Test : Operation Flashpoint : Red River sur Xbox 360
Many Rivers to cross
Depuis le départ de Bohemia Interactive Studio – qui développe désormais ARMA -, Operation Flashpoint aura connu quelques transformations. Ce nouvel épisode prend le risque de changer encore plus le gameplay sans fondamentalement trahir l’orientation réaliste de la série. Ici, pas de scripts à gogo ni de mise en scène spectaculaire et lorsque vous appelez un bombardement en appui c’est aussi pour constater la tristesse des explosions provoquées. Votre arrivée au Tadjikistan se fait certes sous la superbe lueur rouge d’un début de journée mais la réalisation possède aussi quelques zones d’ombres regrettables, comme des textures simplistes ou encore les animations robotiques des soldats. En revanche, la distance d’affichage est impressionnante, et ça tombe plutôt bien car le gameplay privilégie les affrontements à (très) longue distance. Red River ne joue pas la carte du FPS spectaculaire mais celui de l’immersion dans un conflit où la moindre balle peut être fatale. Le titre reste cependant accessible, surtout si vous jouez en mode normal avec à l’écran de très nombreuses indications inhabituelles dans la série.
Vous voici donc embarqué dans une escouade de quatre soldats, Bravo, constamment épaulée par Alpha et Charlie (simples figurants qui n’ont en réalité aucun impact sur le jeu) et emmenée par le Sergent Knoxx, sans doute le personnage le plus bavard de l’histoire des FPS militaires ! Le capitaine John Price de Modern Warfare peut retourner s’entraîner, voilà un leader d’équipe qui va vous noyer sous un flot de conseils, que ce soit lors d’un briefing interminable ou encore pendant la partie. Ce qui, pour le coup, participe au sentiment de prendre part à un conflit au sein d’une armée. Enfin, armée c’est un grand mot car Red River place le joueur au sein d’opérations spéciales qui tiennent plus de l’intervention commando que de l’offensive Rouleau Compresseur de l’armée américaine. C’est que vous êtes un Marines, et Knoxx le martèle suffisamment pour qu’on s’en souvienne ! Chaque soldat est d’ailleurs doté d’un arsenal spécialisé, le fusilier, le grenadier, le mitrailleur et enfin le sniper et selon les missions vous pourrez choisir de changer de classe. A vous de prendre celle qui vous convient et de trouver votre rôle dans votre escouade car le jeu encourage les actions synchronisées. Le tir de suppression est votre nouveau meilleur ami et prendre d’assaut une position avec l’appui de ses camarades se révèle très efficace.
Même si le level-design des niveaux se renouvelle avec inspiration (on a même le droit à une incursion nocturne très réussie), chaque niveau se découpe à peu près suivant le même principe de larges zones successives à investir ou protéger, au cœur d’un paysage qui s’étend à perte de vue. Une mission débute donc par un laïus interminable du Sergent Knoxx (vous en sortirez lobotomisé et c’est sans doute le cas pour les troupes en activité) qui vous répète encore et encore les mêmes conseils (les fameuses règles de survie du Marines) et vous "motive" à base de blagues racistes sur les adversaires. Une fois sur le terrain, il n’est pas rare de parcourir plusieurs centaines de mètres avant de tirer un coup de feu. Là où certains jeux ne laissent pas une seconde de répit, Red River prend le risque de poser une ambiance et un tempo avec des séquences de calme relatif entre chaque escarmouche, ce qui, paradoxalement, fait souvent monter la tension. Un tempo unique qui permet au titre, au-delà de son thème militaire bateau, de proposer une expérience un poil plus tactique que la concurrence.
