Jeux

Sand Land

Aventure

8/10
One : 26 avril 2024 Series X/S : 26 avril 2024
01.05.2024 à 19h06 par - Rédacteur en Chef

Test : Sand Land sur Xbox Series X|S

Ensablé et endiablé

Alors que Akira Toriyama est surtout connu du grand public pour avoir créé Dragon Ball et avoir participé en tant que chara-designer à la franchise Dragon Quest, le mangaka japonais a également travaillé sur d'autres projets un peu moins connus du très grand public comme Dr Slump et Blue Dragon. Si on va chercher plus loin, on trouve également Go! Go! Ackman et Sand Land, deux histoires courtes sorties respectivement en 1994 et en 2000. Si le premier cité a déjà eu droit à trois adaptations en jeux vidéo (sur Super Nintendo), le second a donc attendu près de 25 ans pour franchir ce cap important. Un titre à découvrir comme un ultime hommage envers l'auteur nippon disparu début mars, pour une aventure à la hauteur de son talent.

A l’image de Scarlet Nexus avant lui, le projet Sand Land est avant tout né de la volonté de Bandai-Namco de construire une nouvelle franchise transmédia puissante. Le one-shot imaginé par Akira Toriyama il y a plus de 20 ans a donc eu droit à un film sorti au Japon durant l’été 2023, suivi par une série animée diffusée sur Disney+ depuis peu, et d’un jeu vidéo concocté par les développeurs japonais d’ILCA, un studio qui nous avait agréablement surpris l’an dernier avec One Piece Odyssey. Pas d’entorse au scénario d’origine, chaque média propose la même histoire, à savoir celle d’un trio de choc qui part à la recherche d’une source miraculeuse dans un monde dévasté, où l’eau est devenue une denrée plus que rare. Pour cela, le shérif Rao s’associe aux démons, et plus précisément à leur prince Beelzebub, pour tenter de résoudre l’inquiétant problème hydraulique.

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Comme dans l’œuvre originale, l’aventure se déroule à Sand Land, une contrée désertique de The World, le monde imaginé par Akira Toriyama pour faire cohabiter les univers de Dr. Slump et Dragon Ball. Les fans du mangaka japonais y trouveront ainsi quelques références comme le zéni, des vestiges dont les ornements rappellent la Tour Karin ou encore la frappante ressemblance entre Dabra de DBZ et le père de Beelzebub, tous les deux titulaires du titre de Roi des Démons. Loin des préoccupations des guerriers Z, le Prince et ses camarades vont ainsi devoir explorer ce grand désert d’environ 100km² (auquel on ajoute une seconde carte quatre fois plus petite mais plus dense et verticale un peu plus tard) et se frotter à des décisions politiques et des conspirations qui vont venir ponctuer une aventure extrêmement bien rythmée. La galerie de personnages est aussi éclectique qu’intéressante puisque chacun possède un caractère bien affirmé, tandis que le personnage de Beelzebub, ce grand adolescent de 2500 ans accro aux jeux vidéo, se charge de mettre sur le tapis des thèmes très actuels comme l’acceptation de l’autre ou l’appropriation des ressources naturelles.

C’est majoritairement en sa compagnie que l’on parcourt le monde de Sand Land. Malgré ses allures de monde ouvert, le titre est relativement linéaire dans sa construction avec la possibilité de suivre exclusivement la quête principale si on le souhaite. On prend d’ailleurs beaucoup de plaisir à suivre la petite troupe au gré de ses rencontres et de l’évolution de l’histoire, avec quelques rebondissements à la clé. Au milieu des tonnes de sable, il est possible de découvrir des villages, des feux de camp et d’autres structures parfois atypiques et inattendues. Globalement, et surtout sur la première partie du jeu, les décors des différents lieux visités sont assez monotones, la faute à l’univers lui-même. On y retrouve toutefois la patte si caractéristique d’Akira Toriyama aussi bien au niveau du chara-design des persos, franchement très réussis, qu’au niveau des véhicules, une des mécaniques principales du jeu.

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On savait que Akira Toriyama était un grand adorateur de belles mécaniques, et Sand Land appuie clairement sur cet aspect. Même si Beelzebub est capable de crapahuter à travers les dunes assez facilement, c’est tout de même bien plus pratique de se déplacer à bord d’une voiture, d’un buggy ou d’une moto. Mieux encore, de nombreuses situations amènent à utiliser un tank pour acculer l’ennemi en le bombardant d’obus. Le robot-sauteur permet quant à lui de d’atteindre des plateformes trop hautes autrement, et au total on peut stocker jusqu’à cinq véhicules avec soi grâce au célèbre système imaginé par Capsule Corp. Passer d’un véhicule à l’autre peut paraitre assez rébarbatif au début mais on finit par s’y faire et l’utilisation d’une roue en guise de raccourci s’avère simple à défaut d’être optimale. En dégotant des châssis, on peut ainsi construire tout un tas de véhicules différents à mesure que l’on progresse dans l’aventure et dans les quêtes secondaires.

