Test : Star Wars: Knights of the Old Republic sur Xbox
Il était une fois la Force
Le contexte historique de Kotor est assez touffu, il faut suivre, et c’est pourquoi je vous demanderai un minimum d’attention. Nous sommes 4000 ans avant l’ère Skywalker et la République va mal. Epuisée par d’incessants conflits, elle survit tant bien que mal et ne sera bientôt plus qu’un souvenir si personne ne stoppe l’infâme Dark Malak (non non, pas le dauphin du chocolat blanc, lui c’est Galak), le seigneur Sith de ces bois. Pour sûr, son ramage est aussi laid que son plumage, et pourtant le bougre était un des plus talentueux Jedi quand il était jeunot. Malheureusement, un jour de Mai, quelqu’un a craché dans son Yop, et Malak est alors passé du côté obscur de la Force. Plus sérieusement, alors que la guerre contre les Mandaloriens (des cuistres sans foi ni loi) faisait rage, Malak et son maître de l’époque, Revan, joignirent la République pour repousser l’assaillant, et ceci contre l’avis du Conseil Jedi. Ce dernier pensait les jeunes jedi trop verts pour un tel conflit, et l’expérience leur donna raison. La courte victoire obtenue face aux Mandaloriens n’empêcha pas Revan et Malak de passer du côté obscur, et ces freluquets devinrent de méchants seigneurs Sith avides de pouvoir. Les deux bad boys dirigèrent leur rancœur vers la République, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle a dérouillé sévèrement, perdant toutes les batailles engagées contre les Sith.
Toutes ? Non.Bastila (la jeune femme qu’on voit
dans de nombreuses cinématiques), une jeune femme Jedi, prit la tête d’une
expédition punitive visant à se débarrasser des deux casse-pieds. Ils
triomphèrent de Revan mais Malak s’en sortit et devint le nouveau maître Sith.
C’est alors que le joueur intervient, alors que ce sagouin de Malak se fait de
plus en plus menaçant et que la République est au plus mal…
Homme ? Femme ? Mode d’emploi.
Jeu de rôle oblige, la première chose à faire avant de commencer est de créer son personnage. En général, cette phase est, pour le joueur néophyte, la cause de maux de tête carabinés, avec soixante-quinze classes différentes et trente-cinq mille paramètres à gérer en plus de l’apparence physique du perso. Fort heureusement, Bioware a simplifié cette phase et seules 3 classes sont disponibles : soldat, scout et canaille. Le soldat est fort mais bête, le scout est intelligent et juste et la canaille est plutôt maligne et n’hésite pas à faire quelques entorses au règlement quand il le faut.
Ensuite, il convient de répartir des points dans diverses aptitudes, et encore une fois, les développeurs ont pensé à tout le monde en proposant une automatisation de la chose. On ne peut que louer leur initiative, car si le joueur expérimenté pourra customiser son héros comme il l’entend, le petit nouveau n’aura aucun mal à personnaliser son avatar et la console choisira au mieux les capacités les mieux adaptées à la classe choisie. Ca évitera par exemple qu’on se retrouve avec un scout faible en intelligence et en dextérité alors que ce sont là ses caractéristiques principales. Malin.
Pour ce qui est de l’apparence de votre perso, tout est question de goûts. Choisir un homme ou une femme influera quelque peu sur les dialogues du jeu (les hommes vous auront à la bonne si vous êtes une femme, etc.), mais pas sur les caractéristiques de votre perso. Ne restera ensuite qu’à choisir le visage de votre alter ego numérique. Si vous désirez un exemple concret, j’ai choisi canaille, femme (noire), douée pour se fondre dans le décor et capable de combattre avec une épée (ou sabrolaser) dans chaque main. La configuration est simple comme bonjour et on n’y passe pas deux heures comme c’est le cas pour Morrowind par exemple, où l’erreur dans le choix du perso peut-être très handicapant pour le reste du jeu.
