Jeux

Ninja Gaiden 4

| Edité par Koeï-Tecmo | Développé par Platinum Games

8/10
One : 21 October 2025 Series X/S : 21 October 2025
21.10.2025 à 08h10 par - Rédacteur

Test : Ninja Gaiden 4 sur Xbox Series X|S

Ninja Gaiden Rising Revengeance

Comme Ulysse qui a fait un (bien) long voyage, Ryu Hayabusa est de retour chez lui en cette année 2025. Impérial dans un Ninja Gaiden 2 Black qui a rappelé qui était le patron du beat’em all, l’homme masqué vient remettre un coup de katana pour la sortie du tant attendu Ninja Gaiden 4. Coconstruit avec PlatinumGames, ce nouvel épisode se veut moderne, ambitieux, taillé pour faire oublier que cela fait bien trop longtemps que l’on souhaite poser les mains sur Ninja Gaiden 4.

Un peu plus de vingt années se sont écoulées depuis ce jour autant béni que redouté où nous avons découvert Ninja Gaiden sur Xbox. Le premier d’une nouvelle ère pour cette vieille licence. Véritable testeur de patience et de volonté, mais surtout formidable jeu d’action à l’esthétique merveilleuse pour l’époque, Ninja Gaiden a gravé comme cela son nom pour l’éternité au Panthéon du beat’em all. Puis vint un second épisode sur Xbox 360. Brutalissime, décomplexé, jouissif au plus haut point, Ninja Gaiden 2 sur la seconde console de Microsoft reste à ce jour le phare dans la brume pour les joueurs qui ont vu plus tard la saga s’aseptiser quelque peu (avec Sigma 2 en particulier) et carrément trébucher pour Ninja Gaiden 3.

Malgré cela, l’envie d’un quatrième épisode a toujours été très forte pour les amateurs de ce genre devenu malheureusement bien discret sur nos consoles. Alors, maintenant que l’on s’est remis dans le bain il y a peu avec le formidable Ninja Gaiden 2 Black, nous voilà archi-prêts à plonger dans les méandres torturés et sanglants de Ninja Gaiden 4 sur consoles. Grâce à sa disponibilité le jour même de sa sortie sur le Xbox Game Pass Ultimate, ce nouvel épisode bénéficie naturellement d’une ouverture au public autrement plus large qu’elle ne l’a été pour ses prédécesseurs ; il est donc plus que jamais de notre devoir de vous expliquer un peu où chacun s’apprête à mettre les pieds.

Ninja Gaiden 4 se déroule postérieurement aux événements du troisième épisode. On ne sait pas vraiment combien de temps s’est écoulé depuis l’ultime combat livré par Ryu Hayabusa. Mais ce qui est certain, c’est qu’en dépit de tous ses efforts et de sa capacité à vaincre le Dragon Noir, celui-ci revient à la vie systématiquement. Nonobstant son statut de héros légendaire, Hayabusa ne peut être celui qui parviendra à mettre un terme définitif au chaos causé par le Dragon Noir. Tokyo est ainsi devenue une ville grandement dévastée, ses alentours aussi. Le ciel, sombre et chargé en permanence, ajoute une touche lugubre à ce monde qui n’a guère à renier à la décharge d’un Gunmm. Il existe toutefois un moyen de mettre un terme à tout cela.

Selon les écrits, seul un ninja du clan du Corbeau, rival du clan Hayabusa, a la capacité d’occire définitivement le Dragon Noir. Yakumo fait d’ailleurs partie de ce clan et c’est à l’occasion d’une mission d’assassinat dont sa maison a le secret que ce jeune ninja fait une rencontre qui bouleverse non seulement ses plans, mais aussi ceux de l’univers quant à la survie de l’humanité. Ce Dragon Noir, qu’Hayabusa avait scellé faute de pouvoir le tuer, est désormais la cible de Yakumo. Pour parvenir à ses fins, le jeune ninja du clan du Corbeau doit donc se rendre là où se situent les sceaux qui retiennent le Dragon Noir pour finalement le libérer et lui régler son compte.

