Test : Rage 2 sur Xbox One
Rage against the players
Rage 2 nous transporte des années après les événements du premier épisode. Il nous colle dans la peau d’un orphelin – de sexe féminin ou masculin selon la préférence du joueur – qui va se retrouver avec la lourde tâche de devoir sauver le Wasteland, juste après avoir perdu tout ce à quoi il tenait suite à l’attaque d’un gros méchant cybernétique. Si le pitch de départ ne vend pas forcément du rêve ou de l’originalité, soyez rassuré, ce sera exactement la même chose tout au long de la campagne principale. Entre cinématiques à l’économie, mise en scène plate et cliché et dialogues avec des PNJ inexpressifs, soporifiques au possible, ce ne sont clairement pas l’histoire et les personnages de Rage 2 qui vous pousseront vers l’avant, même si l’on ressent parfois une volonté d’aller vers ce que propose la série des Wolfenstein de Machine Games. Les développeurs n’y parviennent jamais et aucune cinématique ni situations scriptées ne marquent réellement tout au long de l’aventure. La direction artistique, qui se veut punk et fluo, est d’un mauvais goût rarement atteint. Et pourtant les bonnes fondations de l’épisode précédent, un mix réussi entre Mad Max et La colline a des Yeux, se voient totalement ruinées par un humour souvent embarrassant et un manque total de créativité en ce qui concerne le bestiaire et les environnements. Combattre un mutant immense robotisé en guise de boss c’est cool ; beaucoup moins lorsqu’il clôture 5 missions à la suite… Les dialogues très « cool attitude », cherchant maladroitement à singer Borderlands, font très rarement mouche et le fait de les réentendre parfois en boucle n’arrange pas les choses. En bref, on a rarement vu un tel mix entre paresse et mauvais goût artistique.
Reste qu’avant toute chose, Rage 2 ambitionne d’être un FPS nerveux et de ce point là il le réussit plutôt bien. Le personnage est rapide, maniable et le jeu tourne en 60 FPS quasi-constantes, que ce soit sur One S ou One X. Les armes sont efficaces, brutales et la montée en puissance de l’armure, directement copiée sur celle du Doom de 2016, rajoute une couche au bordel constant et à la violence des affrontements. Seulement voilà. Même si l’expertise d’ID Software promet l’effet waouh et jubilatoire dès les premières minutes de jeu, le choix des développeurs de baser absolument toute la progression sur le loot et la complétion ne satisfera pas tout le monde. En effet, la plupart des nouvelles armes et des pouvoirs ne seront pas débloqués au cours des missions principales, mais en explorant les arches disséminées un peu partout sur la carte. Certes, on pourra s’aider dans leur repérage en épluchant de très laborieux dialogues avec des PNJ ou en lisant des tablettes roses disséminés un peu partout. Mais le problème de ce système, c’est que non seulement vous ne savez pas du tout ce que vous trouverez en débloquant une arche mais en plus de cela, vous pourrez avancer dans l’aventure principale – composée d’à peine une dizaine de missions pour autant d’heures de jeux – sans avoir jamais pu profiter de certains pouvoirs et avec la plupart des armes encore grisées. A titre d’exemple, en finissant le jeu en 13 heures, votre serviteur n’aura pas réussi à mettre la main sur 5 armes, dont le BFG offert uniquement avec l’édition deluxe. Pour renforcer le sentiment de progression les développeurs ont également pris le parti de proposer un système upgrade sur absolument tout ce qu’il est possible et imaginable d’améliorer. Inventaires, armes, armure, pouvoirs et véhicules : tout est améliorable moyennant des points de compétence, argent, cristaux ou encore objets rares, avec même (et souvent) des sous-menus et options ! Autant dire qu’il va vous falloir looter pendant pas mal de temps si vous décidez de compléter le jeu à 100% pour profiter des compétences d’un guerrier ultime.
