Jeux

NBA 2K19

Sport | Edité par 2K Games | Développé par Visual Concepts

6/10
One : 11 septembre 2018
26.10.2018 à 20h14 par - Rédacteur

Test : NBA 2K19 sur Xbox One

L'appel des VC

Après une édition 2018 qui n’aura reculé devant aucune ignominie pour solliciter votre porte-monnaie tout en proposant un degré de finition scandaleux, 2K se doit de revenir avec de meilleures intentions. C’est d’autant plus vrai que s’il est encore un peu loin du compte, le Live d’EA Sports met les bouchées doubles pour tenter un invraisemblable reverse sweep.

Et ça démarre plutôt mieux pour 2K19, qui a semble-t-il enterré notre ami DJ au panthéon des pire héros de l’univers. L’aventure scénarisée (et facultative, ouf) de MaCarrière vaudrait-elle enfin le coup d’œil ? On n’ira pas jusque-là, tant AI nous est sorti par les yeux au bout de cinq minutes : si le niveau de ridicule a globalement reculé d’un bon cran, on nage dans un scénario de téléfilm de sieste dans lequel l’exécrable « AI » se noie dans son seum comme un joueur de League of Legends lambda. Mal écrite, mal jouée et horriblement rythmée, cette mise en bouche met une fois de plus en lumière l’incapacité de Visual Concepts à mettre en valeur un produit qui n’est ni divertissant, ni enrichissant. On sort en tout cas de l’expérience aux commandes d’un underdog déplaisant dont les statistiques misérables décrédibilisent le spot NBA qui lui est offert.

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Vous l’avez lu partout : magnanime comme jamais, 2K tente de se faire pardonner des excès de l’an dernier en rendant le passage chez le coiffeur gratuit. Cette immensité d’âme ne masque pas la véracité des faits et c’est un grind toujours aussi mortel qui attend celui qui souhaite continuer l’aventure dans ce mode. Si une bonne négociation de contrat permet d’empocher un bon millier de VC – la monnaie du jeu – à chaque victoire, le moindre point de statistique supplémentaire dépasse rapidement et largement ce montant, obligeant à aligner les matchs avant d’espérer améliorer son shoot, un élément de sa défense ou une qualité physique. Au-delà du parti pris qui manque de crédibilité (comment peut-on embrasser ce début de carrière avec un joueur-poubelle qui ne sait rien faire ?), la longueur et la violence de l’ascension pousse inévitablement à la dépense. Et là aussi, c’est le taquet derrière la tête et la CB : le prix des VC, couplé à l’inflation des coûts en statistiques, donne vite le tournis. Bien sûr, on réalise qu’il ne s’agit pas forcément d’avoir un perso à 99 en deux semaines, et que personne ne sort de l’écran pour vous obliger à taper votre code de CB. Pour autant, la montée en puissance est tellement intangible et les sollicitations financières si nombreuses (6000 pièces pour une paire de pompes récentes) qu’on peut vite être tenté de craquer. Surtout, le processus concentre toute l’attention du joueur sur la progression de sa note, ou d’une poignée de nombres : « ai-je assez de VC pour me payer un point ? Cela suffira-t-il à me faire passer 70 ? Vais-je sentir la différence ? ». Sacrifiée sur l’autel du chiffre, la progression du skill et/ou du style est très secondaire chez 2K.

