Test : Need for Speed Payback sur Xbox One
Besoin de plus que de la vitesse
Bienvenue à Las Veg… Fortune Valley, avec ses casinos, ses escrocs et ses inévitables courses de rues clandestines au volant de bolides qui ne passent pas inaperçus. Là-bas, trois jeunes gens plein d’avenir ne passent pas leur bac et préfèrent plutôt se vautrer dans les sièges baquets de quelques belles voitures, quitte à les emprunter sans autorisation s’il le faut. Mais un soir, en dépit d’un plan huilé comme un bon moteur, les choses ne se passent pas vraiment comme prévu. Ils ont voulu s’attaquer au grand patron des rues de Fortune Valley : le Clan. Ca, ça ne pardonne pas. Les voilà alors exilés, trahis, contraints de collaborer avec un mystérieux personnage s’ils veulent assouvir un jour leur vengeance. Le scénario de Need for Speed Payback ne réinvente pas le genre, n’évite assurément pas les clichés mais il n’est pas non plus inintéressant de découvrir petit à petit ce qui se cache derrière le Clan à Fortune Valley, d’autant qu’ont été mises de côté les vilaines cinématiques en FMV du précédent épisode pour des cut-scenes réalisées avec le moteur du jeu. Il faut néanmoins se coltiner une galerie de personnages au mieux caricaturaux, au pire complètement insipides comme la figure principale de cette aventure. Imaginez-vous remplacer Vin Diesel par un clone de Justin Bieber et vous mesurerez alors le niveau de sympathie et de crédibilité qu’inspire notre héros du jour. Ca ne vole pas non plus très haut pour les deux autres, la faute en particulier à des doublages français allant du correct à l’abominable pour la gente féminine. Attention les oreilles quand parle la chef d’un clan de fondus de dragsters : on croirait discuter avec une vielle elfe dans un bar de Tamriel.
Parlant de factions, ce sont ces organisations qu’il faut mettre au pas pour se faire une réputation et se rapprocher chaque jour un peu plus du Clan. Les missions principales, parfois explosives et bien mises en scène sont ainsi entrecoupées par plusieurs séries de courses plus conventionnelles face à diverses factions, selon quatre types d’épreuves : les courses classiques (sur bitume ou sur terre), le drift, les courses de drag et enfin les épreuves dites «mission» consistant le plus souvent à livrer quelque chose et à échapper à la police. Le tout se fait aux commandes d’un gameplay orienté à 200% vers l’arcade, avec une prise en mains instinctive. Il ne faut pas plus de quelques minutes pour avoir les choses bien en mains, à tel point que les habitués risquent de trouver cela beaucoup trop assisté. Si l’on apprécie forcément l’impression de vitesse bien rendue et le sentiment de puissance que provoque cette sensation de ne jamais pouvoir se rater, il finit au bout de quelques heures par se développer une certaine frustration. Il suffit de tirer le frein à main pour s’en rendre compte : qu’importe l’angle ou la vitesse, la voiture trouve toute seule la trajectoire parfaite. Ainsi équipée d’une sorte d’ESP magique, la conduite proposée par Need for Speed Payback (par ailleurs non paramétrable) privilégie largement l’accessibilité au détriment d’une quelconque maitrise progressive des différents engins.
« Si encore une fois on ne nie pas un certain plaisir à conduire à toute vitesse sans stress, le challenge fait clairement défaut à Need for Speed Payback et cela finit par se ressentir à mesure que l’on avance »
Ce qui détermine la capacité à vaincre, au-delà des trois paliers de difficulté traditionnels, c’est avant tout le niveau de la voiture. Comme dans The Crew d’Ivory Tower (sorti fin 2014 sur Xbox One et 360), plusieurs éléments du véhicule peuvent être améliorés avec des cartes, régulièrement gagnées en courses ou achetées auprès de nombreux garages disséminés sur la map. Chaque carte a un niveau d’efficacité, elle offre un bonus spécifique (vitesse, saut, nitro, accélération) et l’addition de plusieurs cartes d’une même marque permet de bénéficier d’un effet positif supplémentaire. Le tout donne une notation globale à la voiture, point de repère pour savoir si l’on peut prétendre gagner les épreuves à venir. Devenu plus généreux depuis quelques mises à jour, le système de récompenses de Need for Speed Payback permet la plupart du temps de pouvoir acheter ou gagner des cartes d’un niveau suffisant pour ne pas gêner la progression à coup de grind. Néanmoins, comme dans The Crew précédemment cité, peut-être même plus encore ici, tout repose beaucoup plus sur les cartes en mains que sur la maitrise de la conduite. Si encore une fois on ne nie pas un certain plaisir à conduire à toute vitesse sans stress, le challenge fait clairement défaut à Need for Speed Payback et cela finit par se ressentir à mesure que l’on avance. Péniblement.