Ninja Gaiden 4 test 1

Brièvement racontée de la sorte, cette histoire n’a certes rien de dingue mais il faut savoir qu’elle est assurément à ce jour la plus intéressante et la mieux racontée de l’univers Ninja Gaiden. On a gardé au fond du placard quelconque surprise ou twist fou, mais l’ensemble se laisse suivre sans mal aucun, grâce notamment aux cinématiques présentées en nombre convenable et aux nombreuses petites discussions par radio interposée entre Yakumo et les deux membres du clan qui supervisent les choses à distance. Ce cadrage clair et cet effort de personnification étaient des éléments importants à prendre en compte par les développeurs et c’est clairement ce qu’ils ont fait, nous permettant ainsi d’apprendre à connaître Yakumo et à en apprécier la singularité. Vous le savez sans doute, Ninja Gaiden 4 introduit donc un nouveau héros en provenance du clan du Corbeau. Ryu Hayabusa demeure jouable pour quelques missions lors du premier run, puis n’importe quand dès lors que l’on finit le jeu une première fois, mais c’est bel et bien Yakumo qui est le héros de Ninja Gaiden 4.

Si la saga nous avait habitués à quelques changements ponctuels de personnages pour ses épisodes Sigma notamment, on avait forcément une petite crainte quant à l’idée de se passer plus ou moins longtemps de Ryu Hayabusa pour laisser un maximum de place à un petit nouveau. Mais aujourd’hui, alors que l’on a terminé l’aventure Ninja Gaiden 4, tout cela prend sens. A la différence des précédents jeux, ce quatrième épisode a été développé par PlatinumGames, studio que l’on connait tous très bien pour les excellents Bayonetta, Vanquish, NieR Automata et autres Metal Gear Rising Revengeance. Des jeux qui ont en commun une approche de l’action à la troisième personne survitaminée, brutale, viscérale. C’est cela qu’incarne Yakumo et qui fait de Ninja Gaiden 4 un jeu qui reprend habilement les codes de l’art du combat incarné par la saga en multipliant leur dimension explosive. Imaginez Ninja Gaiden 2 et ses combats vifs et sanglants, ses exécutions et démembrements, toutes ses manœuvres qui le caractérisent (attaques chargées, décapitation en vol, saute-mouton, Izuna Drop et j’en passe), encore plus rapide, mieux chorégraphié, et tout aussi brutal. Les premiers combats font ressentir ce savant mélange. Il y a quelque chose de familier provenant à la fois des expériences Team Ninja et PlatinumGames qui transpire de Ninja Gaiden 4. Avec parfois ce que cela a de pénible, comme le placement de la caméra dont il faut s’occuper en permanence. Décidément, la caméra à la traîne mal fichue, dans les lieux clos notamment, semble coller à la peau de Ninja Gaiden, qu’importe qui développe le jeu.

Ninja Gaiden 4 test 2

L’introduction de ce nouveau héros coïncide avec l’enrichissement du système de combat autour de nouvelles armes et capacités. Yakumo débute son aventure avec une paire de lames, plus courtes que le katana de Ryu, pour des affrontements au contact rapides et précis. Plus tard, on débloque une épée longue, un bâton puis un ensemble hybride qui permet des attaques légères à distance et lourdes au corps-à-corps. On peut passer facilement d’une arme à l’autre, chacune étant affectée à une touche de la croix directionnelle. Elles se distinguent naturellement par des différences notables en termes de vitesse, d’allonge et de puissance ; charge au joueur de choisir celle qui convient le mieux au type d’ennemi qu’il a en face pour optimiser les résultats mais dans l’ensemble il est tout à fait possible d’évoluer en conservant majoritairement l’arme avec laquelle on se sent le plus à l’aise.

Les capacités du héros se scindent entre celles qui sont utilisables qu’importe l’arme utilisée et celles qui sont évidemment liées à l’outil que l’on a en main. On débloque les compétences générales contre des « Ninja Coins » (soit l’or dans Ninja Gaiden 4), monnaie également utilisée aux points de contrôle pour refaire éventuellement le plein d’objets de soin, de résurrection (on reste limité à un seul comme toujours) et d’amélioration temporaire de l’attaque et de la défense. Les compétences spécifiques aux armes requièrent en revanche des points dédiés, que l’on obtient – comme les Ninja Coins – en combattant.

Les combats sont notés. Ils récompensent les combos longs et diversifiés. Ce système s’appuie aussi sur l’utilisation d’un tout nouvel élément de gameplay dont nous n’avons pas encore parlé, la « forme Corbeau ». En attaquant tout en maintenant enfoncé LR, Yakumo délivre de puissantes attaques qui peuvent briser la garde adverse ou résister/contrer certains assauts qui sont autrement imparables (signalés par l’apparition d’un point d’exclamation près du héros). Ces attaques sous la forme du Corbeau consomment une jauge dédiée qui se remplit automatiquement avec le temps ou qui peut être restaurée en utilisant un objet dédié.

