Jeux

Le cochon est dans le maïs

EA Sports réitère donc cette année avec un Rugby 06 qui fait suite aux très moyens épisodes 2004 et 2005. Au programme, du traditionnel avec la possibilité de jouer un match d’exhibition, de s’entraîner, de participer à un tournoi officiel (6 Nations, Coupe du Monde et d’Europe, Top 14, LA Premiership, etc.) ou d’en créer un. En marge des modes classiques, vous pouvez gérer vos effectifs, créer des joueurs et choisir vos combinaisons de jeu parmi une liste présélectionnée. Notez que vous ne pouvez pas accéder à tous les modes de jeu si vous n’effectuez pas l’initiation, qui reste courte et simple et ne vous prendra pas plus de cinq minutes. Grâce au mode « Créer joueur », vous pourrez modeler un joueur et sélectionner ses capacités pour l’ajouter dans une équipe nationale ou dans un club. Petit bémol, cependant, puisque la personnalisation est très sommaire et les possibilités de modélisation restreintes ne permettent pas d’affiner les traits de votre joueur, donc si vous souhaitez créer un perso à votre image, laissez tomber car c’est trop grossier. En ce qui concerne les noms de joueurs et de compétitions, les tournois bénéficient de licences officielles mais fait étrange, dès lors que jouez en club, de nombreux joueurs perdent leurs identités pourtant correctement présentées en tournoi. Par exemple,Serge Betsen dans les 6 Nations devient Serge Baston en club. EA Sports dispose donc d’une licence à deux vitesses et c’est d’autant plus dommage que vous ne pourrez pas modifier les noms, chose possible avec un PES par exemple, et ce malgré des licences défectueuses.

Dans Rugby 06, les effectifs des équipes incluent des joueurs d’exception aux compétences spécifiques qui peuvent changer l’issue d’un match. Ils se reconnaissent sur le terrain grâce à une petite étoile au dessus du joueur. Sprinteur, maître en touche, plaqueur, buteur, etc., vous pourrez exploiter leurs capacités spéciales aux moments opportuns au cours d’un match. Nous avons noté que leur efficacité est toute relative, puisqu’il est possible de passer un drop sans problème avec un joueur autre que le buteur d’exception, même dans des conditions difficiles (longueur, angle, charge d’un joueur adverse). EA Sports devrait réviser ce système de manière à rendre l’action des joueurs d’exception plus déterminante ou plus réaliste.

Le XV sur son 31 ?

Graphiquement, le jeu est correct, avec cependant des modélisations moyennes des joueurs et des stades. Vous pourrez reconnaître les figures les plus connues mais vous remarquerez qu’elles manquent de détails, que certaines coupes ou couleurs de cheveux ne sont pas les bonnes, etc. Rien de dramatique mais on aimerait voir des modèles détaillés, surtout lors des cinématiques ou lors des touches, tirs ou gros plans. Les textures de pelouses sont réussies avec des zones dégradées de part et d’autre du terrain. Les teintes varient régulièrement d’un terrain à l’autre et les conditions météo sont bien reproduites, rendant l’herbe plus verte ou jaune selon qu’il pleuve ou qu’il fasse soleil, que vous jouiez en Angleterre ou en Australie. Vous sentez presque la boue dans vos chaussures lorsqu’il pleut et que le terrain est difficile … c’est très bien fait. Petit effet sympa : le souffle des joueurs qui s’élèvent de la mêlée par exemple. Les tenues sont, quant à elles, bien reproduites et si elles ne s’ont pas toujours fines, vous retrouverez la quasi-totalité des sponsors, couleurs et motifs de toutes les équipes. L’ambiance graphique générale reste toutefois bien sympathique. Les animations sont bonnes et variées même si certains plaquages ressemblent encore un peu trop à des saisies de judo. Les prises de balle, les passes et les chocs sont, en général, très fluides et paraissent naturels à l’écran, surtout lors des touches que l’on aurait d’ailleurs voulu plus interactives. L’ambiance sonore, comme de coutume avec EA Sports, est très bonne et garantit l’immersion.

Les mouches ont changé d’âne

Une fois le pad en main, le jeu se montre agréable, rapide et un brin évolué. La prise en main est aisée et reste similaire au précédent opus. Il vous est possible d’accélérer votre course (attention le joueur se fatigue) et d’effectuer les 3 principaux tricks au stick droit : le raffut, la percussion et la fixation du joueur, soit le crochet gauche/droite ou inversement. La réussite de ces tricks dépend des capacités de votre joueur, de sa position par rapport à son adversaire et du timing d’exécution. Pas de grosses inquiétudes puisqu’on les sort régulièrement pendant un match, un raffut bien amené sur le dernier défenseur est d’ailleurs assez jouissif car il permet souvent d’aller à l’essai. Le beau jeu aéré et instinctif est désormais permis grâce à la passe après le plaquage, LA nouveauté de Rugby 06. Si votre joueur se fait plaquer, vous avez la possibilité de passer le ballon à un joueur à proximité, mais gare aux interceptions. Cette nouvelle fonctionnalité libère le jeu et autorise de belles actions, rapides et improvisées. Elle permet de rattraper une combinaison manquée ou de poursuivre la percée de votre joueur, et ajoute ici et là de petits moments d’excitation dans vos temps de jeu. Quant au gameplay pur et dur, EA Sports a su trouver un certain équilibre, plus arcade que simulation, mais bien plus profond que celui de son homologue Rugby Challenge 2006 pour ceux qui possèdent le jeu. Deux raisons à cette jouabilité améliorée :

> Le positionnement des joueurs a été corrigé. Attention ce n’est pas encore parfait et les connaisseurs crieront au sacrilège en voyant les placements de certains joueurs, mais globalement l’équipe respecte beaucoup mieux la réalité et vous ne verrez plus votre flanker filer sur les ailes au moindre regroupement par exemple. Ce meilleur positionnement permet des choix de passes intelligents, avec toujours un ou deux joueurs en support lors de vos percées.

