Test : One Piece Odyssey sur Xbox Series X|S
L'Odyssée d'eau de mer
Un peu plus de dix ans après avoir tenté l’expérience du tour par tour avec Romance Dawn, Bandai-Namco se décide à remettre la franchise One Piece dans le monde du JRPG au tour par tour. Une décision audacieuse, sûrement aidée par le succès rencontré par Sega et son Yakuza 7 qui ont largement convaincu les joueurs et la presse malgré un changement de direction qui apparaissait plutôt risqué. Mais la prise de risque, Luffy et ses amis en ont fait leur quotidien. Dans One Piece Odyssey, l’équipage du Chapeau de Paille se retrouve sur une île perdue au milieu de Grand Line sans aucun moyen de pouvoir la quitter rapidement, la faute à un navire esquinté et de fortes tornades qui entourent ce petit coin de paradis. C’est ainsi que débute cette aventure, supervisée par Eiichiro Oda lui-même, et la présence du mangaka s’en ressent dès les premiers instants.
Dans l’univers déjà. Très coloré, l’île de Waford n’est pas très grande mais propose à peu près tout ce qui fait le charme de la franchise. Un parfum d’aventure, des personnages au chara-design qui s’incorpore totalement dans l’esthétique général de la licence, et surtout la présence de l’intégralité de l’équipage dont les membres n’hésitent pas à s’interpeler régulièrement. On reconnait très rapidement le caractère de chacun, que ce soit Sanji et son amour inconditionnel de la gente féminine, le sens de l’orientation défaillant de Zoro, le pragmatisme de Nico Robin et bien entendu l’appétit et l’insouciance de l’homme élastique. Tout est fait pour que les fans de la série trouvent rapidement leur marque, même s’il est finalement assez difficile de situer les événements du jeu dans la chronologie officielle. Ce qui est certain, c’est que l’histoire prend place quelque part après les arcs Dressrosa et Zo, et certainement même après Tougâto compte tenu de certaines techniques utilisées par Luffy durant le jeu.
Et la particularité principale de One Piece Odyssey, est qu’il ne se contente pas de vous faire faire le tour de la petite île de Waford. Par une petite pirouette scénaristique, nos amis sont contraints de revivre quatre épisodes de leurs précédentes aventures, pour se terminer avec l’affrontement de Doflamingo et sa Don Quijote Family. Une excellente idée qui permet de mettre en scène ces périodes importantes de façon bien plus approfondie qu’elles ne l’étaient dans les précédentes adaptations de la franchise. On imagine que les joueurs qui ne connaissent pas du tout la série se retrouveront, de fait, un peu perdus, d’autant que la narration est succincte et ne permet évidemment pas de s’attarder sur l’immensité de l’œuvre imaginée par Oda. On regrette tout de même que les lignes laissées au narrateur soient si peu nombreuses, tandis que les moments marquants sont trop souvent esquissés par une simple image commentée.
Mais finalement, la force de ce One Piece Odyssey c’est avant tout de proposer un scénario original à suivre entre les différents chapitres connus des fans. Concrètement, l’histoire de One Piece Odyssey correspond tout à fait à ce que l’on aurait pu attendre d’un petit arc narratif écrit par Eiichiro Oda lui-même. Plutôt bien pensés, les souvenirs ne reprennent pas tout à fait l’histoire vécue par l’équipage à la lettre, et se permettent quelques petits écarts scénaristiques intéressants. De quoi éviter la redite pour ceux qui connaissent les arcs par cœur. On prend évidemment plaisir à retrouver le Vogue Merry, Vivi, Rebecca, à croiser une partie des Grands Corsaires et plusieurs membres de la Marine, dont les Amiraux, tout en appréciant les petites libertés prises au niveau du scénario, d’autant qu’elles sont justifiées par l’intrigue. On regrette en revanche quelques passages qui trainent en longueur, comme Alabasta et son désert épuisant en allers/retours, à un moment du jeu où le voyage rapide n’est pas encore débloqué.