Parle à ma main
Une fois votre héros créé de toute pièce, il faut comprendre le système de combat. Rassurez-vous, celui-ci est aussi simple à piger qu’il est difficile à expliquer, donc si vous n’avez rien compris à l’explication qui va suivre c’est tout cuit. En gros, quand vous rencontrez un ennemi, le jeu se met en pause, et à vous le choix d’engager le combat ou non (toutefois, si l’ennemi est près de vous, il vous attaquera automatiquement). Un petit menu en bas à gauche vous permet de choisir les actions à effectuer quand le combat est engagé. Il y a l’action de base (attaquer), le coup spécial (suivant vos capacités), les pouvoirs de Jedi (quand vous le deviendrez bien entendu), les grenades et autres mines et les objets utilitaires tels que médipacs et autres seringues d’EPO pour taper plus fort et plus vite.
Hormis l’action attaquer qui est « infinie » une fois enclenchée (ouais, ça évite d’avoir à appuyer cinquante mille fois sur le bouton A pendant le combat), les autres actions sont ponctuelles et ne dureront qu’un tour pour éviter de balancer tout son stock de grenades sans l’avoir voulu. En somme vous pouvez choisir d’attaquer normalement, et au besoin ou à l’envie vous pouvez balancer des pouvoirs, vous éloigner pour lancer une grenade ou vous soigner, chacune de ces options vous prenant un tour de jeu.
Il ne faudra pas oublier de gérer ses partenaires non plus, car si vous commencez le jeu seul, vous serez vite rejoint par plusieurs personnes aux histoires et motivations variées. Votre groupe actif peut compter jusqu’à trois personnes, vous compris. Les autres vous attendront sagement à votre planque ou à bord de votre vaisseau, le Ebon Hawk (petit détail : ceux que vous n’utilisez jamais monteront quand même de niveau, pour ne pas se retrouver au dépourvu en cas d’indisponibilité de vos persos favoris). Il faudra équiper donc ces derniers pour ne pas se retrouver nu lors des combats, d’autant plus qu’il faudra aussi les surveiller pour ne pas qu’ils meurent bêtement. En effet, même si vos collègues se débrouillent honorablement pour l’attaque, il n’en va pas de même pour les objets défensifs et ils oublieront assez souvent de se soigner sauf dans certains cas (Bastila soigne le groupe de temps en temps par exemple, mais ce n’est pas systématique). Vous devrez donc zapper entre les membres de votre troupe avec la touche noire, et leur faire prendre un ou deux suppositoires quand il le faudra. De même, si vous désirez qu’ils accomplissent certaines tâches ou qu’ils utilisent leurs pouvoirs, il faudra le leur indiquer. Certains pourraient dire qu’on a là une petite déficience de l’IA, je rétorquerais qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même et que vous serez ainsi plus maître de votre destin.
Vous savez presque tout sur les combats, si ce n’est un petit détail, qui a son importance pour certains : leur représentation visuelle. J’en connais quelques-uns qui n’ont pas accroché sur Morrowind car ils n’aimaient pas cette façon qu’à le personnage de taper dans le vide, de faire du vent pendant que la console calcule les jets de dé et les points de dommage. Que ces gens là se rassurent tout de suite, Kotor assure autant dans ce domaine que dans les autres. Chaque duel sera l’occasion de découvrir de superbes chorégraphies, que ce soit avec une ou deux épées ou sabrolasers ou même avec des combinaisons plus étudiées. Les parades sont splendides, les esquives dignes de Zorro et les chocs entre armes au moins aussi réussis que dans les films de la première trilogie, ce n’est pas peu dire. Les combats sont par conséquent criants de vérité, et à chaque coup réussi (suivant le lancer de dé) vous verrez combien de dégâts vous avez fait sur l’ennemi, à la fois sur sa barre d’énergie et en chiffre au dessus de sa tête, ce qui est appréciable pour savoir tout de suite si l’on est en mesure d’abattre celui qui est en face ou s’il vaut mieux monter encore de niveau avant de revenir l’affronter.
Il était une fois l’espaaaaaaace
Knights of the Old Republic réussit là où des jeux comme Morrowind (ou Baldur’s Gate, mais je suis un peu dur là) ont échoué, en ce sens qu’il mixe plusieurs gameplay et les incorpore dans une histoire assez claire pour qu’on ne perde pas de vue l’objectif principal, la mise en déroute de Malak le gredin.
