Test : RACE Pro sur Xbox 360
On ne présente plus SimBin, ce studio suédois dont l’histoire débute avec le mod GTR-2002 applicable sur les versions de F1 2002 et F1 Challenge 99-02 d’Electronic Arts. Les joueurs découvrent alors le talent d’un petit groupe de scandinaves capable de développer des extensions qui élèvent sérieusement le niveau de simulation sur PC. GTR-2002 propose déjà tout ce qui fera le succès de GTR, sa version commerciale en devenir : inertie conséquente, transfert de masse cohérent, une vue habitacle immersive, des sons de folie et une subtilité dans le comportement de l’auto qui explose les standards de l’époque. GTR, GT Legends, GTR 2 marqueront de leur sceau le monde de la simulation automobile au même titre que des symboles tel que Grand Prix Legends. Après une période trouble qui verra SimBin se séparer de quelques membres importants de son staff, les Suédois reviendront à la charge avec RACE, puis RACE 07 et dernièrement GTR Evolution. Moins essentiels que leur aînés, ces 3 titres marquent un certain ralentissement dans le savoir-faire SimBin : plus accessibles et proposant peu d’améliorations visuelles, on sent que les développeurs s’essoufflent. Et Race Pro dans tout ça ? La Xbox 360 est en effet la première console de dernière génération à accueillir un titre estampillé SimBin. Race Pro s’inscrit donc directement dans la lignée des Race et GTR Evo sur PC, puisqu’il en reprend globalement le contenu.
Le choc des photos
Avant même de pouvoir vérifier les éléments de gameplay, le joueur se prend un choc visuel indiscutable : c’est une déception. Les premiers tours de piste confirment les carences graphiques entrevues lors des vidéos de présentation. Le faible framerate accuse de sérieuses baisses sur certaines portions de circuits. Pas gênant pour piloter mais forcément frustrant au vu des dernières productions sur Xbox 360, comme PGR 4 ou GRID pour ne citer qu’eux. Ensuite un tearing désagréable s’immisce parfois, notamment sur les mouvements de caméra en entrée ou sortie de virage par exemple. Même constat : pas critique mais totalement indigne de la console. Le rendu visuel global n’est pas hideux, mais le tout semble saturé en couleurs et avare en détails. Les textures sont parfois grossières et les effets en retrait nous font finalement réaliser que le jeu a une paire d’années de retard en matière de réalisation, sinon plus. Dans la foulée, quelques bugs de collisions sont à noter, du genre la voiture qui se replace toute seule ou des comportements bizarres (coup de volant en ligne droite …). Pourtant excellents dans leur version PC, les sons de Race Pro restent de qualité mais souffrent ici et là de quelques grésillements et d’une compression qui pourra surprendre. Dans une moindre mesure, l’austérité générale de la présentation ne séduit pas particulièrement, et le joueur se contentera du minimum syndical pour la navigation et les autres présentations de données (classements en championnat, infos de course, etc.). Quelques petits détails agréables sont à noter comme les conseils qui illustrent les écrans de chargement ainsi que le petit topo sur les modèles utilisés sans oublier la description des réglages, très spartiate mais informative.
Clefs en main
Le nerf de la guerre pour un jeu de course automobile, c’est évidemment le pilotage. Censé apporter un vent d’air frais sur console, celui de la ‘full simulation’, Race Pro porte un fardeau de poids sur ses épaules. Le titre de SimBin n’est pas exempt de qualités dans ce domaine, même si il s’avère être une version clairementallégée et imprécise de ses aînés sur PC. Quel que soit le mode de difficulté et le niveau d’assistance choisi, Race Pro est jouable à la manette et au volant, mis à part quelques modèles capricieux qu’il vous faudra littéralement dompter. Par défaut, la gestion des gaz et du freinage est confortable au pad, et le seul avantage technique du volant sera de vous procurer une maîtrise progressive et plus souple de la direction, alors qu’elle sera plus sèche au pad avec certains modèles pilotés, comme les monoplaces. Un point important pour ceux qui cherchent à gagner quelques centièmes au classement mondial en gérant leurs entrées et sorties de courbe au poil près. En termes de sensation, c’est bien plus intense au volant, avec un retour de force correct mais surtout l’impression de piloter et d’attaquer le bitume. Etrangement, de nombreux effets de vibration sont moins présents voire absents avec la manette alors qu’ils sont bien pris en compte par le volant. C’est assez aléatoire, mais cela concerne quelques vibreurs et imperfections de la piste, ainsi que certains transferts de masse brutaux, qui se ressentent au volant et pas vraiment au pad.