Imaginé comme un vieux JRPG des années 2000 dans son level-design, One Piece Odyssey impose le chemin à suivre la plupart du temps, pour ne laisser une liberté totale qu’en toute fin de partie, soit après 25 heures de jeu environ. Pour compenser, le titre regorge de possibilité au niveau de l’exploration et s’appuie pour cela sur les différents atouts de nos membres d’équipage. Tandis que Luffy est capable de s’accrocher à une branche pour passer un ravin, Chopper profite de sa petite taille pour se faufiler dans un passage étroit, Zoro découpe des portes en métal, et Franky peut construire des ponts pour permettre à l’équipe de se rendre dans un endroit inaccessible avant cela. Et ce n’est pas tout, puisqu’en choisissant Nami, Sanji ou Nico Robin en tête de groupe, il devient alors possible de ramasser des berrys, des ingrédients et des informations archéologiques qui sont invisibles autrement. Une bonne idée qui oblige à passer régulièrement d’un personnages à l’autre et qui démontre surtout que chaque membre est important, à l’image des valeurs déployées par Oda-san dans son œuvre. Pour en terminer avec l’exploration, trois donjons sont à parcourir dans Waford, chacun avec ses propres énigmes plutôt bien pensées. De quoi rappeler un peu la franchise The Legend of Zelda au niveau du level-design.
On retrouve d’ailleurs ce principe dans le système de combat. A l’image du triangle des armes d’un Fire Emblem, le titre développé par ILCA opte pour un système qui voit s’équilibrer des personnages de type Force, Technique et Vitesse. Comme les choses sont bien faites, l’équipage du Chapeau de Paille est composé de trois personnages de chaque type, ce qui force évidemment à adapter l’équipe en fonction des faiblesses de l’ennemi. Un concept qui colle parfaitement, d’autant qu’il est complété par un système de zones qui oblige à réfléchir un minimum avant de se lancer dans la bataille. Il est ainsi important de bien positionner ses personnages, tout en prenant en compte leur capacité à lutter à distance, à l’image d’Usopp par exemple. A noter que toutes les attaques des héros sont fidèles aux originales et bénéficient d’une petite animation plutôt sympathique. Pour éviter de perdre trop de temps en besogne, les développeurs ont également eu la bonne idée de mettre une option qui permet d’accélérer les débats. Et si vous pensez que ce n’est pas logique de commencer le jeu avec un nombre incalculable d’attaques surpuissantes, pas de panique, les développeurs ont là aussi trouvé une pirouette scénaristique pour rendre une copie très cohérente.
Une fois les bases maitrisées, on ne peut pas dire que les combats de One Piece soient excessivement compliqués à gérer, à quelques exceptions près. D’autant qu’en amont il est possible de concocter des plats qui offrent de précieux bonus et de fabriquer des billes qui se chargent des malus. Il est également nécessaire de s’équiper avec des accessoires qui s’inspirent allègrement d’objets issus de l’univers de la franchise. De quoi apporter une petite dose de fan-service supplémentaire. Autre particularité très intéressante, la possibilité de faire du leveling en profitant de moments critiques générés aléatoirement par les ennemis. De temps à autres, le jeu demande ainsi de libérer la zone d’un personnage avant qu’il ne se retrouve à terre, ou d’éliminer un ennemi avant qu’il ne déclenche une attaque puissante. Si les conditions sont remplies à temps, l’expérience engrangée est grassement multipliée et permet parfois de gagner plusieurs niveaux d’un coup. Un système aussi étonnant que valorisant. Petit bémol concernant le bestiaire et un faible nombre d’ennemis originaux et un maximum de skins, ce qui donne une petite impression de redondance.
Côté technique, on l’a dit, l’ambiance générale fait une bonne partie du travail mais on regrette tout de même d’avoir à faire à des textures sommaires et des environnements qui auraient sans doute mérité un peu plus de finesse. Les villes sont plutôt bien fournies mais manquent tout de même de vie, la faute à un sound-design trop discret.
+
- L'équipage jouable dans sa totalité !
- Chaque personnage a son utilité
- Combats hyper agréables à jouer
- Histoire bien écrite, supervisée par Oda
- On retrouve un peu l'humour de la franchise
- Du fan-service, juste ce qu'il faut
-
- Bestiaire assez pauvre
- Quelques allers/retours embêtants
- Un poil décevant techniquement