Test : Skinny and Franko: Fists of Violence sur Xbox Series X|S
La classe loin de Dallas
Skinny and Franko: Fists of Violence prend la suite de l’épisode fondateur, apparu sur Amiga en 1994. L’introduction, relativement longue pour le genre, nous présente un Franko au bout du rouleau. Sa vie, son boulot, sa ville, rien ne va. Alors quand un vieux copain réclame son aide et que cela se résume essentiellement à casser des gueules en Pologne, Franko saute dans le premier avion, direction la ville de Szczecin. Avec Skinny, ils forment ainsi une paire à la Terrence Hill et Bud Spencer que l’on peut incarner au choix en solo, et à deux en multijoueur local pour écumer les rues de la rage.
Au-delà de ce qu’implique ce genre de jeu ô combien populaire dans les années 90, Skinny and Franko: Fists of Violence fleure bon cette époque emplie de nostalgie pour le mi-vieux que vous êtes peut-être vous aussi. Le long de huit niveaux, quel que soit le quartier visité et son degré supposé de bon voisinage, Skinny and Franko: Fists of Violence dépeint la crasse, le vice, l’anarchie. On imagine que l’office de tourisme de Szczenin apprécie moyennement. Nous autres en revanche sommes forcément clients de ce genre d’environnement sonnant comme une invitation à la castagne.
L’ambiance crasseuse de Skinny and Franko: Fists of Violence s’apprécie pour deux raisons. La première c’est que l’on a ici des développeurs qui ont poussé le délire au maximum. L’extrême violence des mises à terre, le design des personnages (80 types d’ennemis) qui ne lésine aucunement sur le mauvais goût, les armes de fortune sorties d’un sex-shop et autres chiens errants qui baptisent les cadavres sont autant d’éléments qui propulsent Skinny and Franko: Fists of Violence au sommet de la chaine de l’incorrect. Mais ce qui donne surtout du crédit au travail des développeurs, c’est la qualité graphique du jeu. Dessiné à la main, Skinny and Franko: Fists of Violence est tout simplement un superbe beat’em up. Qu’il s’agisse des décors, des personnages ou de leurs animations, le travail est remarquable. C’est magnifiquement dégueulasse. Côté sonore le job est assuré avec une certaine sobriété. Les musiques passent bien sans être remarquables, les dialogues sont parfois doublés (anglais ou polonais) et d’autres fois remplis au yaourt.
Nous voilà ainsi propulsés dans des rues à parcourir lentement en prenant soin de castagner les sales trognes qui semblent pousser comme des champignons. Coups de poing, de pied, prises et attaques lancées en pleine course se mélangent pour créer de sympathiques combos. Le jeu propose par ailleurs une fonctionnalité de blocage, conduisant à une contre-attaque si le bon timing est respecté. Les décors sont mis à contribution, offrant des dizaines de possibilités de finir en beauté : envoyer valser sur une voiture, déposer dans une poubelle, faire traverser une vitrine… Les possibilités sont archi-nombreuses. On dispose enfin d’attaques spéciales, déblocables en remplissant la barre dédiée ; si celle-ci est entièrement remplie, Skinny et Franko peuvent passer en mode Berserk et déboîter à grande vitesse leur opposant direct. Dommage toutefois que l’on ne soit pas en mesure de choisir en coup spécial et Berserk lorsque la barre est plein, alors que l’on parfois plus besoin d’un coup spécial ratissant large que d’une attaque ciblée. On pense aux moments où les ennemis sont nombreux autour, ce qui n’est pas rare.
Il est bon de prendre conscience que Skinny and Franko: Fists of Violence est un jeu à la difficulté plutôt salée, au regard d’autres titres du genre sur consoles. Même dans le mode de difficulté le plus bas, on peut facilement se faire démolir. Mais plus que difficile, Skinny and Franko: Fists of Violence est parfois franchement déséquilibré. On peut avoir l’impression de se promener pendant un quart d’heure, puis se retrouver complètement détruit parce que les dégâts d’un ennemi en particulier sont étrangement grands. Puis lorsque l’on revient après cette triste défaite, il fera peut-être moins de dommages. Un effet de la fonction continuer ? Pas sûr ! Car rien n’est jamais prédictible. C’est le cas par exemple pour les objets de soin (des bouteilles de binouze) dont le lâcher passe de trop généreux à radin complet sans que l’on ait pu saisir réellement la mécanique qui se cache derrière.
Cet aspect bordélique rend l’expérience parfois frustrante car Skinny and Franko: Fists of Violence dispose de niveaux particulièrement longs et sans aucun point de contrôle. Imaginez-vous devoir refaire 30 à 40 minutes d’un même niveau parce que la difficulté est bancale et les vies supplémentaires rarissimes. Maintenant, imaginez devoir recommencer parce que c’est un bug qui en est la cause et vous avez là le principal reproche adressé au jeu. A l’heure où sont écrites ces lignes un premier patch a été déployé et il corrige quelques choses qui permettent (en partie) de progresser un peu plus sereinement. On pense notamment à ces satanés ennemis à moto que la gestion des collisions approximative du jeu a rendu absolument horribles à croiser. Ce fut d’ailleurs souvent fatal. Skinny and Franko: Fists of Violence a un peu de mal à gérer les hitboxes dès lors que l’on est trop près. Mais le plus frustrant arrive lorsqu’un script ne se lance pas et contraint à devoir retourner au menu ! Aujourd’hui nous sommes rendus à un point où il est impossible d’avancer, le personnage restant figé lors d’une rencontre avec un certain PNJ. Une rencontre inévitable, évidemment. Bref, voilà un manque de finition terriblement contrariant parce que si Skinny and Franko: Fists of Violence était foncièrement mauvais, eh bien on irait voir ailleurs sans sourciller. Mais on a ici un jeu tellement plaisant quand tout fonctionne que l’on espère sincèrement que tous les patchs nécessaires seront vite déployés.
+
- Graphiquement superbe
- Violent, indécent, sans aucun filtre
- Palette de coups bien fournie
- Bonne durée de vie pour le genre…
-
- … Mais les niveaux sont trop longs
- Et la difficulté mal dosée
- Gestion des hitboxes trop peu précise
- Trop de bugs, dont certains qui empêchent d’avancer