Test : Rise & Shine sur Xbox One
The War of Shine
Vaste Gloubi-boulga de références vidéo-ludiques oubliées de la playhistoire, le monde de Gamearth est mis à feu et à sang. Les méchants soldats de Gears of War pètent un câble, et n’hésitent pas à s’en prendre à Mario, Flappy Bird et autres légendes du petit écran comme à n’importe quel quidam de pixels. En résumé, c’est la guerre, de celle qui peut ruiner une jeunesse par sa mise en scène macabre des héros de nos belles années. Loin de ces considérations de trentenaires accrocs au stick, le jeune Shine puise dans sa préadolescence toute la naïveté nécessaire pour accepter l’univers qu’il arpente et les personnages qu’il rencontre. À commencer par le flingue qu’il récupère, dénommé Rise, capable de faire parler la poudre à grand renfort de mauvais esprit tout en attribuant à son juvénile porteur des respawns infinis. Ces réapparitions instantanées en cas de trépas, comprises dans la diégèse du jeu, ne facilitent pas le périple pour autant puisqu’elles ne font que briser le fameux quatrième mur. En cas de mort, le joueur doit juste recommencer au dernier checkpoint sauvegardé, comme de nombreux softs l’ont proposé jusque là. S’il éteint la console sans arriver à la fin du niveau, alors il devra recommencer tout le tableau précédemment entamé.
Avec son scrolling gauche/droite et sa direction artistique empruntant autant à Castle Crashers qu’à Alien Hominid, Rise & Shine ne fait pas dans le trompe l’œil. Les ennemis qui arrivent par tous les côtés de l’écran tirant des projectiles qui l’inondent permettent de se situer d’emblée dans les grandes heures du run & gun. Ou plutôt du walk & gun, puisque modernisation oblige, il est demandé de viser en pressant LT avant de pouvoir tirer, rendant impossible toute course, Shine préférant la marche sous cette condition. L’autre mécanisme piqué aux TPS actuels est le système de cover via une pression de la touche B derrière un élément le proposant. De quoi faire pencher la balance du côté de la précision et de la tactique plutôt que de la vélocité pure d’un Metal Slug. Le joueur doit en tout cas apprendre à jongler entre puissance de feu (pour détruire les adversaires) et déplacements rapides (pour esquiver les tirs) afin de ne pas utiliser trop fréquemment la magie du respawn. Si la matière grise des ennemis recouvre aisément le sol buriné de Gamearth, celle du gamin est mise plusieurs fois à contribution lors de phases mélangeant réflexion et dextérité, liées à l’utilisation d’un effet particulier à équiper sur les munitions. Ces dernières deviennent alors contrôlables à la manière d’un super mouton de Worms, à quelques détails près.
« Oui, Rise & Shine est parfois tendu, particulièrement dans son niveau final qui enchaîne le débarquement de troupes adverses plus que de raison, créant un pic de difficulté ravageur sur le boss de fin »
Ces effets, à équiper avec LB, permettent donc de télécommander ses balles comme de les transformer en grenades et sont à utiliser aussi bien pour annihiler les ennemis que pour réussir divers puzzles. Ultime règle à mémoriser : une pression sur RB permet de switcher entre munitions enflammées et électriques. Un élément à choisir évidemment selon la sensibilité de l’adversaire (ou si une commande électronique est à activer à distance). Avec un mapping de touches principales aussi écartelé sur le pad (LB, RB, LT et RT), il n’est pas rare de s’emmêler les pinceaux voire pire, de devoir lâcher un des sticks de déplacement ou le bouton de mise en joug pour s’adapter à la soudaineté d’une situation qui vient nous gifler avec ses ongles rongés. Car face aux dizaines de (parfois très petits) tirs ennemis affichés à l’écran, il est vital de pouvoir réagir sans balbutier. Oui, Rise & Shine est parfois tendu, particulièrement dans son niveau final qui enchaîne le débarquement de troupes adverses plus que de raison, créant un pic de difficulté ravageur sur le boss de fin. La petite touche de die & retry finira de frustrer les plus sensibles, même si elle ressemble plus à un clin d’œil de développeur moquant la prétendue immortalité de son héros.
C’est d’ailleurs l’impression générale qui ressort du titre d’Adult Swim. Face à tant de références aussi bien dans l’univers que dans les mécanismes de jeu, il est aisé de s’imaginer le groupe de potes passionnés qui officie derrière. Les dialogues soulignent souvent l’absurdité du game design et rappellent que nous ne sommes que dans un jeu. Ces joutes ne peuvent qu’appuyer la sympathie que l’on peut ressentir à l’égard de Rise & Shine, qui semble avoir été pondu par nos meilleurs potes du bahut. Le scénario griffonné sur un coin de table un dimanche à Bamako et les personnages débiles présents pour le LOL peuvent faire mouche en cas de réceptivité amplifiée par l’absorption de substances dont Xbox-Mag ne peut publiquement encourager la consommation. Dans ce gros fourre-tout qui s’appelle Gamearth, nous ne pouvons que saluer la variété, même timide, des situations entrevues lors des missions spécifiques. Les univers visités ont effectivement la bonne idée d’apporter avec eux leurs règles propres, ce qui fait que le joueur devra à une rare occasion se la jouer à la R-Type dans un passage purement shoot’em up, et parler à des NPC pour accepter de minimes quêtes sur… NPC Island. Humour de jeune passionné, on vous disait !
+
- Varié dans ses propositions
- Mélange de genres intéressant
- Agréable à l’œil
-
- Pas de mode coop
- Maniabilité un peu délicate
- Au final assez impersonnel
- Boss de fin très difficile comparé au reste