Jeux

Richard Burns Rally

Course | Edité par Sci Games | Développé par Warthog

8/10
360 : 09 July 2004
19.07.2004 à 13h43 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Richard Burns Rally sur Xbox

Alors que la Xbox ne semblait pas spécialement manquer d’un nouveau jeu de rallye après un Rallisport Challenge 2 éblouissant et avant un Colin Mc Rae 2005 qui semblait parti pour défendre une vision plus simulation, Warthog et SCI ont eu cette idée folle de sortir Richard Burns Rally, entre les sorties des deux références suscitées. Un vrai acte masochiste pensait-on. Aujourd’hui les bras m’en tomberaient, mais c’était en fait beaucoup plus sado que maso.

On nous l’avait bien dit, Richard Burns serait un jeu de rallye très réaliste, une simulation pure. Et on ne nous avait pas menti. Vous voyez Colin Mc Rae ? Eh bien à côté le titre de Codemasters fait figure de pâle jeu d’arcade pour débutant. Littéralement. Richard Burns élève le niveau d’engagement du joueur vers des cieux bien plus fantasmagoriques, transcende les sensations vers un jamais vu dans la matière sur consoles, et se permet en plus d’être accessible à qui s’y intéresse. Mais comme toute simulation qui se respecte, Richard Burns ne s’apprivoise pas avec quelques coups d’accélérateur. Non madame. Richard Burns vous calme, ce dès l’école de conduite. Prendre un virage vous semblera juste impossible aux premiers tours de roue. L’accélération de vos 300 chevaux vous laissera perplexe quant à la possibilité de les maîtriser. Et votre premier contact d’écolier sera très certainement l’une de vos expériences les plus décourageantes de votre vie de gamer (après les bugs de DRIV3R, cela s’entend). Croyez moi, au départ il va vous falloir de l’amour propre genre « on m’la fait pas à moi, j’suis un dieu de la course et j’te dompterai sale bête » pour oser persévérer (ou alors la conscience que vous l’avez payé 60€ et qu’il serait con de n’y jouer que 10 minutes, j’en conviens). Mais pour les gamers téméraires, ceux d’une lignée qui remonte aux Dunedains et qui sauvent la Terre du Milieu, une bonne heure de jeu permet de comprendre les premières subtilités essentielles de « Richie ». La première, la plus importante : molo sur l’accélérateur, la vitesse de pointe n’étant pas un objectif du tout. Non, votre boulot, c’est de trajecter, point de fuser au milieu des bois et faucher le premier spectateur qui a osé se mettre à moins de 20 mètres de la piste. Je sais, au début ça fait mal au cul, et les premiers essais donnent la sensation qu’on n’avance pas et qu’on est encore à l’école de conduite. Mais mettez vous bien ça dans le crâne : vous y êtes encore. Car votre plus grand ennemi dans RBR, c’est votre expérience. Il va vous falloir oublier tous vos réflexes acquis sur les autres jeux de rallye disponibles, faire table rase de votre ingéniosité à défoncer le chrono dans Rallisport, et repartir de zéro.

La simulation, quand c’est pur c’est bon

Une fois que vous aurez passé le stade des deux premières heures (au moins) à comprendre comment marchait votre bête et surtout ce qu’il était impossible de réaliser avec, vous allez donc commencer à prendre du plaisir. Cela commence lorsque vous arrivez enfin à terminer une spéciale sans vous tauler plus de quinze fois (vous aurez pris soin de jouer sans les dégâts au début, sinon c’est crise de nerf assurée). Vous en êtes donc à prendre un virage sur deux plutôt correctement, voire de temps à autre à passer des dérapages contrôlés sur certains. Vous serez familiarisé avec les réactions de votre bolide une fois sur les bas côtés, aurez assimilé le système d’indications de votre copilote, serez habitué aux pistes défoncées et remplies de pièges, et serez en mesure de vous attaquer au mode débutant pour votre première saison de rallye, qui vous apprendra qu’il vaut mieux y aller tranquillement de toute façon, le résultat sera là. Après quelques heures supplémentaires vous y serez presque. Finir une spéciale sans aucun accident sera un objectif atteignable, vos trajectoires seront déjà jouissives et votre vie sociale en prendra un méchant coup. Après c’est juste le paradis, et vous ne courez même plus pour la gloire, mais pour le plaisir. D’autant plus que malgré un nombre de spéciales plutôt restreint (6 pays), celles-ci offrent des sensations et des pièges très différents, et c’est juste le pied de passer d’une oppressante course sur bitume en Savoie à la vitesse grisante des larges pistes du Grand Canyon. Vous en trouvez pour tous les goûts, et finalement on a bien du mal à choisir le rallye qu’on préfère (hormis l’Angleterre, il y pleut tout le temps et c’est super glauque…). De plus, qui dit simulation pure dit bien évidemment gestion des chocs extrêmement précise et bruitages très réalistes (pendant les crashs vous entendez même le cri du copilote). Ajoutez à cela des possibilités de réglages juste sans précédent qui raviront les meccanos en herbe, et vous obtenez une simulation de rallye au gameplay juste ultime.

