Test : Shadow Tactics : Blades of the Shogun sur Xbox One
Tactics, tactics et tac, ninjas du risque
S’il reprend dans les grandes lignes le principe de stratégie/infiltration porté avec succès il y a des années par Commando sur PC, Shadow Tactics : Blades of the Shogun invite le joueur à un voyage dans des temps beaucoup plus lointains. Nous voilà donc arrivés au Japon en 1615. Un nouveau Shogun est à la tête de l’archipel et œuvre activement à l’unification des clans. Mais même lorsque l’on est un dirigeant efficace, rien ne protège vraiment des velléités de quelques esprits mal tournés qui voudraient voir le pays changer de posture. Dans ce contexte où s’entrechoquent honneur, fidélité, mensonges et trahisons, Shadow Tactics pose une intrigue sans grande surprise mais loin d’être désagréable à suivre. Elle est surtout prétexte à un voyage aux quatre coins du Japon pour remettre de l’ordre d’un coup de katana bien placé. Vu du dessus, offrant la possibilité de contrôler librement la caméra, Shadow Tactics est agréable à regarder avec ses décors fouillis, chargés de tout ce qui anime les fantasmes des amateurs de culture et d’histoire nippone. Montagnes, villages et autres temples visités à toutes les saisons assurent diversité et plaisir des yeux.
L’univers de Shadow Tactics est prenant et il le doit essentiellement à ses personnages jouables. Au nombre de cinq, ils se font la représentation des grandes forces de l’époque. Un ninja, un samouraï, un vieil homme rompu au maniement des armes à feu, une jeune chasseuse et une experte du déguisement se prêtent main forte tout au long de l’aventure pour déjouer les menaces qui pèsent sur le Japon. Portés par d’excellents doublages (anglais ou japonais), les dialogues sont nombreux pendant les missions ou entre chacune d’elles. De véritables liens se tissent peu à peu et donne un résultat crédible et intéressant à cette agence tous risques des temps anciens. A cinq, ils ne sont pas de trop pour mener leur mission tant elle se révèle, dès les premiers instants de jeu, d’une grande difficulté. Si vous cherchiez un véritable jeu d’infiltration, difficile, exigeant, qui ne pardonne pas le moindre pas de travers, Shadow Tactics vous tend les bras.
« Les ennemis ne sont pas dupes : leur champ de vision est large, leurs mouvements sont précis. Ils enquêtent sur la moindre absence d’un soldat à son poste, suivent les traces de pas dans la neige et n’hésitent pas à appeler du renfort –en grand nombre- s’ils vous repèrent. Il faut alors mettre à profit les capacités de chacun pour prendre tout ce beau monde à son propre piège »
Chaque mission est une épreuve de stratégie requérant une bonne dose d’observation et de concentration. Pas forcément évident lorsque l’on se rend compte qu’il faut bien une heure, voire plus, pour atteindre l’objectif principal. Les cartes sont grandes au point de devenir effrayantes. Des gardes partout, des civils qu’il est de bon ton de ne pas éliminer malgré le risque qu’ils représentent car ils n’hésitent pas à donner l’alerte s’ils voient le joueur ; et puis il y a ces samurais que rien ne peut tromper à l’exception de la lame affutée de Mugen, le combattant du groupe. Les ennemis ne sont pas dupes : leur champ de vision est large, leurs mouvements sont précis. Ils enquêtent sur la moindre absence d’un soldat à son poste, suivent les traces de pas dans la neige et n’hésitent pas à appeler du renfort –en grand nombre- s’ils vous repèrent. Il faut alors mettre à profit les capacités de chacun pour prendre tout ce beau monde à son propre piège. Les gardes suivent les traces de pas ? Un petit piège dissimulé au bout du chemin et l’affaire est dans le sac. Un shuriken dans le dos d’un garde esseulé, une balle tirée à plusieurs dizaines de mètre par Takuma pour éliminer un garde en hauteur ou une exécution propre par une Aiko déguisée en servante : tous les moyens sont bons. Pour faire les choses vraiment proprement, Shadow Tactics propose la fonctionnalité « ombre » permettant d’assigner une action à chaque personnage disponible et des les actionner toutes en même temps. Résultat grisant garanti.
Tout cela ne se fait pas sans quelques restrictions. Envoyer un shuriken c’est bien, mais il faut ensuite aller le récupérer. Idem pour le piège tandis que le déguisement d’Aiko disparait à la moindre action suspecte. A cela s’ajoutent les ennemis qui « résistent » à certaines capacités, comme les gardes impossible à distraire et ceux qui voient à travers les déguisements. L’ensemble de ces mécaniques se produit sur des cartes symboles d’un level design intelligent, pensé pour laisser un maximum de liberté au joueur. Les développeurs ont à chaque fois prévu un petit quelque chose que l’on a la possibilité d’exploiter ou pas (un accident est si vite arrivé) mais neuf fois sur dix, le résultat est l’œuvre du joueur. Il faut du temps pour appréhender toutes les subtilités d’une carte mais heureusement Shadow Tactics propose un système de sauvegarde rapide à la volée (mais pas de sauvegarde automatique, attention aux oublis). Très plaisant à jouer, extrêmement gratifiant lorsque l’on réussit, Shadow Tactics pèche seulement pour sa prise en mains. Le contrôle de la caméra est assez long à appréhender puisque totalement libre par défaut (on peut aller voir l’autre bout de la carte à tout moment) et demandant de recourir à une gâchette pour permettre de pivoter ou de zoomer. On s’emmêle un peu les pinceaux au début mais rien n’est insurmontable. En tous cas, rien qui ne justifie pour les amateurs d’infiltration/stratégie de se détourner de cet excellent titre, d’autant que compte tenu de la longueur des missions, la durée de vie est bel et bien au rendez-vous.
+
- Genre peu commun
- Cartes grandes, libres, bien pensées…
- … Pour beaucoup d’approches possibles
- Gameplay précis, aussi exigeant que gratifiant
- Ambiance prenante et personnages attachants
- Bonne durée de vie
- Assez agréable à regarder
-
- Prise en mains déroutante au début
- Scénario un peu convenu