Bioware e eu l’intelligence de ne pas submerger le joueur avec un demi million de quêtes annexes, et leur nombre relativement restreint ne fait que renforcer leur intérêt et leur importance, ce qui rend le jeu très vivant et proche des films je trouve. De plus, puisque la progression se fait par planètes, on garde assez souvent la quête principale en point de mire, et il est difficile, voire impossible, de se mélanger les pinceaux et de se perdre dans l’univers de Kotor, comme cela pouvait être le cas dans celui de Morrowind, où la liberté était bien trop importante pour le commun des joueurs console. Ici le jeu ne vous laisse jamais en plan, et les chouquettes, euhhhh les sous quêtes ne vous feront jamais oublier le but du jeu.
On avance dans le jeu comme dans les autres jeux du genre, c’est-à-dire à la Force du glaive et avec un peu de jugeotte. S’ajoute à cela la gestion de la Force, justement. Volez les sucettes des bébés, mentez à vos amis, assassinez toutes les personnes que vous rencontrez et vous basculerez vite du côté obscur, là où l’argent et les filles sont faciles. Au contraire, soyez vertueux, refusez tous les pourboires et aidez la mère Michelle à retrouver son chat et vous deviendrez un Jedi tout ce qu’il y a de plus honorable. Cette dualité se retrouve dans presque tous les dialogues du jeu, et il faudra tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir, sous peine d’aller à l’encontre de son but et de se manger une pénalité (des points de Force ou de côté obscur selon ce que vous voulez devenir). Et croyez-moi, le jeu est très différent selon que vous avez choisi d’être un bon samaritain ou une ordure de première. Cela tombe bien puisque ça double une durée de vie qui est déjà plus que convaincante (au moins une trentaine d’heures pour vaincre le seigneur Sith).
Heureusement pour les moins belliqueux d’entre vous, les combats ne sont pas l’unique façon de progresser dans le jeu puisque Bioware a inclus quelques phases de gameplay inédites et qui tranchent agréablement avec les phases d’affrontement, inévitables dans ce style de RPG. On pourra donc jouer à un jeu de cartes, le Pazaak, participer à des courses de pods (en fait ce sont des courses de dragster, dans lesquelles il vous faut battre un temps sur une ligne droite parsemée d’embûches et d’accélérateurs) ou combattre dans l’espace en vous mettant à la place de l’artilleur de l’Ebon Hawk. Il faudra alors descendre le plus d’appareils ennemis possible sous peine de voir votre coucou partir en fumée. Cette variété dans le gameplay est bienvenue et permet de se croire au beau milieu d’un film de la série, c’est vraiment ultra plaisant.
Reste une question, la durée de vie du jeu… La comparaison avec des jeux comme Morrowind ou Baldur’s Gate 1 et 2 pourrait paraître peu flatteuse, puisque ces derniers ne délivrent tous leurs secrets qu’après quelques centaines d’heures de jeu. Toutefois, la durée de vie plus réduite de Kotor convient parfaitement au public console et s’avère idéale pour entretenir l’envie du joueur, qui ne se sentira pas découragé par l’ampleur de la mission qui s’offre à lui. Les quêtes sont toutes différentes les unes des autres, les variantes dans le gameplay permettent de souffler un peu après une grosse enquête pleine de combats et le scénario diablement bien ficelé permet de tenir le joueur que vous êtes en haleine du début à la fin. Ce Star Wars RPG se termine donc en un peu plus d’une trentaine d’heure pour les plus pressés, et c’est un nombre déjà conséquent, d’autant plus que vous ne résisterez pas à refaire le jeu pour voir si c’est aussi sympa du côté opposé de la Force.