De nombreuses nouvelles compétences du Corbeau peuvent être acquises comme les autres contre des Ninja Coins aux points de contrôle, avec la possibilité de s’exercer avant de retourner au combat. Au-delà de représenter de nouvelles capacités, ces attaques modifient l’arme utilisée : le bâton devient par exemple un marteau massif, tandis que l’épée se transforme en foreuse. C’est véritablement toute une nouvelle panoplie d’attaques qui s’ouvrent sous la forme du Corbeau et qui représente un élément majeur dans la capacité à faire face aux combats. Mieux vaut garder en permanence la possibilité d’effectuer une de ces attaques pour contrer celle de l’adversaire, car l’échec conduit à de lourds dégâts. Notons enfin qu’une autre jauge, d’accumulation de sang, permet de passer quelques secondes en mode Berserk. Les dégâts sont amplifiés et il est possible de vider la jauge d’un coup pour exécuter une attaque de zone dévastatrice et potentiellement salvatrice.

Ninja Gaiden 4 test 4

Vous l’imaginez bien, Ninja Gaiden 4 est un jeu qui ne fait pas beaucoup de cadeaux. Sa difficulté peut se situer globalement au niveau de celle de Ninja Gaiden 2, avec cependant ici un nombre un peu plus important de points de contrôle qui offrent la possibilité d’acheter des objets. On en transporte toujours assez peu, mais on a toutefois eu l’impression d’en trouver et de pouvoir en acheter plus régulièrement que dans les précédents jeux. Ninja Gaiden 4 est un jeu exigeant mais pas excessivement difficile, sachant qu’il reste possible d’opter pour la difficulté « Héros », soit un mode facile, et qu’à la différence de Ninja Gaiden 2 Black, on peut ici modifier le niveau de difficulté en cours de route si besoin. Il ne faut donc pas hésiter à s’engager dans le mode normal au départ et éventuellement revoir ses ambitions à la baisse plus tard.

De notre côté, nous avons terminé le jeu en mode normal en un peu plus de 12 heures et ce n’est véritablement que pour l’ultime combat que l’on a douté quelques instants de notre capacité à relever le défi. Cette douzaine d’heures comprend la réalisation par ailleurs de nombreuses missions secondaires. On peut ainsi régulièrement s’écarter du chemin principal pour aller chercher un objet ou réaliser une exécution optionnelle, et ainsi gagner de précieux bonus (argent, points d’arme ou objets). Chacun des vingt niveaux – dont la durée est très variable – propose par ailleurs une zone de défi optionnelle où d’âpres combats attendent les plus valeureux. Il est d’ailleurs possible ici de renoncer à des points de vie au début du défi en échange, si la réussite est au bout du chemin, d’une meilleure récompense. Tout cela cumulé, et en dehors d’une éventuelle Nouvelle Partie +, on peut compter sur une quinzaine d’heures pour faire le tour complet d’un premier run de Ninja Gaiden 4.

L’envie d’y retourner dépendra du ressenti de chacun sur la première découverte de l’aventure. De notre côté, nous retenons l’excellence des combats mais aussi les écueils qui parsèment l’ascension de Yakumo et de Ryu Hayabusa. Tout n’est pas parfait dans Ninja Gaiden 4, à commencer par la dimension visuelle. Ce n’est pas un jeu qui brille par ses graphismes, préférant – et on le comprend assurément – privilégier la fluidité maximale. Autant dire que ce côté-là, c’est mission accomplie, le jeu tourne comme un charme, sans le moindre tressaillement alors que les attaques fusent dans tous les sens. Mais au-delà du rendu graphique sans éclat, on reproche surtout à Ninja Gaiden 4 le grand manque de variété et globalement d’inspiration de ses décors.

