Jeux

Those Who Remain

Aventure | Edité par Wired Productions | Développé par Camel 101

4/10
One : 28 mai 2020
08.06.2020 à 18h58 par - Rédacteur

Test : Those Who Remain sur Xbox One

Mais qui sont ceux qui restent ?

En matière de bourgades rurales étranges où la survie ne tient finalement qu’à un rayon de lumière, on pensait avoir déjà donné. Mais c’est sans compter sur les développeurs portugais de Camel 101 qui nous invitent avec Those Who Remain à vivre quelques heures sur le fil de rasoir. Bienvenue à Dormont, ville plongée dans le noir et dont les conséquences de ce manque de lumière vont au-delà de la carence en vitamine D.

Edouard est mal, très mal. Avachi sur son bureau où s’empilent les cadavres de bouteilles d’alcool, son regard se pose alternativement sur son téléphone et sur le revolver qui semble prêt pour une roulette russe à l’issue prédictible. Puis vient un message on ne peut plus équivoque d’une maitresse bien décidée à rentabiliser sa nuit de motel. C’est l’occasion de couper les liens se dit Edouard, dans un sursaut d’honneur marital. Direction donc le motel près de Dormont où les choses prennent une direction autrement moins caliente que ce qui était annoncé. Personne à l’accueil, personne dans la chambre. Puis le téléphone sonne et nous somme tout simplement, sur un ton tout désigné pour ce genre de soirée aux frontières du réel, à « rester dans la lumière ». Pourquoi ? Edouard le découvre bien vite alors que sa voiture est volée et retrouvée encastrée dans un arbre quelques centaines de mètres plus loin. On observe alors tout autour, là où la lumière n’est pas, que des dizaines de silhouettes nous observent. Immobiles, on ne perçoit guère qu’au travers de la lueur bleutée de leurs yeux. Il suffit alors d’un pas dans la pénombre et du coup de hache qui s’en suit pour comprendre que la survie d’Edouard ne dépend que d’une chose : rester dans la lumière.

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Voilà donc la nature de cette mécanique de jeu qui rythme l’intégralité de l’aventure Those Who Remain. Vissé au regard du héros, il nous appartient de progresser vers la ville en prenant garde à ne pas mettre un pied en dehors des clous que représente la lumière. Il y a des fois où le jeu nous puni sans raison apparente mais dans l’ensemble la règle est plutôt bien respectée. Il n’y a à partir de là pas trente-six choses à faire : la plupart du temps, on tombe sur un document donnant un indice, on observe qu’il manque quelque chose quelque part (comme le fameux fusible, évidemment) et on part à sa recherche. Those Who Remain reprend la plupart du temps les codes du walking simulator ; on trouve ainsi la solution au problème en ouvrant des tiroirs par dizaines, même si cela a tendance à devenir pénible lorsqu’il faut en examiner trente pour retrouver un seul objet. Mais c’est la loi du genre, renforcée ici par une forte accumulation d’énigmes. Pour simplifier : on arrive dans une zone (commissariat, caserne de pompiers, maison de campagne, bibliothèque, etc), on progresse d’une pièce à l’autre en prenant soin d’allumer la lumière et le cas échéant, de la réparer pour progresser.

Cet aspect de Those Who Remain fonctionne assez bien. L’ambiance oppressante est bien rendue en jouant avec les passages dans une dimension parallèle ou les changements soudains lorsque l’on tourne la tête. Il n’est cependant pas un jeu qui effraie, il n’a même pas vraiment l’intention de le faire. En revanche Those Who Remain parvient à installer une certaine tension, confortée par un scénario certes tortueux par moments mais finalement bien tenu, suffisamment maitrisé (sous-titrée en français mais émaillé de quelques fautes) pour nous donner envie de savoir vraiment ce que l’on fait ici. Et surtout où l’on va. On peut lui reprocher une première moitié d’aventure assez floue et pas franchement aidée par un héros à qui l’on peut décerner l’Oscar de la nonchalance. On s’imagine difficilement réagir de la sorte en plein cauchemar, mais soit. La seconde partie du jeu dénoue progressivement les liens et parvient à captiver beaucoup plus. Cela passe par une succession de choix dont on laisse ici le voile posé sur la teneur mais qui sont assez bien amenés et permettent de déboucher sur trois fins plus ou moins heureuses.