Chaque engin dispose aussi de deux types d’armes, généralement une arme lourde et une arme plus légère, sans limite de munitions mais avec la nécessité de recharger régulièrement. Une gestion qui oblige à alterner entre les deux types d’armes, tout en prenant soin de s’équiper du modèle d’armement le plus efficace du moment. Car les véhicules peuvent être améliorés au garage, en échange de divers matériaux à looter ou à fabriquer à l’atelier, ce qui permet ensuite d’opter pour des armes de plus en plus fortes (et qui peuvent être améliorées elles aussi). Bien que conséquent, le loot se fait assez naturellement, tandis que la présence d’un très grand nombre de coffres obligent à explorer un minimum l’environnement pour tenter de mettre la main sur un élément important, sur le principe des couleurs liées à la rareté de l’objet en question. Des cartes au trésor peuvent également être achetées histoire de ratisser chaque zone le plus efficacement possible.

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Si les combats en véhicules prennent une place assez importante dans Sand Land, d’autres phases de jeu permettent de compléter le tout en apportant une bonne dose de diversité à l’ensemble. L’exploration de bases militaires se fait en infiltration, avec la nécessité d’analyser les rondes ennemies pour mieux les surprendre en se faufilant dans leur dos. Une arène de combat, des quêtes de hors-la-loi et des courses viennent également remplir la carte du monde d’activités annexes. A noter que les marqueurs de quêtes aident grandement à s’y retrouver sur la carte, avec la possibilité d’user et abuser d’une fonction voyage rapide vers les points d’eau découverts. A l’image d’un Far Cry, chaque région dispose d’une tour radio à réparer, et qui permet de révéler les différents points d’intérêt du coin.

L’histoire principale est également l’occasion de profiter d’une poignée de courses-poursuites qui viennent offrir une nouvelle dynamique au scénario, tandis que de petites séquences de plateformes en 2D très basiques agrémentent les donjons. On regrette d’ailleurs que ces donjons soient si peu travaillés, avec des environnements qui se ressemblent tous ou presque, et des choses à y faire trop peu intéressantes, pour un ensemble qui donne l’impression de tirer en longueur. Histoire d’être bien certain que les joueurs ne se perdent pas dans ces dédales insipides, de la peinture jaune et des lumières vertes indiquent les chemins à emprunter, ce qui évite de se perdre. C’est toujours ça de pris. Du côté des quêtes annexes, on a grandement apprécié de devoir participer à la reconstruction de Spino, une ville laissée à l’abandon que vous allez pouvoir repeupler en répondant aux requêtes des futurs habitants de cette ville qui aspire à prospérer. Cela permet également de centraliser tout un tas de magasins différents, tout en donnant un vrai prétexte à réaliser des missions annexes différentes et inciter ainsi les joueurs à s’écarter de la trame principale.

Techniquement, Sand Land se montre plutôt solide, à l’exception de quelques petits ralentissements qui viennent ternir le tableau par moment. Rien de bien gênant, d’autant que ces légers désagréments disparaissent assez vite pour laisser place à de l’action tout à fait fluide autrement. On note des transitions extérieur / intérieur très réussies avec une gestion de la luminosité impeccable. Même chose du côté des graphismes, qui parviennent à retranscrire parfaitement le côté anime de l’ensemble, en 3D, avec un travail intéressant sur le sable, notamment concernant les traces laissées par les véhicules et les effusions à l’impact des missiles. Les animations sont tout à fait correctes en jeu, mais accusent un peu le coup lors des cut-scenes. On aurait d’ailleurs pensé que les développeurs d’ILCA utilisent des passages de l’anime en guise de cinématiques, ce qui n’est pas le cas ici. Dernier point, les musiques sont agréables dans l’ensemble, et se prêtent assez bien à l’ambiance générale que dégage ce Sand Land. Les voix peuvent être mises en anglais ou en japonais, pour des textes intégralement traduits en français.

8/10
Avec l'adaptation de Sand Land en jeu vidéo Bandai-Namco a décidé de révéler tout le potentiel d'une œuvre méconnue du grand Akira Toriyama. Il en ressort un titre au design original qui parvient à s'émanciper de son cadre monotone en proposant une aventure rythmée, portée par un scénario intéressant qui fait écho aux problématiques modernes. On regrette toutefois le côté rébarbatif des donjons, qui auraient mérité d'être mieux exploités pour offrir une expérience de jeu sans fausse note. Sand Land ressemble également à une ultime occasion de plonger dans l'œuvre d'Akira Toriyama, du temps où il pouvait encore superviser les projets tirés de son époustouflant travail.

+

  • Scénario bien écrit et très actuel
  • Gameplay facile à prendre en main
  • Véhicules variés et améliorables
  • Chara-design au top
  • Personnages attachants

-

    • Donjons peu inspirés, longs et monotones
    • Quelques ralentissements par moment