Cette absence d’évolution, de sentiment que l’effort est gratifiant est d’autant plus problématique dans un titre où la progression manque clairement de rythme. Pour débloquer les missions principales il faut passer par une succession d’épreuves malheureusement pas toujours passionnantes. Si les courses classiques font le boulot et les épreuves de drift offrent quelques tracés intéressants pour peu que l’on aime ça, le drag et les missions de livraison/évasion son autrement moins plaisantes. Dans le premier cas, c’est un peu un retour de bâton pour le gameplay trop permissif et basé sur le niveau de la voiture : vu qu’il s’agit de rouler tout droit et de passer les rapports au bon moment (il est difficile de se rater), seul le niveau du véhicule influence finalement le résultat. Du coup, on s’ennuie assez rapidement, ressenti problématique quand il faut bon gré mal gré se farcir des épreuves comme cela par paquet de cinq. La partie mission aurait pu être intéressante puisqu’elle oppose la plupart du temps le joueur à cette bonne vieille police ; mais là encore, ça ne fonctionne pas vraiment. D’abord parce qu’il est trop facile de se débarrasser de ses poursuivants mais surtout parce que s’échapper consiste tout bêtement à suivre un chemin balisé jusqu’à un point de sortie. On n’est donc pas libre d’essayer de semer ses poursuivants, de se planquer dans une petite rue en attendant que ça se calme… Non, non. Il suffit juste de suivre les checkpoints et de zieuter de temps à autres le chronomètre bien que le risque de time out soit quasi-nul. Restent les courses en ligne qui offrent naturellement plus de challenge à défaut d’originalité et également de nombreux défis disséminés un peu partout sur carte, à la manière d’un Forza Horizon. Radars, zones de drift, sauts et autres défis de vitesse s’invitent ainsi régulièrement dans les pérégrinations de zonards.
« On regrette également que la qualité technique du titre ne soit pas vraiment à la hauteur de son éclectisme : si les véhicules sont en nombre correct pour le genre [...], le rendu graphique dans son ensemble n’impressionne pas et est même clairement inférieur à ce que proposait le Need for Speed de 2015 »
La carte de Fortune Valley, aux dimensions plus proches de l’Italie d’Horizon 2 que du trois et à des années lumières de The Crew propose néanmoins des environnements très variés, propices à toutes les expériences de conduite proposées. La partie ville est ainsi bordée par un désert, des forêts et une zone montagneuse offrant de quoi faire plaisir aux amateurs de courses de côte. Le tout sur une bande-son alternant électro, RnB et rock en parallèle de bruits de moteurs agréables. La transition d’un décor à l’autre se fait en douceur et invite à chercher des stations-services pour s’assurer des voyages rapides gratuits, différents bonus et une poignée de carcasses de véhicules auxquels redonner vie. En voyageant on a droit ponctuellement à quelques indices pour regrouper les pièces nécessaires à la réparation des différentes épaves. Le free ride n’est pas désagréable et il est du coup bien dommage que Need for Speed Payback ne propose pas de coopération. On regrette également que la qualité technique du titre ne soit pas vraiment à la hauteur de son éclectisme : si les véhicules sont en nombre correct pour le genre (environ 80, avec des vrais Porsche), très bien modélisés et proposent toutes sortes d’éléments de personnalisation, le rendu graphique dans son ensemble n’impressionne pas et est même clairement inférieur à ce que proposait le Need for Speed de 2015. Si la comparaison est à pondérer par des décors moins variés pour le précédent titre de la saga et la présence ici d’un cycle jour/nuit, on aurait tout de même apprécié qu’un peu plus de soin soit apporté à l’ensemble. Tout n’est pas logé à la même enseigne dans Payback, la qualité fait le yoyo selon l’endroit, que ce soit au niveau des textures, de la modélisation des éléments ou personnages, de la présence plus ou moins prononcée du cliping ou de petites baisses de framerate. Notez par ailleurs que Payback n’est pas vraiment copain avec le démarrage rapide la Xbox One : reprendre le jeu après avoir éteint la console cause pas mal de problème de stabilité (framerate, collisions fantômes, menus très longs à afficher). Comme dirait l’autre : correct mais peut mieux faire.
+
- Map aux environnements très variés
- Missions principales dynamiques
- De jolis véhicules et beaucoup d’éléments de tuning
- Bonne impression de vitesse
- Prise en mains immédiate…
-
- … Mais le sentiment d’être trop assisté
- Le loot au détriment du pilotage
- Progression laborieuse
- Certaines épreuves ratés (courses-poursuites principalement)
- Techniquement inégal
- Galerie de personnages clichés
- Doublages français parfois insupportables