Cette course au loot ne serait pas problématique si l’open-world avait suffisamment d’arguments pour nous faire aller de l’avant. Découpé en seulement 6 zones, allant de l’anecdotique au franchement hideux – la zone des marais et son brouillard immonde – le monde de Rage 2 a la bonne idée d’être totalement ouvert dès le début du jeu. Malheureusement, il ne compense jamais son manque d’originalité par une ambiance ou une simulation de vie poussant au voyage et à l’exploration. Gavé jusqu’à l’implosion de lieux d’intérêt et de missions, vous aurez le droit à des objectifs annexes qui, sous des appellations, codes couleurs et autres logos laissant croire à de la variété, se contenteront de vous envoyer tuer tous les occupants d’un endroit, détruire tous leurs réservoirs ou bien protéger une zone jusqu’à la fin d’un compteur temps. Pire encore, on retrouve des lieux entièrement copiés et collés à divers endroits de la carte et les objectifs secondaires vous pousseront à tourner en rond pour trouver une caisse cachée dans un endroit improbable pour compléter totalement le lieu. Vous pourrez toutefois améliorer le radar de votre armure au fil de votre progression pour rendre la tâche moins compliquée. L’open-world, déjà grande faiblesse dans le premier épisode, se trouve ici un modèle proche de la série Far Cry, la copiant dans sa propension à remplir la map de façon presque mécanique et allant jusque dans la reprise des cordes indiquant les corniches qu’il est possible d’escalader. Dommage que les développeurs de Rage 2 n’arrivent jamais à frôler la vie et le sentiment d’évasion d’un Far Cry pour en garder uniquement l’aspect indigeste. Difficile de décrire avec des mots la tristesse d’une rencontre avec un troupeau de bisons dans Rage 2, tant ils semblent avoir été intégrés à la va-vite pour remplir un cahier des charges déjà particulièrement copieux, sans jamais avoir d’incidence sur le gameplay ou l’univers.
Pour parcourir cet open-world fastidieux, rien de mieux que des véhicules bourrés à ras bord d’équipements. Si l’on appréciera la facilité à changer d’armes rapidement – d’une simple pression sur la touche RB – difficile de se passionner devant la conduite lourde et imprécise, qui vous fera régulièrement chuter d’un ravin au détour d’un virage ou rater votre cible. Pire, les munitions de votre véhicule principal, le phénix, demanderont à être régulièrement rachetées chez un garagiste et vous feront donc gâcher de précieuses ressources, quand elles ne vous obligeront pas à renoncer sur la fin à l’attaque d’un convoi faute de missiles en stock. Le nombre de véhicules à découvrir et les options de customisation sont une fois de plus plutôt bien remplis, mais l’intérêt de leur conduite est tellement limité, que hormis pour la carotte d’un succès, la plupart des joueurs en resteront tranquillement au véhicule de base. On conseillera toutefois d’essayer au moins une fois la conduite d’un véhicule volant, histoire de rire un peu sur le dynamisme et la rapidité de l’objet. Un petit mot sur le Windstick également, boomerang mortel directement inspiré de l’arme de l’enfant sauvage de Max Max 2 et l’un des arguments principaux de la communication du jeu. Au final, le gadget se révélera trop imprécis et trop peu létal pour réellement apporter plus qu’une médiocre variante au gameplay. On pourra certes le modifier moyennant des points de compétences, mais pour rien de réellement plus original qu’un lock sur un ou plusieurs ennemis.
Un dernier mot sur la technique globale. Le jeu est limité aux 1080p sur One X et l’aliasing encore bien présent vous le rappellera dès les premiers instants. Si les extérieurs et les ennemis sont plutôt réussis, les intérieurs sont souvent moches, peu inspirés et les éléments futuristes semblent quand à eux directement issus d’un DLC fauché pour Far Cry. Une fois de plus, on apprécie l’apport des 60 FPS, mais l’aspect baveux et plutôt crade du rendu global fait tout de même regretter qu’on ait pas du tout le choix entre un mode performance ou résolution sur One X.
+
- Gameplay violent, souple et jouissif
- 60 FPS quasi-imperturbable
- Campagne courte (ouf)
-
- Open-world morne
- Histoire et dialogues sans intérêt
- Du craft, du loot et de la customisation partout
- Découverte des capacités et armes dissociée des missions principales
- DA et humour au ras des pâquerettes
- Conduite lourde et imprécise
- Techniquement crado