> Des combinaisons qui marchent. Elles fonctionnent bien en effet, peut-être un peu trop pour certaines puisque vous arriverez à débordez vos adversaires quasiment à chaque fois avec les combinaisons incluant des passes sautées par exemple. N’oubliez pas que ces combinaisons sont figées et vous ne pourrez pas les modifier mais elles permettent quelques fantaisies bien agréables sur le terrain, des plus simples aux plus compliquées. Cela étant, l’idéal serait de pouvoir créer son propre playbook, ou de modifier les combinaisons existantes … dans le prochain opus ?

L’autre amélioration notable concerne les dégagements de l’I.A dans ses 22 mètres bien mieux gérés que l’année dernière. Souvenez-vous, quand un joueur faisait un arrêt de volée dans ses 22, il dégageait le ballon de quelques mètres seulement, permettant à l’équipe adverse de reprendre le jeu en position très confortable. Désormais, l’I.A vise loin et vous ne pourrez plus profiter de cette tare dans le comportement du CPU. L’intelligence artificielle justement, compte trois niveau de difficulté : Club, Pro, Elite. Inutile de préciser que le niveau le plus bas est trop facile, et nous vous conseillons de commencer avec le niveau Pro avec lequel vous prendrez le plus de plaisir, car bien équilibré, sans compter les parties à deux bien sûr.

Encore quelques efforts Mr EA Sports

Le mode Elite est mal calibré, vous ne gagnerez presque aucun regroupement ou alors difficilement même contre des équipes avec des packs d’avants bien moins costauds sur le papier. On se demande pourquoi EA Sports regroupe autant de statistiques si ça ne se vérifie pas sur le terrain. Dans l’hypothèse où vous remportez la balle durant un maul, vous aurez parfois très peu de temps pour lancer l’action, le CPU récupérant la balle sans savoir comment ni pourquoi. Puisque nous sommes dans le chapitre des défauts, l’I.A gèle parfois dans un regroupement alors qu’elle a le ballon. C’est-à-dire que le CPU ne prend pas de décision, ne lance aucune action et se voit sanctionné par l’arbitre, ce dernier vous accordant une mêlée. Ce défaut est un symptôme d’une difficulté mal maîtrisée car ici les développeurs ont peut-être voulu donner un comportement réaliste à l’I.A mais de manière trop caricaturale : le CPU ne sait pas quelle combinaison choisir, et perd du temps jusqu’à la sanction, dommage. Autre point bancal, les mêlées qui se gagnent et se perdent encore trop aléatoirement avec pour seul critère de victoire une barre de poussée censée symboliser les forces en présence. Une fois la mêlée lancée, vous talonnez (bouton X) et dirigez le stick gauche dans la direction de la poussée. Or vous ne pouvez pas véritablement influencer la mêlée et l’on aimerait bien avoir un système similaire à Rugby Challenge 2006, plus équitable, qui met l’accent sur la dextérité du joueur plutôt que sur une barre d’énergie hasardeuse. On se fait un dernier point négatif ? Allez pour la route … les caméras ne sont pas encore abouties. Les vues latérales ou de touche empêchent de viser avec précision lors d’un drop par exemple alors que la vue arrière donne une vision étriquée du terrain. On s’en accommode mais ces détails, déjà critiqués à l’époque, auraient pu être réglés lors de la version 2005.

Bon ces petits défauts ne doivent cependant pas vous empêcher d’envisager Rugby 06. Oui quelques réglages sont à faire mais on sent qu’EA Sports n’est pas loin, et nous aimerions les voir s’occuper de Rugby 07 comme ils le font avec Madden NFL 07 : des animations plus complètes, des modes de jeux plus riches, et un gameplay approfondi. Rugby 06 n’est pas parfait mais vous prendrez plaisir à y jouer malgré ses quelques menus problèmes et approximations. Le jeu est plutôt rapide, simple et les possibilités (touche, chandelle, combinaisons, drop, etc.) liées aux règles de ce jeu font que l’on tente souvent des actions différentes et qu’au final … vous jouez de très bonnes parties.

Xbox Live tu ne joueras point

Enfer et damnation pour le multijoueur puisque aucun mode Xbox Live n’a été prévu pour Rugby 06. Dommage car ce jeu s’y prêterait volontiers. Il est toujours possible de se faire une partie à deux dès qu’un pote du club passe à la maison, mais pas de championnat en ligne, pas de saison, pas de classement et même pas l’ombre d’un match amical à jouer sur le Live. Il faut alors se contenter du mode solo qui pourra sembler redondant. Il existe bien une ligue mondiale à jouer en solo qui comporte un soupçon de gestion mais bien trop léger pour prolonger la durée de vie une fois tous les tournois remportés.