Jeux

Scarlet Nexus

JRPG | Edité par Bandai Namco | Développé par Bandai Namco Games

8/10
One : 24 juin 2021 Series X/S : 24 juin 2021
02.07.2021 à 16h39 par - Rédacteur en Chef

Test : Scarlet Nexus sur Xbox One

L'Enfer c'est les Autres

Présenté pour la première fois durant un événement dédié aux jeux Xbox Series X en provenance des éditeurs tiers, Scarlet Nexus a eu le mérite de marquer les esprits par son design atypique et sa tendance à vouloir s'approcher de l'esthétique d'un anime japonais. On a appris plus tard que ce n'était pas un hasard puisque le projet est en réalité transmédia et s'étend du jeu vidéo à la télévision avec une parution quasi simultanée pour une seule et même histoire. Une nouvelle franchise lancée en grandes pompes donc, pour un résultat attendu au tournant

Scarlet Nexus c’est avant tout un projet dirigé par Kenji Anabuki à qui l’on doit le très bon Tales of Vesperia, l’un des meilleurs épisodes de la série sorti à ce jour. Changement total de direction puisque le créatif continue de s’écarter toujours un peu plus du traditionnel JRPG pour proposer cette fois-ci une aventure sous forme de beat’em all avec une volonté de se rapprocher de la nervosité des licences PlatinumGames. Un pari osé pour une nouvelle franchise qui compte bien s’appuyer sur une stratégie de communication cross-media avec le lancement d’un anime japonais, également disponible en France grâce à Wakanim. Deux moyens donc de suivre l’histoire de Yuito et de Kasane, les deux personnages principaux du jeu qui intègrent la BEA, une unité de soldats dotés de pouvoirs qui luttent face à la menace des Autres, des monstres chimériques qui ont décidé de mener la vie dure aux habitants de la Terre.

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C’est sur ce pitch très simple que démarre l’aventure multi-référencée de Scarlet Nexus. Le design des membres de la BEA rappelle ceux de Code Vein, tandis que les ennemis semblent tout droit sorti d’un épisode de Persona, en combinant des objets et des êtres vivants pour donner des résultats très surprenants comme le bouquet de fleur à talons aiguilles. Un peu déroutant au départ mais finalement on s’y fait vite. Le scénario quant à lui fait des références à des grands noms de l’animation japonaise, dont Demon’s Slayer, The Promised Neverland, My Hero Academia et l’Attaque des Titans sans que nous nous épanchions sur le sujet pour éviter tout spoiler.

Ce que l’on retient en revanche c’est que ce scénario tient clairement la route et évolue souvent de façon imprévisible tout au long de la douzaine de chapitres proposés par les développeurs. En dépit d’un chara-design pas toujours très réussi selon les personnages, ces derniers possèdent tous une personnalité bien marquée sans jamais trop entrer dans les clichés du genre. Les filiations et les diverses amitiés viennent renforcer l’aspect tentaculaire de l’histoire, et cela même si on s’y perd un peu au début. Chapitre après chapitre, le scénario prend toujours un peu plus d’épaisseur pour une conclusion réussie. Mieux encore, il est possible de suive les événements du jeu selon deux points de vue différents, celui du noble engagé militairement Yuito, et celui de la glaciale Kasane. Que ce soit avec l’un ou l’autre, on parcourt exactement les mêmes niveaux mais pas toujours dans le même ordre et surtout avec des dialogues et une équipe différents.

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A la fin d’une partie, il est d’ailleurs possible de recommencer le jeu avec le second personnage en New Game+, avec les niveaux et objets acquis sur le premier run, ce qui permet de gagner du temps sur les combats. Il faut tout de même compter entre 20 et 25 heures pour finir le jeu une première fois, et un peu moins pour la seconde partie donc. Le gameplay diffère assez largement entre les deux personnages, puisque Kuito est plutôt un adepte de la lame et donc du corps à corps, tandis que Kasane utilise des papillons en métal qu’elle fait léviter autour d’elle pour toucher les ennemis en conservant une petite distance de sécurité. Outre le fait qu’ils viennent de rejoindre la BEA, ils ont pour point commun de disposer du même pouvoir, à savoir la psychokinésie. Quand la jauge correspondant le permet, ils sont ainsi capables de soulever des objets du décor pour les envoyer sur leurs adversaires. De quoi agrémenter la panoplie de mouvements un peu légère de nos deux héros au début de la partie. On apprécie la diversité des objets à jeter, allant du petit bloc de pierre à la rame de métro.

