Test : Rage of the Dragons NEO sur Xbox Series X|S
Demi-Dragon
Rage of the Dragons fait partie de ces jeux Neo Geo passés sous un relatif silence. Sorti assez tardivement et comme bien souvent dans l’ombre de l’ogre King of Fighters, Rage of the Dragons a surtout fait parler de lui ses dernières années pour son prix de vente ahurissant sur le marché du rétrogaming. On a beau connaitre certaines pratiques et la propension d’une frange de vendeurs à vouloir faire passer le lézard pour le petit du crocodile, il faut avouer que cela surprend de voir un jeu proposé de 3000 à 6000€ selon son état de conservation. Autrement dit, il y a de fortes chances que le petit groupe de joueurs qui a déjà mis les mains sur Rage of the Dragons (et dont vous faites peut-être partie) soit généralement passé par la case émulation pour tâter ce jeu de baston développé à l’époque par Evoga et Noise Factory. On doit à ce dernier, entre autres, le sympathique Metal Slug 4, l’excellent Power Instinct Matrimelee et l’étrange KOF Maximum Impact qui fut la première tentative 3D de King of Fighters.
Nous voilà donc désormais débarrassés de tout besoin de passer par des chemins de traverse pour jouer à Rage of the Dragons. On doit notamment cela aux brésiliens de QUByte Interactive, spécialisés depuis plusieurs années dans le portage sur les consoles actuelles de jeux du passé qui sont à la fois moyennement connus mais potentiellement très intéressants. On pense par exemple à Breakers Collection pour la baston et Vasara Collection pour le shoot’em up. Rage of the Dragons « Neo » est désormais disponible sur Xbox Series X|S et Xbox One, avec ce que l’on attend en 2024 d’un jeu de baston comme celui-ci : les modes solo et versus locaux comme à l’origine, agrémentés de défis à la difficulté croissante, d’un mode entrainement, de replays où l’on dispose d’options pour disséquer les actions visibles à l’écran et en tirer des enseignements pour la suite, d’une petite galerie, d’une fonction de sauvegarde utilisable n’importe quand en solo, et aussi de toutes les options d’affichage désormais inévitables dans ce genre de portage (ratio, filtres, papiers peints, etc).
C’est surtout la présence d’un mode multijoueur en ligne qui offre à Rage of the Dragons Neo un attrait particulier. Cela est d’autant plus vrai face à un jeu qui propose des combats classés ou non, et un leaderboard (valable aussi pour le score en solo) dans des conditions très propres. De ce que l’on a pu expérimenter, le netcode (de type rollback) semble tout à fait au point. Si le multijoueur est un argument essentiel pour tout jeu de combat ou presque, il l’est encore plus pour Rage of the Dragons Neo et cela pour deux raisons. La première tient au fait que l’on a ici un jeu de combat Tag Team (2 contre 2 avec changements de combattants possibles en plein combat) qui dispose d’un fond plutôt intéressant.
La quinzaine de personnages offre une belle variété de styles de combat, des mouvements spéciaux divers et la traditionnelle attaque massive que l’on relâche après avoir chargé la barre dédiée. Rien de nouveau sous le soleil et à moins de n’avoir jamais touché à un KOF/Street Fighter/Fatal Fury et compagnie, vous serez en terrain connu côté commandes. On note toutefois une certaine originalité avec des super attaques exécutables en équipe et aussi un système permettant d’enchainer un coup projetant l’ennemi vers l’arrière avec une série de petits coups spécifiques : chaque personnage dispose de son propre enchainement qui s’affiche au-dessus de la barre de super attaque (une séquence basée sur les quatre boutons de coups) et qu’il faut entrer dans le bon ordre et avec le bon timing. Un petit temps d’adaptation et d’apprentissage est nécessaire pour maitriser cette fonctionnalité plutôt intéressante.
Rage of the Dragons Neo s’avère ainsi plaisant à prendre en mains, quoi que (vous vous en doutez) parfois difficile à maitriser sans le matériel adéquat. La manette Xbox n’est décidément pas faite pour les jeux de baston. S’il ne dispose pas nécessairement de la profondeur d’un King of Fighters, il propose néanmoins de quoi apprendre et progresser durant de nombreuses heures. Un effort nécessaire pour être à la hauteur lors des versus en ligne bien sûr, mais aussi en solo. Et nous en venons ainsi à la seconde raison pour laquelle Rage of the Dragons Neo est un jeu où le multijoueur est essentiel : il est tout bonnement atroce de difficulté en solo. Le jeu a beau proposer 8 niveaux de difficulté, on galère sévèrement dès le plancher. Et bien que l’on parvienne avec de l’entrainement à faire face aux affrontements standards, on finit de toute façon par affronter un boss de fin tout simplement surpuissant. Oubliez les prises de tête dans certains King of Fighters ou World Heroes : le boss de fin de Rage of the Dragons Neo est l’un des pires que l’on ait rencontré. Et même sans cela, Rage of the Dragons Neo agace lors des combats classiques en raison de son IA qui semble lire à l’avance ce que l’on va faire et peut se permettre des enchainements qui ne respectent aucunement quelconque règle de priorité.
C’est franchement énervant, frustrant, de devoir composer avec une IA qui triche ouvertement. De quoi refroidir les solistes de la baston et vraiment nuire à ce jeu qui, en dehors de cela, à tout ou presque pour plaire. Cette suite spirituelle de Double Dragon sorti en 1995 sur Neo Geo (spirituelle seulement car les développeurs ne parvinrent pas à l’époque à obtenir les droits de la licence. On retrouve toutefois des personnages clairement issus de Double Dragon) propose des graphismes corrects pour ce support à l’époque, des animations fluides, des décors variés et soignés. La bande-son dans la plus grande tradition des jeux Neo Geo contribue au dynamisme de ce jeu tout à fait plaisant… pourvu que l’on n’y joue pas seul.
+
- Bon jeu de combat dans ses mécaniques
- Portage complet et soigné
- Mode multi opérationnel
- Bande-son au top
- On peut enfin y jouer sans hypothéquer sa maison
-
- Difficulté en solo tout simplement absurde…
- … Tuant presque tout intérêt d’y jouer seul
- Vous le savez sûrement mais il vaut mieux éviter d’y jouer avec une manette Xbox standard