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L’ambiance fonctionne relativement bien donc, et heureusement. Parce que sans cela, nous aurions probablement été peu nombreux à nous hisser jusqu’au dénouement d’une aventure qui cumule les tares sur tous ses autres aspects. Those Who Remain ne se contente pas seulement d’adopter une posture walking simulator/jeu d’énigmes : il intègre par moments des ennemis qu’il faut impérativement éviter sous peine de succomber en un seul coup. Ces engeances sont certes seules à nous rechercher et ne sont pas forcément les plus futées. Cependant, il peut leur arriver de nous repérer à une distance complètement folle, lorsque quelques minutes auparavant on aurait pu leur chatouiller le dos. Mais le principal problème, c’est que ces créatures mortelles apparaissent souvent à des moments où l’on doit en plus réfléchir à une énigme ou manipuler des objets qui nous forcent à nous mettre en danger. Quiconque a croisé les statues de lions sait de quoi on parle. L’idée n’est pas mauvaise en soi, mais son exécution l’est. Ce principe ne fonctionne pas avec ce qu’est Those Who Remain, un jeu où l’on s’attend à tout sauf du die and retry.

Ces moments pénibles le sont d’autant plus face à des checks points parfois mal placés, forçant à refaire des passages ou écouter des monologues sans possibilité de les accélérer. Quand on traverse une dixième fois un couloir sans intérêt pour aller déclencher une course-poursuite dont l’issue heureuse dépend du choix de la bonne porte que rien ne permet de déterminer (si ce ne sont les échecs précédents), les nerfs se trouvent rapidement à vif. Mais cet agacement, c’est aussi et surtout parce que Those Who Remain est techniquement bancal. Bancal au point d’en être désagréable. On aurait pu lui pardonner sa plastique disgracieuse, parce que ce ne sont pas les graphismes qui font la qualité du jeu. Mais on ne peut passer sous silence le framerate en souffrance permanente : le jeu doit être plafonné autour des 20 images par seconde et émaillé de petites chutes en prime. Il est très difficile de passer les premières heures de jeu sans ressentir un mal de tête ou la nausée. On finit par s’y habituer, mais cela n’excuse rien. En ajoutant à cela un sound design qui n’est pas à la hauteur des ambitions du jeu en termes d’ambiance, on termine l’aventure Those Who Remain avec une certaine déception. Cela a pris six heures environ… Dont deux bonnes heures de trop.

4/10
Marcher dans la lumière s’est avéré être un exercice plus délicat que prévu. Pour Those Who Remain peut-être encore plus que pour nous autres joueurs. Si l’ambiance du jeu est assez convaincante et son histoire motivante en dépit d’un « héros » envers lequel on ne sait que ressentir, Those Who Remain est aussi un titre bancal. Pénible lorsqu’il nous impose certaines mécaniques hors-sujet et rageantes, il paie le prix d’une réalisation complètement manquée. Pas très agréable à regarder, Those Who Remain souffre surtout d’un framerate aux fraises 100% du temps. Du début à la fin. De quoi donner des sueurs qui, combinées aux quelques choix douteux de game design, font de Those Who Remain un triste raté. On aurait aimé un autre dénouement.

+

  • Ambiance oppressante bien maîtrisée
  • Histoire intéressante, surtout sur la fin
  • Durée de vie correcte pour le genre

-

    • Framerate abominable
    • Graphiquement à la traine
    • Du die & retry malvenu
    • Chekpoints souvent mal placés
    • Environnement sonore pas assez marqué
    • Edouard...