Test : Overpass sur Xbox One
Je viens en quad, et par tous les chemins, je me retournerai
Touchant à peu près tous les genres de jeux, la chasse au défi ultime était restée plutôt éloignée du terrain de la course. Il est bien sûr possible de vivre des expériences archi-tendues en se lançant sans aucune aide dans F1 2019 pour ne citer que lui ; mais rien n’y oblige après tout et chacun peut profiter de l’expérience au gré de ses capacités et exigences. Mais des jeux impliquant des moteurs et qui sont intrinsèquement portés sur l’extrême, il y en a peu. On pense évidemment au très singulier Spintires : Mudrunner et quelque part, Overpass s’en rapproche peut-être plus que de n’importe quel autre jeu de courses. Ici, aux commandes d’un UTV ou d’un quad, votre mission consiste tout simplement à arriver au bout du chemin, le plus rapidement possible. L’ennui, c’est que le tracé en question, qu’il soit artificiellement créé sur une piste ou établi en pleine montagne avec la nature comme seule architecte, est un chemin de croix de tous les instants. Alors, la recherche du meilleur résultat se transforme au moins les premiers temps, dans une quête de survie face à des parcours qui n’ont d’autre but que celui de vous briser.
Essayer, se planter, recommencer : la sainte Trinité guide vos roues, alors que vous êtes seulement en train d’entamer le didacticiel. Certes les premiers instants vous laissent croire que les choses peuvent éventuellement bien se passer. Traverser un champ de rondins, trouver le bon angle pour enchaîner des tuyaux subtilement placés à des niveaux différents ou encore jouer avec le poids du véhicule pour faire basculer gentiment la balançoire sont des choses que l’on parvient à maîtriser sans trop de casse. Puis on s’initie au passage dans la boue, on traverse des amoncellements de pneus ; lorsqu’il devient question de slalomer entre des cônes bien regroupés, on a déjà tendance à abandonner les vues de capot ou de cockpit pour passer à la caméra extérieure. Puis vient le moment, alors que l’on est toujours dans le didacticiel, de découvrir le second type d’épreuve qui vient compléter les séances sur circuits : la course de côte. Et là les amis, c’est une toute autre histoire.
Lors de ces courses de côte et même dans d’autres tracés moins vertigineux, il faut s’attaquer à la nature elle-même. Pour venir à bout de la quarantaine de tracés que propose Overpass, répartis dans diverses zones allant de la jungle humide à la montagne à très haute altitude en passant par le bord de mer ou l’intérieur d’une carrière, le jeu vous donne le choix entre l’UTV (buggy) ou le bon vieux quad. Bien que léger, le premier a l’avantage de la stabilité, tandis que le quad vous permet de jouer avec le poids du pilote pour faciliter certains passages inclinés. Une vingtaine de véhicule est disponible (15 buggys, 9 quads). C’est peu, mais on apprécie de trouver des modèles officiels sous licence chez Polaris, Yamaha, Arctic Cat ou encore Suzuki. On peut les personnaliser, tout comme l’équipement du pilote. Tous les véhicules (à l’exception du premier quad) disposent des trois modes : 2 roues motrices, 4 roues motrices et blocage du différentiel. Cette dernière option, absolument vitale, réduit grandement le rayon de braquage mais permet un gain de motricité important. Absolument nécessaire pour venir à bout de côtes qui à première vue, semblent impossibles à franchir.
La clé de la survie dépend ainsi d’une bonne gestion -parfois à la seconde près- du blocage du différentiel. Le placement des touches n’est clairement pas parfait avec des modes affectés aux croix directionnelles, mais une fois que l’on prend le coup, on se sent pousser des ailes. Cependant, la difficulté parfois immense des tracés a vite fait de nous ramener sur Terre, dans tous les sens du terme. S’il peut exister plusieurs façons de franchir un passage, chacune demande une maîtrise implacable du véhicule. Le dosage de l’accélérateur se fait au millimètre, sans exagération aucune. Alors c’est lent, c’est relativement silencieux puisque les épreuves se vivent seul sur la piste, sans musique de fond. Mais une fois que ça passe, une fois que l’on commence à connaitre les tracés et que l’on en découvre chacune de leurs très nombreuses particularités, le plaisir est bien au rendez-vous. Rarement un jeu ne vous donnera un aussi grand sentiment de satisfaction. Au prix de bien des frustrations certes mais lorsqu’elles proviennent d’un manque de maîtrise et de connaissance du parcours, on fait preuve d’une certaine acceptation.
