Test : Rustler sur Xbox One
Follow the damn horse, CJ
C’est la tête plantée dans un ballot de foin, un lendemain de cuite, que se présente à nous un certain Guy. Il est chauve, il est fort, ne s’est pas rebaptisé Guillermo Guiz et n’y va pas par quatre chemins pour faire tout l’étalage de son caractère doux comme un crottin de cheval. Il est comme ça Guy ! La seule chose dont il a (un peu) peur, c’est de sa mère chez qui il vit toujours ; cela ne l’empêche cependant pas de suivre son meilleur pote dans une quête complètement folle pouvant le porter en cas de victoire jusque dans les hautes sphères de la société. Un tournoi aura lieu prochainement et offrira au gagnant amour, gloire et beauté, soit le statut de prince, la main de la princesse et le pognon qui va avec. Adepte de l’argent mais surtout de la baston, Guy voit dans ce tournoi l’opportunité de faire d’une pierre deux coups.
Ainsi débute une succession de missions et d’objectifs qui porte Guy à la rencontre de tous les fous qui peuplent le monde de Rustler. Nous sommes au Moyen-Age ici… Enfin, plus ou moins. Tous les éléments caractéristiques s’y trouvent entre chevaliers, paysans, maisons de chaume et châteaux forts. Mais au détour du chemin on peut aussi trouver un rond-point digne des plus grandes œuvres de la DDE, des panneaux de signalisation très XXème siècle et mêmes des tags « F*ck the King » sur les murs de la ville. On se doutait que Rustler entendait se lancer dans le grand n’importe quoi aussitôt la cinématique d’introduction en live action lancée ; la découverte du monde et de ses habitants s’est néanmoins employée à pousser tout cela au plus haut des cieux.
Homme d’église tordu, sorcière à la recherche d’un balai pour faire le ménage, trio de chevaliers producteur d’alcool, adeptes du rouge venus d’Espagne et que l’on n’attend pas, trafiquants en tous genres et autres répliques de Don Corleone : le casting tire dans tous les sens et pioche dans de nombreuses références. Le Monty Python plus que n’importe quoi d’autre d’ailleurs mais on a le plaisir également de découvrir de nombreuses scènes, dialogues et citations bien connus. On vous laisse le plaisir de découvrir cela manette en main mais on peut vous dire que de notre côté, on a souvent ri. Cela même en dépit de dialogues qui sont sous-titrés en français mais pas doublés : les voix sont un gloubiboulga de grognements et bruits de bouche, drôles au début, un peu usants sur la durée.
Taillé comme un GTA de l’époque Playstation/Dreamcast, soit comme les épisodes qui ont précédé la révolution GTA III, Rustler place sa caméra de façon aérienne au-dessus de l’anti-héros et adopte des mécaniques similaires à celles du jeu de Rockstar. On circule librement sur la carte à pied ou à cheval, on se dirige vers le point de lancement d’une mission avec la possibilité au passage de semer le chaos sur les chemins. C’est l’occasion de voir les forces de l’ordre rappliquer sur des chevaux affublés de gyrophares. Oui, oui. Les missions invitent ensuite de façon assez classique à se battre, suivre quelqu’un, faire la course, récupérer un objet… Bref, pour peu que vous ayez joué à un GTA, quel qu’il soit, vous imaginez de quels types de missions il s’agit dans Rustler. En dehors des missions principales et secondaires, on peut participer à diverses activités comme la baston dans une arène, la récupération/transport de corps vers le cimetière, les courses de chevaux ou encore faire le taxi.
Comme dans tout bon GTA-like, se battre représente une bonne partie de nos occupations. En dehors du tir à l’arbalète et du lancer d’excréments/bombes qui permettent de combattre à distance, tout se passe forcément au corps-à-corps. Rustler offre une bonne quantité d’armes (épée, bouclier, hache, hallebarde, lance, bâton) mais s’appuie toutefois d’un système de combat qui ne va pas chercher bien loin. Un bouton pour frapper, un autre pour bloquer et un troisième pour esquiver : les possibilités ne sont pas légion et il faut avant tout apprendre à bloquer/esquiver au bon moment pour espérer survivre. Il n’y a cependant pas de difficulté particulière ici, le niveau de défi étant paramétrable et plutôt bien géré. Sans être mauvais, les combats manquent assurément de peps et de variété.
Difficile pour autant de dire que l’on s’ennuie dans Rustler. Pour peu que l’on soit sensible à l’humour un peu (beaucoup) potache du jeu de Jutsu Games, on passe ici un moment sympathique. La carte n’est pas immense mais suffisante pour un jeu dans lequel on se déplace à cheval et qui ne lésine pas, bien malheureusement, sur les allers-retours dont on se serait bien passé. La faute parfois à des points de contrôle étonnement mal placés. Heureusement, les chevaux se contrôlent sans grande difficulté, du reste aussi longtemps que l’on ne tente pas les passages dans les lieux exigus à grande vitesse. On peut facilement se planter dans un coin de décor et peiner à en sortir. La visibilité est bonne néanmoins, grâce à un système que l’on a pu voir dans de nombreux hack’n’slash adoptant ce point de caméra : les arbres et autres éléments gênants autour du personnage disparaissent presque entièrement lorsque l’on passe à côté. On a donc en permanence une bonne vue sur l’ensemble de la zone.
Terminer l’ensemble des quêtes principales et secondaires de Rustler, en prenant le temps de participer à pas mal des activités, nous a demandé environ 11 heures. C’est convenable pour un jeu qui ne demande pas forcément à ce que l’on y passe des jours et des nuits, et qui durant ce laps de temps parvient à maintenir un bon rythme. En dépit des défauts évoqués précédemment, on a eu envie de reprendre la manette dès que possible pour voir dans quel pétrin allait se fourrer une fois de plus ce bon vieux Guy. Convaincre une secte de « rondistes » que la Terre est plate, labourer le champs en dessinant quelque chose d’obscène, tenter de survivre au niveau d’alerte maximal pour mieux aller ensuite chez « Pimp my Horse » et repartir incognito ; réussir des missions aussi pour augmenter le niveau de Guy et améliorer ses compétences (santé, endurance, rechargement de l’arbalète, loot, etc) : autant de petites choses qui font que l’on reste avec un certain plaisir dans le monde de Rustler jusqu’à sa conclusion.
Testé ici sur Xbox Series X dans sa version optimisée, Rustler n’est évidemment pas un jeu que l’on va chercher pour sa proposition graphique. La carte est toutefois assez agréable à regarder, le framerate solide, les temps de chargement quasi-inexistants. Nous avons eu à déplorer deux plantages du jeu à la suite d’une mort/arrestation (écran noir) mais heureusement les sauvegardes automatiques sont fréquentes et les manuelles possibles dans les nombreuses planques que l’on acquiert au fil de la progression. On peut alors repartir de plus belle dans cette aventure folle à n’en pas douter, jusque dans ses musiques qui mélangent luth et beat, pour le meilleur et pour le pire.
+
- Très drôle, délicieusement débile par moments
- De nombreuses références plutôt bien amenées
- La recette GTA à l’ancienne fait plaisir à retrouver
- Carte contenue mais bien faite
- Textes en français…
-
- … Mais des voix qui n’en sont pas et qui ennuient à la longue
- Allers-retours, checkpoints pas toujours bien placés
- Des combats qui manquent de peps et de variété