications (il faut y aller soi-même), est plutôt prenant et intéressant. Il compense à sa manière un enrobage comme toujours très sobre, trop sobre. Pas d’animations particulières, scénettes et encore moins de semblant de scénario, pas même une boîte mail cette fois. C’est la course et pas grand-chose d’autre qui compte.
Mais même sur la piste, on retrouve un aspect management encore très présent. A la manière d’un F1 2019, MotoGP 20 nous invite à profiter des essais pour participer à des séances de recherche qui permettent de développer plus vite et mieux la moto. Les objectifs sont un peu répétitifs, comme suivre une trajectoire le mieux possible ou envoyer le meilleur temps au tour possible, mais puisque l’on est de tout façon sur la piste en train de l’analyser en vue des qualifications et de la course, autant en profiter pour récolter des données. Parallèlement, vous pouvez appliquer des réglages directement sur votre bécane ou alors évoquer la problématique avec l’ingénieur via des choix multiples. Celui-ci appliquera alors les correctifs qui s’imposent. Dernière chose avant de prendre la piste et pour nous d’évoquer le gameplay plus précisément : il vous faut prendre en considération les types de pneus disponibles (gomme tendre, moyenne ou dure), anticiper l’impact de leur usure et surtout, décider de la quantité de carburant à embarquer. Un indicateur vous donne le nombre de tours faisables en théorie, mais vous allez vite vous rendre compte que cela peut changer une fois sur la piste.
Lancé comme une balle, MotoGP 20 délivre de bonnes sensations. Les points de caméra que l’on attend sont tous là et vont de l’externe classique aux trois vues intérieures (casque, guidon, bulle). Même en vue extérieure, on dispose d’une bonne sensation de vitesse. Pas aussi impressionnante que celle que nous a envoyé dans la face récemment TT Isle of Man 2, mais néanmoins tout à fait satisfaisante. Avec un peu de pratique, les vues internes sont parfaitement jouables et offrent de très bonnes vibrations. On n’est pas Valentino Rossi pour juger, mais ce que Milestone nous met entre les mains est très plaisant à découvrir, autant que précis, évolutif, plein de subtilités à maitriser. Le poids de la moto, les transferts de masse, la sensation de grip : piloter dans MotoGP 20 est plaisant. Comme dans tout bon Milestone qui se respecte, MotoGP 20 propose trois niveaux de gestion de la physique et éventuellement le couplage des freins (voir le freinage automatique), et la fonction Rewind. Autant vous le dire tout de suite : il faut bannir ces « aides au pilotage » qui n’en sont pas. Le freinage automatique est une hérésie, les freins couplés gênent plus qu’ils n’aident à maitriser les courbes et la physique en amateur donne le sentiment que la moto avance avec un balai dans le pot. Les vraies aides importantes, à savoir le contrôle de la traction, l’anti-wheelie ou le niveau de frein moteur se règlent avant le départ et peuvent être modifiés en pleine course. C’est une fonctionnalité tout bonnement excellente qui permet de véritablement adapter les choses à la fois à ses capacités mais aussi à la configuration du circuit.
On peut aussi régler la cartographie moteur. En bref, on dispose de trois niveaux de puissance qui vont influencer la vitesse de la bécane mais aussi sa consommation de carburant et l’usure en général. A vous de gérer correctement le passage du niveau 1 au 2 (le 3 c’est vraiment pour envoyer la sauce sur un tour de qualification) pour une remontada ou une échappée. MotoGP 20 nous met véritablement un maximum de choses en mains pour trouver notre style et le développer, sachant qu’il faut s’investir un minimum pour vraiment prendre du plaisir sur la piste. Gérer le freinage n’est clairement pas inné ; on peut d’ailleurs certainement reprocher à MotoGP 20 un certain abus sur le stoppie et à l’opposé, une grande propension de la roue arrière à chasser. Vraiment beaucoup. On s’y fait cependant, la clé étant comme dans tout jeu de courses autant la maitrise du véhicule que la connaissance du tracé. Et la résistance à l’IA, aussi. Intronisé avec MotoGP 19, le système d’intelligence artificielle évolutive A.N.N.A. est de retour mais pour l’heure, on est assez mitigé. Si les performances brutes sont au rendez-vous dès que l’on réhausse le niveau de difficulté (par ailleurs vraiment large et adapté à tous) et que l’on constate effectivement une prise en compte par l’IA de l’utilisation de la cartographie moteur (et par extension du niveau de carburant/usure des pneus), son comportement dans le choix des courbes est discutable. Pour parler clairement c’est bordélique et si nous-même tentions des passages de cette façon et à cette vitesse, il n’y a aucune chance que ça ne passe. Aucune. Il y a encore quelques petites choses à améliorer du côté de l’IA qui va parfois aussi aller au carton sans sourciller, mais qui a tout de même le bon goût aussi d’aller se vautrer avec ses congénères. Les accidents entre pilotes gérés par l’IA ne sont pas rares.
Qui dit accident, dit dégâts. Dans MotoGP 20, ils sont autant visuels que réels sur les performances de la moto. Attention à ne pas abuser, même des petites touchettes, sous peine d’avoir bien du mal à boucler la course si vous mettez de côté le Rewind magique. Mais dans l’ensemble, on passe du bon temps sur MotoGP 20, dans une ambiance sonore assez fidèle à la réalité, sans être vraiment parfaite. La sonorité est correcte mais il lui manque un peu de « corps », en comparaison de ce que l’on peut entendre lors des caméras embarquées en course. Visuellement aussi MotoGP 20 est un jeu de qualité qui sans vous arracher la rétine propose une expérience très propre sur Xbox One X, tant au niveau de la reproduction des pistes officielles que des motos et pilotes. Les gabarits sont respectés et la large game d’outils de personnalisation permet d’en profiter pleinement. Sous le soleil ou sous la pluie, les courses se déroulent sans que le framerate ne souffre de façon notable, même lorsque l’entrée d’un virage est occupée par une douzaine de concurrents. C’est certes un peu calme autour de la piste, même la séquence qui précède le démarrage de la course manque de peps. Mais on pardonne ça au regard de l’expérience dans son ensemble, pas révolutionnaire mais parfaitement à la hauteur pour clôturer la dernière saison pré-Xbox Series X. On a hâte d’être à l’année prochaine.
+
- Tout l’univers du MotoGP
- Pilotage plaisant, exigeant…
- … Offrant une belle courbe de progression
- Techniquement solide
- Aspect managérial intéressant et prenant
- Gestion du carburant, des dégâts
- Difficulté largement paramétrable
-
- IA encore perfectible
- Pas de modes multijoueur offline
- Stoppie, stoppie, glissage un peu exagérée
- Comme toujours un peu austère