Mais c’est aussi un moyen supplémentaire de trouver la faille des différents ennemis rencontrés. Avec un bestiaire plutôt bien diversifié, il faut adapter sa manière de combattre afin de trouver un maximum d’efficacité face à des adversaires dont la jauge de vie est parfois bien remplie. C’est là qu’intervient le SAC, pour Système d’Aide au Combat, qui permet de relier votre cerveau à ceux de vos alliés et ainsi profiter temporairement de leur pouvoir. Téléportation, duplication, feu, éclair, bouclier ou encore invisibilité, c’est un total de huit capacités qu’il est possible d’utiliser, et même de combiner si vous choisissez de débloquer la compétence qui le permet au sein d’un arbre plutôt bien construit. On se retrouve au final avec un gameplay à la fois nerveux et doté d’une vraie profondeur, au point de s’y perdre un peu dans les boutons de la manette lorsque tous les pouvoirs deviennent accessibles durant le dernier tiers du jeu.

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On ajoute à cela des QTE qui interviennent pour donner encore un peu plus de dynamique au gameplay, et on obtient une recette qui marche parfaitement, surtout passées les premières heures du jeu un peu molle, la faute à un nombre de possibilités limitées. Pour gagner en profondeur il faut toutefois passer par les interludes qui permettent au joueur de se reposer à sa planque entre deux chapitres. Ici, il est possible d’offrir des cadeaux à ses alliés, ou de lancer des discussions scénarisées pour au final augmenter le lien entre le héros et ses amis. Des phases pas toujours passionnantes mais qui ont le mérite de rendre notre protagoniste toujours un peu plus fort. Des passages indispensables en mode difficile avant de se sortir de situation parfois bien délicate, notamment faire la fin du jeu. On termine avec la poussée cérébrale et le champ cérébral, deux autres moyens de transformer le personnage principal en véritable machine de guerre pour venir à bout des Autres les plus puissants.

Un gameplay bien au point dont il va falloir user et abuser dans plusieurs environnements différents tout au long de l’aventure, le plus souvent dans des zones fermées avec quelques vagues ennemis à éliminer. Les différents lieux visités ne sont pas extrêmement nombreux, se font souvent en ligne droite et ne possèdent pas une esthétique à couper le souffle, même sur Xbox Series X. Ils sont toutefois souvent bien fournis en éléments de décor, et s’imbriquent parfaitement au sein de la direction artistique proposée par les équipes de Kenji Anabuki. L’atmosphère est presque palpable même si on regrette une narration qui se déroule majoritairement sous forme d’images fixes et de vignettes, à la manière des saynètes de la franchise Tales of. Du côté de la technique il n’y a pas grand chose à redire avec un jeu très fluide sur Xbox Series X|S, et des effets de particules parfois très réussis. La bande-son est également dans le ton à quelques exceptions près.

8/10
Après une mise en route un peu poussive, Scarlet Nexus parvient à montrer de grandes qualités, notamment du côté de son système de combat et de son scénario. Le titre concocté par Kenji Anabuki est une vraie bonne surprise, pas dénuée de défauts, mais qui saura largement satisfaire les amateurs d'animes japonais et les joueurs qui recherchent un gameplay nerveux et varié dans un univers totalement original et étonnamment maitrisé.

+

  • Gameplay qui gagne en profondeur
  • Univers très travaillé
  • Scénario maitrisé de bout en bout
  • Grosse durée de vie, avec deux points de vue
  • Bande-son agréable dans l'ensemble
  • Quelques effets visuels très réussis

-

    • Textures pas très propres
    • Un peu trop d'images fixes côté narration
    • Chara-design inégal