Alerte A l’Aridité
Les habitués de Ghost Recon seront en terrain connu car l’action est donc centrée sur le squad. L’un des points forts du jeu est d’ailleurs la possibilité de faire la campagne accompagné de trois collègues humains. En solo, on se sentira plus en territoire ennemi, mal épaulé par l’IA de vos collègues (malgré un système d’ordre efficace mais assez rudimentaire) et pris sous le feu de quelques résistants Tadjiks qui, a priori, ont séché quelques cours à l’école de la guerre. A part leur capacité à faire mouche à des centaines de mètres, les ennemis se révèlent en effet assez stupides. Si cet aspect ne choque pas trop dans la première partie de la campagne où vous affrontez surtout des tireurs embusqués, à partir du deuxième tiers de la campagne vous faites face à l’armée régulière chinoise pour des missions qui prennent parfois des airs de stand de tir au pigeon et se révèle paradoxalement beaucoup moins délicates. Un comble. Heureusement, tous les niveaux de la campagne sont variés dans leur construction. Au cours d’une des missions, par exemple, on escortera un convoi, pour ensuite nettoyer un village maison par maison puis ce sera une résistance acharnée en infériorité numérique, avant de battre en retraite dans des conditions désespérées pour enfin contre attaquer et stopper l’avancée de l’ennemi.
Au fur et à mesure de votre progression, vous récolterez de l’XP qui vous permettra d’augmenter vos compétences de soldats. Ne vous attendez pas à de la fantaisie, là encore Red River se la joue régime sec spartiate (augmentation de votre précision, de votre endurance à la course etc.). En plus des ces compétences communes à toutes les classes, vous allez débloquer du matériel pour chacune d’entre elles. Ainsi, le fusilier aura accès à des viseurs de plus en plus puissants (ce qui dénature complètement le jeu d’ailleurs), tandis que le grenadier pourra récupérer un fusil à pompe. Et oui, c’est pas la fête de la fantaisie dans l’armée. Enfin, des B-Mod spécifiques permettent de renforcer des spécialisations (porter plus de chargeurs etc.). Vous ne pouvez en sélectionner que deux à la fois parmi ceux débloqués mais leur impact dans le jeu reste finalement assez discret et surtout, on privilégiera systématiquement les améliorations de précision qui permettent ensuite de faire mouche beaucoup plus facilement. Un atout indispensable vu votre faible résistance (ici pas de régénération automatique de la santé mais un système de bandage plutôt bien pensé) mais aussi vu le peu de munitions dont vous disposez. Pas question de mitrailler comme un psychopathe sous peine de panne sèche au bout de quelques minutes.
En plus de proposer une campagne conséquente, Red River propose quatre modes de jeu coopératif très réussis et qui se déroulent sur des cartes inédites durant le scénario principal. Tonnerre vous impose d’ouvrir le chemin à un convoi de Humvee, Nettoyage se destine aux amateurs de scoring puisqu’il faut nettoyer une carte en un minimum de temps. Dernier rempart fonctionne à merveille : il faut résister à des vagues successives d’ennemis de plus en plus nombreux et bien équipés (eux, ils ont des chars et même des hélicoptères !) et enfin, notre préféré, Sauvetage vous propose de récupérer deux pilotes, non sans avoir détruit l’épave de leur hélicoptère, le tout avec l’armée chinoise au grand complet qui vous colle au train. Un régal en coopération ! A raison de deux cartes par mode, on se retrouve avec une prolongation sympathique de la campagne, pas de quoi malheureusement occuper plus de quelques soirées et même si le titre ne s’y prête pas forcément on notera l’absence de multi compétitif. Un parti pris supplémentaire qui assoit définitivement Red River dans son rôle de FPS alternatif. Notons enfin que tous les modes online sont accessibles via un lobby très bien conçu qui permet de parcourir les parties en cours et d’ajuster sa recherche avec les filtres de son choix. On peut ainsi rejoindre ou quitter une partie à la volée. Seek and Destroy guys !
+
- Un gameplay maîtrisé
- Trois niveaux de difficulté pour trois expériences de jeu
- Jouer en coopération
- La gestion de la lumière
- Très bonne durée de vie
-
- L’IA catastrophique des ennemis
- Vraiment pas spectaculaire
- La séquence de fin pathétique
- Les discours racistes du sergent Knoxx
- Celle pas beaucoup plus brillante des alliés