Test : A Plague Tale : Innocence sur Xbox One
The Last of Us chez les français
L’aventure de A Plague Tale : Innocence se déroule au XVIème siècle dans le Royaume de France qui connait le début de la peste et les nombreux actes de barbarie de l’Inquisition. Nous rencontrons au tout départ Amicia ainsi que son père et son chien, nommé Lion, pour une petite balade et une chasse en vue du repas du soir. Tout va bien, jusqu’à ce que Lion trouve un beau sanglier. Amicia course la bête, jusqu’à découvrir l’horreur de la peste. Effrayés par ce qui vient de se produire sous leurs yeux, tous reviennent à la maison, juste à temps pour faire face à la traque de l’Inquisition qui compte bien s’emparer d’Hugo, le petit frère d’Amicia. Très malade, il posséderait quelque chose de particulier en lui en lien avec sa maladie. C’est à partir de ce moment que le jeu commence réellement, avec Amicia et Hugo qui doivent fuir pour sauver leurs vies, en utilisant la maîtrise de la fronde de la grande sœur pour distraire les gardes et jouer la carte de l’infiltration jusqu’à la première phase de fuite. Une séquence totalement scriptée mais qui pose parfaitement l’ambiance et qui décroche notre petite mâchoire. A partir de ce moment-là, nous savons que nous n’allons pas lâcher le titre.
A Plague Tale propose une aventure parfaitement bien gérée dans son rythme et dans ses diverses situations. Entre les phases d’infiltration simpliste mais efficace, l’arrivée des rats bien stressante et qui pousse à la résolution de puzzles, les combats de boss qui mettent en avant la faiblesse des deux compagnons ou encore les phases de fuites particulièrement grisantes pour la tension qu’elles génèrent, le titre de Asobo arrive à proposer variété et simplicité dans un enrobage de qualité. En effet, le titre du studio français maîtrise réellement sa narration et son ambiance. Fortement inspiré de The Last of Us, A Plague Tale propose une narration sur deux axes comme l’a fait le studio de Naughty Dog, avec des cinématiques mais aussi et surtout de nombreux dialogues durant toute l’aventure entre les différents protagonistes et notamment les deux membres de la famille. Cela aurait très bien pu être une mauvaise idée de calquer l’excellente narration du géant de la console de Sony mais Asobo prouve son talent d’écriture et un sens de la narration parfaitement maîtrisé. Il n’y a absolument rien à reprocher à ce niveau tellement le titre est écrit à la perfection avec une histoire captivante, un rythme parfaitement géré et le tout est enrobé d’une ambiance folle grâce à sa direction artistique et des graphismes de très bon niveau pour une production AA (mais nous y reviendrons en fin de test). D’autant plus qu’avec 17 chapitres d’environ une petite quinzaine d’heures, le nouveau jeu du studio français est loin d’être avare en contenu.
Mais A Plague Tale : Innocence ce n’est pas qu’une écriture soignée, c’est aussi un gameplay à la base très simpliste et dirigiste mais qui cache une belle courbe d’évolution et surtout une maîtrise de tous les instants. Même si le titre est très dirigiste et ne propose pas de vastes zones pour s’infiltrer de trente façons différentes, il propose néanmoins quelques phases d’exploration pour les joueurs les plus curieux et qui seront d’ailleurs nécessaires pour récupérer de nombreux matériaux très importants. En effet, Amicia gagnera quelques capacités bien utiles afin de se défaire de l’Inquisition et des nombreux rats qui grouillent dans cette France infestée par la peste. Amicia pourra concocter, grâce à l’alchimie, de quoi brûler le casque des gardes, éteindre un feu, créer une énorme explosion de flammes ou raviver une braise encore chaude afin de faire déguerpir les rats. Tout un arsenal qu’il est bon de maîtriser et c’est surtout à ce niveau que l’exploration prend un tout autre sens.