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Au chapitre des améliorations, on note la présence de quelques raccourcis permettant de limiter les allers et venues dans le Neighborhood. On peut donc enchaîner les matchs et les entraînements sans avoir à balader son avatar dans un décor qui rame (framerate divisé par deux sur One X), ce qui est plutôt bienvenu pour qui souhaite se limiter aux choses de la NBA. Le quartier a par ailleurs été revu pour limiter les déplacements inutiles, mais on reste peu convaincu de l’intérêt réel de cette place virtuelle par rapport à des menus. En dehors de jalouser ceux qui se balader déjà avec trois barres de fringues siglées et d’éventuellement avoir envie de les imiter en passant à la caisse, bien sûr. L’expérience utilisateur reste globalement assez déplaisante, avec des chargements monstrueux – plus d’une minute pour un match en version démat’ – qui n’incluent pas une pelletée de cutscenes et autres transitions qui ne cessent de casser le rythme et qui transforment chaque match en chemin de croix. C’est encore pire en MaCarrière, les sorties de bancs occasionnant des remises en jeu encore plus longues qu’à l’accoutumée. Vu de l’extérieur, 2K19 a tout de la NBA tel qu’on la voit à la télé ou en PPV : de belles gueules souvent bien modélisées, des ralentis qui claquent, un habillage télé convaincant, des statistiques partout, on en passe et des meilleures. S’il n’a pas réellement gagné en qualité graphique depuis son arrivée sur One, 2K a suffisamment de gueule pour tromper un quidam qui croira tomber sur une rediff’ BeIn. Manette en mains et passé le plaisir de la découverte, les soupirs plus ou moins excédés qui ponctuent la plombe que dure chaque match finissent vite par saouler.

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C’est d’autant plus regrettable qu’entre ces innombrables coupures, 2K reste un jeu de basket globalement inattaquable en dépit d’une certaine stagnation. Gabarits, physique de balle, collisions, la partie simulation est suffisamment cohérente pour favoriser un jeu fluide et créatif. Tout n’est pas parfait, et l’on peut toujours pester sur ces transitions trop lentes, quelques animations qui cassent ou la façon dont l’IA adverse déclenche une coupe juste après votre passe histoire de vous mettre dedans. Ces défauts, qui existent depuis un moment, pourront faire rager les plus pointilleux. Pour autant, on ne trouve pas mieux sur le marché et à condition de rester éloigné des modes permettant aux petits malins d’imposer leur joueur pété – Visual Concepts peine toujours autant avec ses archétypes – on passe un excellent moment sur les parquets. Sur le bitume des oppositions moins régulées, c’est à celui qui a choisi les skills qui fonctionnent, mis suffisamment de points (ou d’argent) dans son évolution, et qui a le plus de tolérance pour un matchmaking de Z League. Pour finir, l’ajout d’une jauge Takeover laisse circonspect, son impact réel n’étant pas folichon et l’idée-même d’un power-up paraissant en légère contradiction avec le côté hardcore de la simu. Pas bien gênant.

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Terminons sur l’abondance de contenus d’un titre qui pourrait en contenir plusieurs. Outre le MaCarrière, susceptible d’engloutir plusieurs dizaines d’heures malgré ses excès, la possibilité de jouer une saison, des playoffs ou toute une carrière de GM devrait contenter n’importe quel profil. Les moins solitaires doivent toutefois serrer les dents, le code réseau de 2K étant toujours aussi prompt à casser les timings que vous aviez pourtant parfaitement en tête. On passera sous silence le désormais très classique MyTeam, l’équivalent du FUT de FIFA qui titille violemment la fibre acheteuse pour faire acheter l’équivalent du budget de la mairie de Levallois en cartes virtuelles. Lesquelles servent à bâtir une équipe faite d’anciennes et nouvelles stars de la balle orange, lesquelles sont immanquablement disloquées par un adversaire au skill de ligue de développement, mais au compte en banque comptant plusieurs bagues de champion.

6/10
Si on est si sévère avec ce 2K, c’est parce qu’il n’a pas vraiment écouté les doléances de joueurs blessés par une version 18 cynique au possible. Toujours extrêmement intéressé, le porte étendard du basket virtuel n’a de cesse de tenter de desserrer les cordons de votre bourse, et c’est franchement fatigant. On rage d’autant plus que les lourdeurs traditionnelles de la série sont toujours plus présentes, et que le côté simulation tend quant à lui à stagner. On s’y amuse toujours autant, certes. Mais de là à claquer son billet de 70 sans réfléchir, il y a un double pas que l’on ne fera plus.

+

  • Présentation globale
  • La simulation, toujours riche
  • Beaucoup de contenu

-

    • Un jeu assassiné par les microtransactions
    • Beaucoup de bugs
    • Stagnation globale