Oublier les ralentissements tu dois
Comme l’annonce le titre, la réalisation de Knight of the Old Republic est malheureusement souvent sujette aux ralentissements. Le framerate n’est pas très haut en général (même dans les endroits clos) et ces quelques ralentissements, intervenant en général lorsque le décor est chargé en personnages, ne sont pas excessivement gênants puisque le gameplay ne demande pas une vivacité de tous les instants. C’est juste un peu inconfortable, mais c’était probablement le prix à payer pour faire tourner ce joli monde avec une qualité graphique acceptable. Profitez en bien parce que c’est là le seul défaut véritable du jeu…
Le reste de la réalisation est un enchantement perpétuel. Les décors sont magnifiques et l’on retrouve les univers et endroits des films, ce qui procurera à coup sûr un orgasme vidéo ludique à tous les fanas de Star Wars. Tatooine et son atmosphère Paris-Dakar, Taris et ses innombrables recoins mal famés, tout est là pour que l’atmosphère des films soit retranscrite le plus justement possible.
Les personnages sont modélisés à la perfection, et chaque nouvelle arme ou armure qu’on leur équipera sera visible lors du jeu et des cinématiques. Un enchantement pour les yeux, d’autant plus que les animations sont parfaites, que ce soit en phase d’exploration (la course est impeccable, ça lasse moins quand on doit se taper 30 bornes en courant) ou lors des affrontements qui sont légions, et lors desquels on a jamais l’impression que l’action se répète indéfiniment.
Les quelques cinématiques en FMV du jeu sont vraiment très belles, et l’on se prend à regretter qu’il n’y en ait pas un peu plus. Quant aux temps de chargement, il sont excessivement plus courts que dans Morrowind (le plus flagrant exemple de loadings lourdingues) et ne frustrent jamais. Belle optimisation, on tolère mieux alors les quelques baisses de framerate quand on voit le travail fourni pour que le reste soit impeccable.
L’aspect sonore du jeu me laisse une impression mitigée par contre. Le jeu d’acteur est sans reproche, toujours dans le ton et la synchronisation labiale est facilitée par les animations faciales impeccables qui donnent de la vie et du corps aux discours de vos interlocuteurs. Par contre les aliens ont tendance à beaucoup se répéter, mais enregistrer quatre-vingt pages de dialogue jawa, quarante de hutt et ainsi de suite n’aurait pas été une mince affaire, pas de quoi fouetter un ewok donc. Les bruitages ne sont pas en reste, et les divers tirs de blasters ou chocs entre sabrolasers sont identiques à ceux des films, aucun grief de ce côté donc.
Je trouve l’ambiance musicale un peu en retrait par contre, et pas au niveau de certaines productions comme Jedi Knight et consorts. Cela vient peut-être du fait qu’il a fallu composer des thèmes inédits et que John Williams n’était pas à la baguette, mais au final je pense que les musiques auraient gagnées à être un peu plus soignées et présentes. Ce n’est qu’un très léger reproche que je fais là, et il est totalement subjectif, ne m’en tenez pas rigueur si vous n’êtes pas de mon avis donc. En revanche, l’ensemble est compatible Dolby Digital, donc si vous avez le matos, attention au deuxième orgasme, ça fait mal plusieurs fois de suite.
+
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- Les décors, personnages et effets spéciaux sont splendides, rien à dire. Les cinématiques tuent aussi mais on regrette leur trop petit nombre...
- Le système inventé par Bioware permet à tout joueur de s'en sortir, c'est parfait.
- Une trentaine d'heures pour finir le jeu en pressant le pas, et beaucoup plus en fouinant partout et en le refesant du côté opposé. Ni trop court ni trop long.
- Les voix sont excellentes mais se répètent trop chez les aliens rencontrés. Les musiques m'ont un peu déçu, mais ça reste quand même très bon.
- Une magnifique histoire, bien meilleure à mon goût que les 2 derniers films de la saga. Pour moi Mr Lucas devrait plus aller dans cette voie (des scénariis alternatifs) plutôt que dans la suite de suite de prequel de la première trilogie, inégalable.
- Un des tous meilleurs jeux de l'année, un must pour tous les amoureus de Star Wars, et même pour les autres. Merci Bioware, et vivement Jade Empire !
- Le point faible du jeu. La Xbox traîne la patte, et de nombreux ralentissements frappent le jeu. Dommage, car même s'il ne sont pas pénalisants pour le gameplay, ils gâchent un peu le tableau final.
- La mention figure sur la boîte, une nouvelle planète est déjà prévue (issue de la version PC), on espère fort que ce sera un bon prétexte pour se replonger dans ce jeu exceptionnel.