Test : Sisters Royale: Five Sisters Under Fire sur Xbox One
Un mariage pour quatre lunes de fiel
On sait bien que le scénario n’est pas franchement le moteur principal (ni même secondaire) de tout shoot’em up. Avec Sisters Royale: Five Sisters Under Fire, ou dans sa version originale Sisters Royale: I’m Being Harassed by 5 Sisters and It Sucks, on a tout de même droit à un petit cadrage scénaristique et quelques cut-scenes fixes, présentant tour à tour les (jolis) modèles de personnages dans des joutes verbales acérées. Tout n’est pas rose au pays des boulettes en effet, puisque nos cinq sœurettes n’ont de point commun qu’une grande détestation les unes envers les autres. Alors, quand toutes s’éprennent d’un certain Yashin, la tension monte et la rivalité s’exprime sur le champ de bataille à grand coups de boulettes dans la figure. Reste que ce combat potentiellement sororicide cache un danger plus grand : l’éclosion d’une prophétie ancienne impliquant une force démoniaque que seule l’addition des pouvoirs de cinq sœurs peut annihiler. Cette petite histoire un peu bébête, tantôt drôle et pas avare en remarques graveleuses, une option vous permet de la supprimer pour ne vous concentrer que sur le jeu. On apprécie cependant que les textes aient été traduits en français, bien que l’on note quelques phrases passant à la trappe et apparaissant en anglais.
Shmup à scrolling vertical de type Danmaku (ou Bullet Hell si vous préférez), Sisters Royale: Five Sisters Under Fire vous permet de prendre les commandes de l’une des cinq sœurs pour traverser autant de niveaux et parvenir jusqu’à « Yashinou ». La particularité tient en premier lieu au fait que les boss de chaque niveau ne sont autres que les quatre autres sœurs du personnage sélectionné. Pour le cinquième, on affronte tout simplement « la conscience » de la sœurette que l’on a choisi d’incarner. Mais plus importante et plaisante avec Sisters Royale est la proposition de gameplay offerte par chaque sœur. Les filles ne sont pas que des skins mais possèdent chacune leur mode de tir principal, le pouvoir de leur familier et un système de bombe différent. Là où de nombreux shmups se cantonnent à deux ou trois modes de tir, Sisters Royale étend sa proposition à cinq avec des différences très marquées.
Au-delà du tir principal concentré, étendu, mixte, à tête chercheuse ou encore à balayage, c’est le pouvoir offert par le familier qui modifie significativement l’expérience d’une sœur à l’autre. Quand des lames d’énergie pivotent autour de Selma en fonction de ses mouvements, le familier de Sonay va chercher lui-même les cibles. Avec Lale, c’est encore différent et beaucoup plus technique puisque son familier peut absorber un certain nombre de boulettes pour relâcher ensuite cette puissance sur les ennemis et faire de gros dégâts. Cependant, utiliser cette compétence demande une bonne dose de maîtrise et de concentration. L’utilisation du familier permet de ralentir les mouvements et de contrôler ainsi plus facilement le slalom entre les boulettes mais expose dans le même temps aux ennemis traversant parfois rapidement l’écran.
A la manière d’un Guwange, Sisters Royale: Five Sisters Under Fire fait progresser ses personnages à pied ; il est ainsi nécessaire d’éviter parfois quelques obstacles sur le chemin mais aussi et surtout les pièges. Entre la glace ou le vent qui compliquent la maîtrise totale des mouvements, on se retrouve parfois très près du danger. Mais aller au contact, c’est justement ce qui fait le sel de Sisters Royale et fait tourner son système de scoring. En se plaçant à quelques millimètres des boulettes, le personnage voit la puissance de son tir s’amplifier. Ce n’est pas simplement un bonus de puissance, mais bel et bien un élément parfois indispensable pour abattre les cibles moyennes ou les boss dans le temps imparti. Sans quoi le jeu se plait à faire apparaître dans ce dernier cas des démons impossibles à tuer et se multipliant sur l’écran, jusqu’à vous mettre à terre. Aussi vrai que l’on se place près des boulettes pour gagner en puissance, il convient de le faire avec les ennemis aussi et d’utiliser alors le familier. Non seulement il gagne en puissance mais votre score s’en trouvera gonflé par un meilleur multiplicateur.
Sisters Royale: Five Sisters Under Fire est un jeu qui incite à la prise de risque. Cela rend l’expérience dynamique, prenante et représente une excellente façon de prendre de bonnes habitudes avec ce genre de shoot’em up. Mais dans le même temps, on peut lui reprocher un certain manque de défi. Le jeu d’Alfa System est probablement l’un des Bullet Hell les plus faciles qu’il nous ait été donné de croiser sur les consoles Xbox (dans sa difficulté par défaut). Aussi vrai qu’il représente une excellente entrée pour les débutants et donne forcément du fil à retordre en difficile, il est certainement un jeu beaucoup trop facile si vous êtes du genre à avoir traversé avec brio les jeux Cave, Ikaruga et compagnie. Avec un peu d’entrainement, le joueur moyen qu’imagine être votre fidèle serviteur parvient à boucler le jeu avec un seul crédit en normal. Cela permet par ailleurs de débloquer certaines options « Berserk » pour aller plus loin dans l’expérience en modifiant la taille des projectiles, la vitesse du jeu, l’auto-bomb et d’autres choses encore, bien venues (Ndlr : à l’heure où sont écrites ces lignes, on cherche encore à tout débloquer, ce qui n’est pas simple en l’absence d’indications sur les conditions). Pour clore avec l’idée de facilité un peu trop présente dans Sisters Royale, notons qu’elle se ressent aussi dans la longueur des niveaux, en-dessous des standards. On aurait dès lors apprécié avoir droit à un ou deux niveaux de plus, ou des traversées un peu plus longues que celles proposées ici.
Sisters Royale: Five Sisters Under Fire n’en demeure pas moins un jeu plaisant, proposant des décors assez soignés pour le genre et suffisamment diversifiés pour faire passer un bon moment. Mention spéciale au niveau de Lale et ses lumières à actionner pour se donner un peu plus de visibilité. Parlant de visibilité, Sisters Royale est un shoot’em up tout à fait lisible avec des patterns ennemis intelligents, sans être révolutionnaires. On n’a rien à reprocher si ce n’est peut-être l’affichage du multiplicateur de score au-dessus de la tête du personnage qui peut masquer un danger imminent. Mais rien de bien important, ce cas de figure demeure assez rare. On prend du plaisir à retourner au combat immédiatement après en avoir terminé avec un personnage, même si d’un point de vue musical les choses sont assez passe-partout, ne serait-ce que pour voir comment les sœurs parviennent à trouver de nouvelles insultes à s’envoyer dans la figure. On termine par un petit mot sur « Ode », sixième personnage proposé en DLC (à un peu moins de 3€) que nous avons eu l’opportunité de tester. On vous la conseille si vous accrochez au jeu ; cette sorcière permet de disposer d’encore une façon différente de prendre part au combat (tir rapide à balayage, familier permettant de placer une grosse explosion dans n’importe quelle direction). Et si l’histoire vous intéresse un tant soit peu, Ode apporte sa pierre à l’édifice grotesque mais néanmoins sympathique de Sisters Royale: Five Sisters Under Fire.
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+
- 5 sœurs, 5 approches différentes
- Plaisant, maîtrisable, lisible
- Univers absurde mais amusant
- Adapté aux débutants…
-
- … Au risque de léser les vétérans par sa facilité
- Niveaux trop courts
- Des explications sur le déblocage des options bonus ne seraient pas de trop