Test : SBK 22 sur Xbox One
Comme un air de famille
Voilà une configuration assez inédite dans l’histoire des adaptations des compétitions officielles de moto. Nous avions d’un côté le très bon MotoGP 22, nous voilà avec SBK 22. Tout cela aux mains d’un seul et même développeur, Milestone. On rappelle par ailleurs que le studio milanais est aussi aux commandes des jeux RIDE (bon melting pot de tout ce qui peut rouler avec deux roues sur du bitume), mais également des MXGP et autres Monster Energy Supercross côté terre. En bref, il est rare que quelque chose qui touche aux motos sur consoles ne passe pas entre les mains de Milestone. On imagine d’ailleurs que c’est probablement une des raisons de l’absence, dix années durant, de la franchise SBK sur nos consoles de salon. Xbox comme les autres. SBK Generations, sorti en 2012, marquait ce que l’on aurait pu penser être la fin des adaptations du championnat de Superbike sur consoles, Milestone étant totalement en charge depuis 2013 précisément de la franchise MotoGP. Les éditions 2013 et 2014 de MotoGP étaient d’ailleurs marquées par l’héritage laissé par SBK, pour le meilleur (le feeling manette en main et la relative recherche de réalisme) et pour le pire. On ne regrette pas du tout l’austérité technique et visuelle, caractéristique des jeux Milestone de cette époque. Mais nous y voilà, de l’eau a coulé sous les ponts et il était plus que temps de donner aux amateurs de Superbike un jeu qui doit leur permettre de revivre le championnat officiel dans les meilleures conditions.
Comme MotoGP, SBK 22 nous offre sur un plateau tout l’univers officiel de la discipline. A nous donc le plaisir d’incarner l’un des 24 pilotes engagés cette année en Superbike et d’enfourcher les fusées de chez Yamaha, Kawasaki, Ducati et compagnie. Modèles, sponsors, équipements officiels, tout y est. Et bien sûr, comme dans toute bonne franchise adaptée par la maison milanaise, on a droit à un outil de création du pilote à la fois très limité en termes d’apparence physique (non, ce n’est vraiment pas jojo) et extrêmement généreux du côté des équipements. De nombreux modèles s’offrent à nous, avec comme toujours la possibilité d’y apporter une bonne dose de personnalisation. L’aspect officiel de l’adaptation se retrouve bien évidemment, aussi, sur la partie circuits. La «mauvaise» nouvelle, c’est qu’il faut se contenter des 12 tracés du championnat et rien de plus, SBK 22 se concentre exclusivement sur le Superbike d’aujourd’hui. Différemment donc de MotoGP 22 qui dédie une part significative de son expérience à la discipline d’hier ; on aurait d’ailleurs bien aimé avoir dans SBK 22 un mode reprenant lui aussi les grands moments de la discipline et nous invitant à les revivre (ndr : voir notre test de MotoGP 22). Le bon point en revanche, c’est que toucher au Superbike c’est se donner l’opportunité de courir sur des tracés parfois différents du MotoGP. SBK 22 nous propose ainsi Magny Cours, Most ou encore San Juan Villicum.
Il est vrai que nous faisons beaucoup le parallèle avec MotoGP 22. C’est important car le fait que vous ayez joué ou non à ce jeu (et dans une moindre mesure à l’édition 2021) peut influencer grandement l’intérêt que vous pourriez porter à SBK 22. Concentré donc uniquement autour de la saison 2022 de Superbike, le dernier Milestone s’appuie sur des modes de jeu classiques : carrière, course simple, contre-la-montre, championnat personnalisé et multijoueur à 12 en ligne sont proposés. C’est donc du côté de la carrière que l’on passe une part essentielle du temps de jeu et que l’on retrouve pas mal de bonnes choses… Strictement identiques à celles de MotoGP 22. On a déjà une grosse impression de déjà-vu face au menu, à l’écran de personnalisation, ou encore lorsque l’on se soustrait aux didacticiels. Bien faits, complets, les mêmes que dans MotoGP. L’impression de prolonger l’expérience MotoGP 22 explose cependant lors de l’évolution dans le mode carrière. Présentation générale, calendrier, système de gestion de l’équipe (avec le recrutement d’un manager, d’un analyste et d’un ingénieur chef), affectation des employés pour développer des pièces et/ou produire des points de recherche (équivalent à des points d’expérience à dépenser pour développer et installer des améliorations sur la moto), propositions de contrats vers de nouvelles écuries, etc. La gestion du mode carrière est à peu de choses près la même que pour MotoGP 22. Avec les mêmes icones, les mêmes tableaux, le même feeling. Idem une fois sur la piste, où l’on peut réaliser des défis durant tout le week-end de course pour engranger plus de points de recherche. On peut aussi interagir avec le chef mécanicien pour se voir suggérer des modifications en fonction d’une problématique plus ou moins précise.