Si la première impression a été parfois bonne quand ont été découverts certains environnements, l’absence véritable de renouvellement au fil des niveaux a créé un grand sentiment de répétitivité. La direction artistique sombre aux accents cyberpunk a son charme, mais elle se noie aussi régulièrement dans d’interminables successions d’environnements sans âme. Ils se comptent sur les doigts de la main et sont ressassés jusqu’à la limite de l’acceptable, chose dont on se rend compte particulièrement une fois que l’on prend les commandes de Ryu Hayabusa. Une présence relativement brève pour un premier run (peut-être deux heures de jeu sur les douze) et rendue quelque peu pénible par le recyclage total d’environnements et d’ennemis, jusqu’aux boss qui sont précisément ceux que l’on a déjà combattu avec Yakumo… Bien que l’on apprécie grandement jouer avec Hayabusa pour retrouver un gameplay intelligemment balancé entre la précision d’origine et la souplesse introduite par Ninja Gaiden 4 (il bénéficie lui aussi des attaques alternatives, comme Yakumo en forme du Corbeau), on a l’impression de jouer à un résumé un peu bancal de l’aventure de Yakumo. Son intérêt réside finalement dans le fait que l’on peut l’incarner dans toute l’aventure et les défis bonus une fois l’histoire terminée une première fois.

Ninja Gaiden 4 test 3

Ninja Gaiden 4 est ainsi un formidable jeu d’action qui souffre essentiellement d’un grand manque d’ambition (ou de moyens ?) pour donner une âme à son univers. S’il est clairement moins kitsch que n’ont pu l’être les précédents Ninja Gaiden, ceux-ci savaient en revanche nous faire voyager. Il n’est bien sûr pas anormal de repasser parfois par des terrains connus (Devil May Cry 4 a poussé le concept à son paroxysme, souvenez-vous), mais l’ennui avec Ninja Gaiden 4 c’est qu’il y a tellement peu d’environnements différents singuliers que l’on ressent dans les derniers instants une vraie lassitude.

Cela en dépit d’un grand sens de la mise en scène de la part de ses développeurs, qui ont intégré de nombreux passages où l’on utilise un grapin, où l’on surfe sur les rails et l’on court sur les murs, jusqu’à carrément s’envoler en suivant le cours du vent. Heureusement qu’il y a ce dynamisme permanent pour contrer la tristesse absolue de certaines zones comme le QG ennemi. Plus blanc que blanc… Dans une moindre mesure, on reste moyennement satisfait par le bestiaire qui navigue entre nouvelles entités et têtes connues, et notamment les boss qui sont soit magnifiques, soit tristement inintéressants. C’est en particulier de ce côté-ci que la comparaison avec Ninja Gaiden 2 fait mal. On termine tout de même sur une bonne note en mentionnant que l’ensemble de l’aspect sonore, des bruitages aux doublages en passant par les thèmes musicaux, répond parfaitement à l’esprit Ninja Gaiden.

8/10
Ninja Gaiden 4, c’est le croisement surprenant entre les précédentes aventures de Ryu Hayabusa et la vision hautement agitée de l’action façon Bayonetta/Metal Gear Rising. Il y a un peu de tout cela dans cette épopée qui file à un rythme tonitruant, portée par un nouveau héros qui n’a que peu à envier à la légende Hayabusa. Sorti de la caméra capricieuse, tout ce qui touche à l’action dans Ninja Gaiden 4 est une réussite. C’est nerveux, diaboliquement jouissif, avec juste ce qu’il faut de difficulté pour mettre à l’épreuve sans décourager. En dépit d’un casting de boss un cran en dessous des habitudes, l’expérience manette en main coche toutes les cases. Le revers de la médaille se situe quant à lui du côté visuel. Au-delà de l’aspect purement graphique qui n’émeut guère (mais on peu éventuellement s’en accommoder), Ninja Gaiden 4 pèche par son grand manque de variété. La direction artistique est intéressante sur le papier mais se limite à une poignée d’environnements véritablement singuliers. Leur répétition agace grandement, surtout quand elle touche à certaines zones qui ne brillent déjà pas par leur inspiration… Ninja Gaiden 4 est un formidable jeu d’action à n’en pas douter, on aurait simplement aimé voir la folie qui se libère des combats venir sublimer les environnements. On espère pouvoir vérifier si cela se produit à l’occasion d’un cinquième épisode !

+

  • Meilleure expérience de combat pour ce genre depuis longtemps
  • Gameplay intelligemment renouvelé à la sauce Platinum…
  • … Tout en conservant ce qui fait l’esprit Ninja Gaiden
  • Résultat explosif, engageant, brutal
  • Fluidité exemplaire
  • Yakumo, nouveau héros digne de la saga
  • Nouvelles armes et compétences intéressantes
  • Difficulté significative (en normal) mais franchissable

-

    • Caméra capricieuse
    • Graphiquement sans éclat…
    • … Et surtout trop peu diversifié dans ses décors !
    • Passage avec Ryu Hayabusa assez décevant