Amicia a besoin de matériaux pour fabriquer ces diverses projectiles mais aussi de quoi porter plus de munition, crafter plus efficacement ou encore de pouvoir viser plus rapidement avec sa fronde. Autant dire que le titre risque d’être bien plus complexe que prévu pour le joueur qui décide de ne pas détourner son regard du chemin proposé. Pour celui qui ose porter son regard au-delà du chemin tracé, le jeu est bien plus grisant et aussi plus simple puisque Amicia pourra utiliser les rats afin de se défaire des gardes en éteignant une torche par exemple puis distraire les rats avec de la bonne viande fraîche tout en s’occupant d’un autre garde qui passe par là avec notre fronde. La fin du jeu est d’ailleurs un peu trop simple à ce niveau tellement les possibilités offertes à notre vaillante héroïne sont nombreuses. A moins que l’ennemi nous repère et là, c’est la mort assurée.
«A Plague Tale : Innocence propose un gameplay simple mais efficace, une narration parfaite, une composition musicale divine et un rythme qui ne fait jamais décrocher le joueur.«
Inutile de fuir si vous êtes détecté par de nombreux gardes ou si vous vous approchez trop des rats : c’est la mort assurée d’un coup d’épée ou la garantie de finir en casse-croûte vivant pour les rongeurs. L’intelligence artificielle est d’ailleurs loin d’être mauvaise. Elle peut repérer nos héros d’assez loin et ici, contrairement à The Last of Us, vos compagnons ne peuvent pas danser devant l’ennemi sans se faire détecter. Les soldats possèdent une icône de détection qui fait fortement penser à celle d’Assassin’s Creed ou encore de l’excellent Styx (que nous vous recommandons par ailleurs d’essayer). Et c’est peut-être à ce niveau que l’IA manque encore de maturité. Il n’est pas rare de pouvoir se faire «repérer» de loin et d’arriver à se cacher avant que l’icône devienne rouge et le garde à tendance à vite oublier ce qu’il a pu voir. Nous pouvons mettre cela sur l’univers du jeu et de la peste, mais ce serait tout de même un peu trop facile non ?
Pour en revenir à l’aspect visuel et sonore du titre, sachez d’abord que jeu des Français propose une interface idéale entre game design et immersion avec une simple surbrillance pour les objets à ramasser, désactivable dans le menu, et l’absence totale d’indication en marche normale. Il existe seulement une petite icône pour les objets avec lesquels nous pouvons interagir en s’approchant du-dit objet, ainsi que pour le nombre de munitions disponibles en phase de combat. Simple et efficace.
Le titre de Asobo assure également sur le plan visuel et sonore. Pour le premier point, il faut avouer que la direction artistique mélange passages oniriques pour quelques séquences totalement contemplatives et ambiance bien sombre et angoissante lors des traversées dans les lieux ravagés par la peste. Certains moments ne sont pas sans rappeler les passages les plus glauques du reboot de Tomb Raider premier du nom. Nous ne sommes pas en face d’un jeu avec un énorme budget donc il ne joue pas dans la cour des Gears 5 et autres The Last of Us 2 ; mais il faut avouer que le titre est très agréable à l’œil pour une production AA et le tout est sublimé par une très bonne direction artistique qui renforce les différentes ambiances.
Ajoutez à cela un doublage français de haut niveau avec une très belle performance de Léopoldine Serre (Emma Decody dans Bates Motel par exemple) pour Amicia, mais aussi les plus connus tels que Bernard Gabay (doubleur officiel de Robert Downey Jr), Barbara Tissier (Princesse Fiona dans Shrek ou encore la princesse Leia dans les nouvelles productions Disney), Féodor Atkine (doubleur officiel de Hugh Laurie) et Jérémie Covillault (Tom Hardy, Jeffrey Dean Morgan, Benedict Cumberbatch ou encore Hugh Jackman dans Logan). Autant dire que du côté des voix c’est déjà du très haut niveau mais ce qui emmène le jeu à un tel niveau c’est surtout les divines compositions d’Olivier Derivière qui réutilise certaines inspirations qu’il avait composé sur Vampyr pour le plus bel effet. C’est un véritable régal d’entendre les mélodies ruisseler dans nos conduits auditifs et cela permet d’amplifier cette ambiance anxiogène.
+
- Visuellement très agréable
- Excellente écriture
- Ambiance parfaitement gérée
- Rythme maitrisé
- Composition divine
- Doublage français de haut niveau
- Bonne durée de vie
-
- Manque un poil de liberté
- Un peu simple sur la fin
- Une IA un peu irrégulière