MotoGP 22 est un très bon jeu me direz-vous, aussi n’est-il pas idiot de s’appuyer sur ses acquis pour faire de SBK 22 une bonne adaptation elle aussi. On aurait toutefois apprécié, en tant qu’ex-joueur des éditions précédentes de la catégorie reine, une touche fusse-t-elle légère d’identité, de personnalisation. Un petit quelque chose de neuf pour apporter une dynamique supplémentaire à une expérience certes qualitative, mais éprouvée. Notons toutefois que la configuration des week-ends de la discipline est sensiblement différente, avec deux courses au lieu d’une et plus particulièrement la présence de la « Tissot Superpole », course sprint servant à déterminer le placement sur la grille des dix premiers pour la seconde course. C’est un détail mais il a tout de même son charme. SBK 22 apporte par ailleurs de la variété quant au choix des gommes, avec des pneus spécifiques aux séances de qualification ou des modèles alternatifs apportant des variations subtiles.
Le choix de la gomme n’est clairement pas anodin, tout comme celui de l’ensemble des réglages par ailleurs. Si l’on devait définir la principale différence entre SBK 22 et son homologue MotoGP, elle tournerait autour du degré de simulation, un cran au-dessus ici. Si l’on retrouve le même ATH et les commandes permettant de régler à la volée la cartographie moteur, le TCS ou l’anti-wheelie, c’est bel et bien manette en main, au fil des tours, que l’évolution se ressent. SBK 22 ne révolutionne pas la formule, mais il nous a semblé offrir un degré d’exigence supérieur pour l’évolution des pneumatiques, la gestion du freinage en fonction de la température des disques ou tout bêtement le contrôle de la bécane si l’on a le malheur de toucher les vibreurs. Cette exigence sensiblement rehaussée demande naturellement un peu plus d’entrainement que pour MotoGP, mais se traduit aussi une plus grande précision du contrôle de la moto à mesure que l’on progresse. En résumé SBK 22 demande de l’investissement, mais il vous le rend bien.
C’est donc tout naturellement que l’on se plait à passer du temps sur la piste pour les essais, que l’on se prend au jeu des défis, que l’on désactive une à une les aides au pilotage pour se rendre compte que, une fois n’est pas coutume avec Milestone, on est bien mieux servi par soi-même. Restez toutefois assuré de pouvoir prendre un certain plaisir à jouer si vous débutez avec le genre : le degré d’opposition offert par l’IA est largement paramétrable et les outils classiques d’aide comme l’indicateur de trajectoire idéale sont de la partie (avec également le très bon système présentant uniquement les points de freinage et d’apex). L’intelligence artificielle, portée par le système évolutif maison nommé A.N.N.A. montre que les choses vont dans le bon sens, avec des pilotes qui adoptent un comportement correct et affichent des performances assez équilibrées. L’expérience est par ailleurs rendue agréable par une belle modélisation des motos et pilotes, un framerate à 60 images par seconde qui ne tousse pas, pour un ensemble globalement propre. Pas de quoi s’émerveiller mais l’essentiel est assuré. Cela vaut aussi pour l’environnement sonore, plaisant pour sa reconstitution des soignées des diverses motorisations, dans un ensemble néanmoins très calme (pas de commentateurs au début ou à la fin des courses, des clameurs du public à peine perceptibles).
+
- Simulation précise et exigeante…
- … En légère évolution sur ce point par rapport à MotoGP 2022
- Tout l’univers officiel du Superbike
- Techniquement propre et fluide
-
- A trop s’inspirer de MotoGP, on finit dans son ombre
- Modes de jeux très classiques
- Il faut se contenter des 12 tracés du championnat