Test : Sniper Ghost Warrior 3 sur Xbox One
Nettoyeur triple action
A peine sorti de l’enfance, Robert était déjà un fervent adepte du deuxième amendement de la constitution américaine. Quand certains se baladent en forêt avec un couteau suisse, d’autres comme lui préfèrent le fusil de sniper. Cet attrait pour le tir de précision n’a rien d’anodin : son grand frère est un fier soldat, à ce moment-là sur le départ pour l’Afghanistan. Puis les années passent, mais la passion comme la fraternité demeurent et c’est ensemble que les frangins s’en vont infiltrer une installation suspecte en plein cœur de la Géorgie. Pas celle américaine, mais plutôt la remplaçante idéale quand on n’a plus de soviétiques à se mettre sous la dent. C’est à ce moment que l’on prend le contrôle du grand frère John pour une mission en mode mise en jambes ; mais les choses tournent mal et John, impuissant, voit Robert se faire enlever par une bande de vilains. Ce n’est que deux ans plus tard que les choses sérieuses débutent pour l’ainé : envoyé en mission dans cette même zone, John y voit évidement l’opportunité de lever le voile sur la disparition de son frère. Voilà le prétexte mis en avant par les développeurs des studios CI Games pour nous inviter à endosser pour la troisième fois le rôle d’un soldat de l’ombre. Sans être particulièrement passionnante, l’histoire de Sniper Ghost Warrior 3 se laisse suivre paisiblement, à moins d’être totalement allergique au parfum de patriotisme très occidental qui s’en dégage, aux archétypes de James Bond girls et à un langage particulièrement fleuri.
Cette incursion aux extrémités de l’Europe Orientale est au-delà du scénario l’occasion pour Sniper Ghost Warrior de changer son fusil d’épaule et d’opter pour un monde ouvert. Assez proche de Far Cry (deuxième du nom en particulier), Sniper Ghost Warrior 3 invite ainsi entre deux missions principales à prendre le volant pour nettoyer des avant-postes ennemis, sauver des civils en danger et bien sûr partir à la recherche de choses plus ou moins utiles comme des pièces d’armement et des infos sur la région. A noter que seul le véhicule du héros est utilisable, toutes les autres voitures étant étonnamment bien verrouillées. Dans son ensemble, la carte proposée par le jeu de CI Games est de taille relativement satisfaisante, bien que moins étendue que celles proposées par les différents Far Cry pour ne citer qu’eux. Cette zone montagneuse, parfois sous la neige, parvient à proposer le minimum de diversité attendu mais cela se paye : le monde n’est pas totalement ouvert avec une carte divisée en trois zones distinctes ; passer d’une à l’autre ouvre sur un écran de chargement très long. Carrément interminable. C’est d’autant plus agaçant que cette phase de chargement là, on y a déjà eu droit au lancement de la partie. On n’est heureusement que très peu sollicité pour passer d’une région à l’autre dans le cadre des missions principales mais si pour qui envisage d’écumer tous les objectifs secondaires, mieux vaut se concentrer sur une région avant de passer à l’autre histoire d’éviter les allers-retours en mode escargot. Bénie soit l’option démarrage rapide de la Xbox One pour conserver sa partie en cours.
« [...] on privilégie naturellement l’approche sniper. De ce côté du gameplay Sniper Ghost Warrior 3 assure honorablement sa mission en proposant un level design bien pensé pour ce genre d’approche »
Heureusement, l’excellent, si ce n’est fabuleux thème musical du titre est là pour aider à patienter et à ne pas abandonner ce titre qui ne manque pas d’attrait. Sniper Ghost Warrior ce n’est pas seulement une appellation, c’est une philosophie de jeu : si le gameplay a naturellement un gros penchant pour le tir de précision (Sniper), il invite aussi à jouer l’infiltration (Ghost) ou permet d’opter au contraire pour l’attaque frontale au fusil d’assaut (Warrior). On retrouve ainsi un système d’évolution avec des points d’expérience dont la nature varie selon le type d’action et qui permettent de débloquer des compétences associées. Un petit coup de couteau dans le dos et hop, quelques points Ghost dans la besace ; une grenade bien placée et c’est la catégorie Warrior qui évolue. On a ainsi la possibilité de débloquer, tous types confondus, une trentaine d’atouts ou compétences. Dans une branche comme dans l’autre, on retrouve un arsenal classique dans les FPS, tout à fait convenable en quantité et personnalisable (apparence, chargeur, silencieux par exemple). Malgré tout, notre soldat certes courageux n’étant pas hermétique aux balles, on privilégie naturellement l’approche sniper. De ce côté du gameplay Sniper Ghost Warrior 3 assure honorablement sa mission en proposant un level design bien pensé pour ce genre d’approche. Il existe véritablement plusieurs façons de s’en prendre à l’ennemi, de plus en plus lointaines à mesure que les lunettes du fusil s’améliorent. Il faut prendre en compte la direction et la vitesse du vent et régler la lunette en fonction de la distance à laquelle se trouve la cible ; rien de trop compliqué mais cela n’enlève rien au plaisir incomparable que procure une balle bien logée depuis plusieurs centaines de mètres. Les tirs bien placés nous gratifient d’un petit ralenti, appréciable mais tout de même moins impressionnant que ce que propose le principal concurrent chez les tireurs d’élite.
Sur la base de la difficulté par défaut, Sniper Ghost Warrior 3 présente un challenge modéré tant que l’on s’en tient à bien user du fusil de sniper (l’attaque frontale est un peu plus délicate). La prise en mains se fait sans soucis, les missions s’enchainent plutôt bien ; dans l’ensemble chacun peut y trouver son compte au regard de son niveau de jeu. En revanche, bien qu’aucune mission ne soit particulièrement pénible ou mauvaise, il n’en est aucune qui soit véritablement marquante. C’est un peu trop sage. Et puis rien ne se fait sans quelques écueils, notamment du côté de l’intelligence artificielle des ennemis. S’ils sont manifestement atteints de surdité lorsque que l’on se tient près d’eux, ils peuvent à l’inverse repérer le joueur à plusieurs centaines de mètres après un tir manqué et l’arroser à coups de mortier avec une précision chirurgicale. Il faut également se faire à l’idée de jouer à un jeu techniquement moyen, un peu en dessous des standards affichés par le genre. Dans un environnement relativement maussade ne laissant que peu de points de vue remarquables, on note un certain manque de détails, de consistance dans les graphismes, en particulier à l’intérieur des bâtiments. La modélisation des PNJ laisse également à désirer alors que l’on déplore un certain manque de variété de la part de ce « bestiaire ». Le framerate assure en revanche une certaine régularité et gêne aucunement le travail de précision qu’impose le job de tireur d’élite. Pour terminer sur une note positive, sachez que Sniper Ghost Warrior 3 s’est d’ores et déjà pourvu de contenu supplémentaire gratuit et il en sera de même pour la suite puisque le season pass est inclus avec le jeu de base.
+
- Level design intéressant
- Simple à prendre en mains…
- … Et quand même jouissif à chaque tir
- Bonne durée de vie
- Thème musical d’introduction magistral
- Nanardesque…
-
- … Et donc potentiellement lourd
- Temps de chargement rares mais interminables
- IA en mode yoyo
- Techniquement moyen
- Pas de mission particulièrement mémorable