Ahhh si le plumage se rapportait au ramage…

En fait, ce qui fait moins plaisir dans "Richie", c’est surtout l’emballage. Il faut être honnête, on est loin d’atteindre des sommets, et même un Colin Mc Rae s’avère techniquement plus réussi. Le plus gros problème vient de l’animation, qui, si elle tourne à 60 images par seconde en vue pare choc, se limite généralement à 30 images en vue cockpit ou externe, sans compter quelques saccades qui peuvent parfois survenir. En plus, comme c’est souvent le cas pour une simulation, la vue extérieure est injouable car pas du tout précise (et la précision dans ce jeu, c’est tout !). Bref, pour jouir des meilleures conditions Richard Burns se joue en vue pare choc ou ne se joue pas, ou alors c’est qu’on est très tolérant. Graphiquement, le jeu est très loin là aussi du top (inutile de le comparer à RSC2, ça tournerait au ridicule). Les textures sont globalement simples, les spéciales en majorité composées d’éléments 2D, et seule la voiture est dans la norme des meilleures productions. Cependant, j’avoue avoir apprécié les choix esthétiques faits par Warthog, car à défaut d’être beaux, les décors sont très crédibles et donnent vraiment la sensation d’évoluer dans un milieu réel. Et puis des petites touches, comme par exemple des animaux qui traversent la route, renforcent cette sensation de réalisme. Bref, s’il n’est pas une tuerie graphique, RBR reste tout à fait acceptable et l’esthétique convient parfaitement à l’orientation réaliste du jeu. En revanche petit coup de gueule sur les menus, vraiment pas pratiques et limite illisibles sans câble RGB. Enfin, il faut savoir que le jeu exigeant un dosage parfait et très précis du freinage et de l’accélération, vous devez impérativement être rompu à l’utilisation de l’analogique (surtout les gâchettes), ou mieux encore, posséder un volant. Le pad Xbox permet toutefois de se faire très plaisir pour quiconque maîtrise l’analogique.

Richard Burns Rally est ce qu’on peut appeler une étape, un mètre étalon. Très sincèrement après avoir goûté à son gameplay, il m’est juste impossible d’imaginer prendre du plaisir avec un Colin Mc Rae et ses modèles physiques de supermarché (©Ed Warner). Alors oui, Richard Burns n’est pas super beau, oui il arrive que son animation soit légèrement défaillante, et oui il y a encore de quoi l’améliorer dans la forme. Mais dans le fond il offre l’un des gameplays les plus puissants à ce jour en matière de conduite virtuelle, un trip addictif et hautement recommandable à quiconque se dit passionné de jeux de voitures. Celui-ci vous tient en haleine durant des spéciales qui durent parfois 8 minutes, et le pire, c’est qu’on n’a de cesse d’en redemander. Définitivement une référence, et on se met à genoux pour qu’une suite avec une réalisation 4 étoiles soit mise en chantier. Mais en attendant ne boudons pas notre plaisir, et savourons l’expérience qui nous est offerte, car elle est rare.

+

  • Des sensations de pilotages inégalées à ce jour
  • La seule vraie simulation de rallye sur consoles
  • Un jeu exigeant peut être, mais la récompense est là pour celui qui persiste

-

    • Pas de poudre aux yeux ici. La réalisation est clairement de seconde zone, mais le rendu parvient à parfaitement coller au réalisme du jeu.
    • Réservée aux persévérants, c'est clair. Mais quel pied !!! On ne met pas 20, on ne sait jamais une suite pourrait nous surprendre. Mais le coeur y est.
    • Si le jeu ne propose pas moult spéciales, son gameplay est si puissant qu'on ne se lasse pas de trajecter pour parfaire ses records. Définitivement addictif.
    • Des bruitages vraiment excellents et immersifs. Les musiques des replays sont anecdotiques, mais leur utilité n'est que très limitée de toute façon.
    • Exigeant, trippant, addictif. Richard Burns n'est pas le plus beau jeu de course qui soit, mais c'est certainement le jeu de rallye le plus puissant sur consoles. Indispensable pour tout fan de jeux de course qui se respecte.
    • Le faible du jeu. Elle n'est vraiment fluide qu'en vue pare choc, et souffre parfois de légère saccades.
    • Graphismes très moyens
    • Animation pas toujours très stable
    • Gameplay difficile d'accès, qui découragera les moins persévérants