Pour autant, la frustration menant à la rage n’est pas toujours à mettre sur le dos du joueur et de son manque de compétences. Parfois, c’est le jeu qui n’est pas au point. Escalader des rochers, passer à cheval sur deux rondins ou franchir une côte boueuse demande que le moteur physique réponde bien. C’est le cas la plupart du temps et puis il y a ces moments où le buggy va avoir de drôles de réactions en s’encastrant dans un caillou tout juste après avoir glissé gentiment sur un menhir. Le véhicule a aussi une fâcheuse tendance à se poser sur le flanc dès lors que deux roues décollent un peu trop, refusant toute manœuvre de rétablissement pourtant viable. Lorsque l’on ajoute à cela une fonction de réapparition qui a le don de nous mettre là où il ne faut pas, ce ne sont plus seulement les amortisseurs qui grincent. Il peut arriver que le jeu vous fasse réapparaître dans une position on ne peut plus défavorable, frustrante sachant que l’on ne peut pas faire pivoter la caméra pour avoir une vue d’ensemble de l’arrière ! C’est donc parti pour une marche arrière à l’aveugle, en priant pour ne pas tomber sur un os encore plus gros. Devoir se faire violence et scruter les détails est inévitable. Aussi bien pour maitriser le jeu que pour en contenir certaines de ses aberrations. Il ne vous échappera pas que tous les véhicules ne se valent pas. Bien qu’il soit possible de les améliorer en déverrouillant des composants dans le mode carrière (nous y revenons dans un tout petit instant), plusieurs UTV ou quads ne sont tout simplement pas en mesure de franchir certains obstacles ! Et ça, vous ne pourrez le découvrir qu’en échouant lamentablement.
Il vous faut donc des fonds pour acheter des véhicules plus performants et c’est essentiellement dans le mode carrière que ça se passe. Il est le morceau principal aux côtés du multijoueur en ligne, du mode écran partagé et du traditionnel Hot Seat (les joueurs se lancent chacun leur tour). Il est bien sûr possible de jouer chacune des courses avec n’importe quel véhicule en course rapide et par ailleurs y gagner des fonds utilisables en carrière. Une bonne chose, sachant qu’Overpass se montre également impitoyable sur la gestion des fonds. Pour gagner de l’argent, encore faut-il parvenir à se classer comme il faut et cela est loin d’être gagné lorsque l’on découvre que dès qu’un circuit est catalogué « intermédiaire », la difficulté est déjà très haute. L’argent manque vite, car seulement douze journées d’épreuves sont ouvertes avant les World Finals. Une journée peut être dédiée à une épreuve ou alors aux réparations manuelles du véhicule, sachant que pendant ce temps, les autres pilotes courent et vous distancent donc au classement. Bref, il faut de l’argent pour pouvoir acheter au moins un second véhicule, lequel vous servira à courir pendant que vous envoyez le premier se faire réparer. La tension est permanente car les dégâts sont vite accumulés dans ce genre de courses et il est envisageable de se retrouver dans l’impossibilité pure et simple de se qualifier, faute de buggy ou de quad à utiliser.
Tout cela a tendance à rendre Overpass assez austère. Le mode carrière se résume donc à enchaîner les séries d’épreuves, sans aucun fond « scénaristique », pour tenter d’être dans les huit premiers et intégrer ainsi les World Finals. Si l’on parvient à gagner… Voilà, c’est fait. Ce mode principal n’est pas sexy pour un sou. Si l’on retire les petits éléments comme le déblocage progressif d’épreuves et d’améliorations, le choix d’un sponsor qui ne fait qu’apporter un bonus en cas de réussite, on n’a pas grand-chose d’autre qu’un générateur d’épreuves aléatoires. En somme, l’intérêt de jouer à Overpass réside exclusivement dans sa singularité, dans l’expérience de gameplay qui ne ressemble absolument à aucune autre. De notre côté, nous y avons trouvé un certain plaisir ; Overpass est vraiment parvenu à nous faire ressentir de bonnes vibrations, des sensations assez uniques en leur genre. Mais ce n’est vraiment pas un jeu à mettre entre toutes les mains, d’autant qu’il ne fait pas de miracle d’un point de vue technique. On va dire que ce n’est ni beau ni hideux, quelques points de vue parviennent même à décrocher quelques sourires de satisfaction. Mais si le jeu ne souffre pas ralentissements, nous avons constaté en revanche de sérieux problèmes de tearing, dans une zone en particulier où l’on est parfois amené à accélérer un peu.
+
- Ne ressemble vraiment à rien d’autre
- Concept vraiment intéressant
- Tracés complètement fous
- Véhicules sous licence
- Multijoueur local et en ligne
- Le sentiment de satisfaction lors des réussites…
-
- … La frustration fait partie du lot
- Equilibrage véhicules/tracés pas au point
- Système de réapparition bancal
- Mode carrière sans aucune saveur
- Graphiquement quelconque
- Des soucis de tearing