Fun, ce Race Pro n’est cependant pas le messie de la simulation console qu’il aurait pu être. Même dans le mode de difficulté le plus élevé soit le mode Pro, sans aucune aide à la conduite et avec une I.A réglée sur Très Difficile, le jeu ne surprendra pas les vrais habitués du genre.Le joueur occasionnel aura du mal certes, mais si vous avez retourné Forza Motorsport 2 à maintes reprises, Race Pro vous posera peu de problèmes. Et c’est une déception si l’on considère les promesses faites par SimBin : non, Race Pro n’est pas un simulateur hardcore. La prise en main est assez rapide et la seule véritable difficulté sera de vous approprier quelques modèles et surtout les tracés, un par un, pour en maîtriser les pièges voire parfois les portions très techniques. Et c’est là que Race Pro fait fort. Les circuits, variés et inédits pour certains sur console sont rafraîchissants et procurent d’excellentes sensations. Vous trouverez de tout, entre les courbes rapides de Curitiba, la simplicité piégeuse d’Anderstop, le véritable cauchemar que peut devenir Macao ou Pau, le frisson classique de Monza, le rapide Brands Hatch, les virages machiavéliques de Valence, etc. Tout le répertoire du parfait petit pilote ou presque (pas d’ovales) est approché, et c’est un excellent point.
Un mot sur l’I.A qui alterne le chaud et le froid. Vous ferez parfois des courses étonnantes grâce à l’I.A qui se placera bien, qui bougera intelligemment autour de la trajectoire idéale, qui freinera pour éviter votre tête à queue, qui vous intimidera en restant juste derrière vous. Puis vous ferez une autre course et elle vous rentrera dedans au premier freinage ou restera campée sur son rail. Etrange. Une constante cependant : faites une seule erreur, comme un virage manqué et quelques secondes passées dans l’herbe avant de revenir en piste et votre position est perdue. L’I.A est difficilement rattrapable une fois qu’elle prend le large, sauf erreur de sa part. C’est un point fort de Race Pro qui ajoute du piment à la course car sur une manche de 75 tours, un manque de concentration peut vous faire redescendre en bas de peloton. Et autant dire que vous ramerez pour remonter, surtout dans les circuits urbains.
Les dégâts ? Ils sont visuellement présents, mais pas assez poussés et parfois peu crédible quant à leurs implications sur la maniabilité. Rares seront les directions vrillées ou les moteurs cassés. La météo ? Elle est effectivement prise en compte et ajoute une difficulté non négligeable mais essentiellement visuelle, surtout en vue cockpit dans les monoplaces où l’on discernera parfois peu ou pas du tout le prochain virage. Les règles de courses sont là elles aussi avec drapeaux et sanctions en cas de mauvais comportement (virage coupé ou collisions à répétition). Les réglages ? Riches et très cohérents, ils sont essentiels si vous souhaitez vous attaquer aux chronos du Xbox Live. Bon courage par contre pour les digérer tant ils sont présentés de manière austère.
Au programme
Le jeu offre un contenu classique pour le genre. Course unique, carrière, championnats, multi, essais, etc. On retiendra la carrière malgré sa redondance. C’est une suite de courses non scénarisée et timidement mise en valeur par un système de contrats (33) à remplir pour différentes écuries. Gains de crédits, déblocage de voitures et de livrées pour les autres modes, le tout pourra sembler long, surtout au début. C’est un bon moyen cependant de découvrir les nombreux véhicules de Race Pro, très variés dans leur comportement et leur appréhension. Le mode Championnat permet de lancer l’une des multiples compétitions WTCC dans leur intégralité, jusqu’à 75 tours avec 12 concurrents et qualifications. Le mode Hot Seat pourra retenir votre attention : tour à tour, vous alternez le pilotage de la même voiture en Coop, et de deux voitures différentes en Versus. Sympathique et potentiellement très prenant. Le jeu en ligne est véritablement là où vous prendrez le plus de plaisir. Vous pourrez paramétrer des courses entre 12 pilotes chevronnés. Après une bonne trentaine de courses au compteur avec des joueurs qui conduisent proprement, nous pouvons affirmer que Race Pro prend une dimension bien plus intense que celle proposée en solo. Il semble que de nombreux pilotes virtuels attendaient ce Race Pro. Du coup le Xbox Live est rempli de joueurs intelligents qui n’hésiteront pas à se joindre à vos sessions simplement pour travailler des chronos ou faire des courses de qualité. Un bon point qui sauve en partie le jeu.
+
- La licence WTCC sur console
- Très nerveux en multi
- Un pilotage rugueux, varié, réglable
- Des tracés excitants
-
- La réalisation en retard
- Une I.A inconstante
- Un potentiel général bridé
- L’austérité générale