Test : Star Wars Outlaws sur Xbox Series X|S
La Kay du succès
Si pour la plupart d’entre nous, le ou la protagoniste de la franchise Star Wars doit nécessairement faire partie de l’Alliance Rebelle et lutter activement contre les plans machiavéliques de l’Empire à l’aide d’un sabre laser, oubliez tout. Dans Star Wars Outlaws, le joueur incarne Kay Vess, une jeune femme qui ne parvient pas à joindre les deux bouts malgré ses activités pénalement condamnables. Une fois de plus, elle décide d’aller consulter les « contrats » disponibles au bar d’un quartier malfamé de Canto Bight, la ville casino de la planète Cantonica. Et ce dans le simple but de se faire un peu d’argent, quitte à se retrouver rapidement dans de sales draps, avec sa tête mise à prix tant qu’à faire. Des soucis qu’elle va partager avec Nix, son animal de compagnie avec lequel elle entretient une relation fusionnelle. Cette entrée en matière prometteuse installe une ambiance prenante et s’accompagne d’un excellent doublage en français. Seules quelques saccades viennent gâcher certaines cinématiques. Mais la volonté de proposer une production digne du cinéma est bien là avec des personnages et une mise en scène solides, un scénario qui nous invite à visiter différentes planètes et une atmosphère générale qui s’intègre parfaitement à l’univers imaginé par George Lucas en 1977.
Pour vous situer dans la chronologie, Star Wars Outlaws se déroule entre l’Empire contre Attaque et le Retour du Jedi (les épisodes 5 & 6), soit trois ans après la bataille de Yavin. Une période qui voit l’Empire asseoir sa domination en réduisant l’Alliance Rebelle à peau de chagrin. Un point de départ idéal pour nous raconter une histoire où des syndicats du crime règnent sur la galaxie, pour finalement venir piocher allègrement dans les films de gangsters et les westerns, des genres où les échanges de coups de feu sont monnaie courante. Et cela tombe bien puisque Kay Vess est assez douée dans le maniement du blaster, l’arme de prédilection d’un certain Han Solo. Star Wars Outlaws déploie ainsi de nombreuses séquences de gunfight, tout en prenant en compte les caractéristiques de ce fameux pistolet laser. Pas de munitions à ramasser ici, celui-ci se recharge automatiquement, au risque de surchauffer si on tire trop rapidement. Le cas échéant, un système de refroidissement à la « Gears of War » permet de récupérer le plein usage de son arme plus rapidement.
Les affrontements sont généralement nerveux et, monde semi-ouvert oblige, il arrive parfois de se retrouver face à des ennemis qui débarquent de toute part, sans avoir l’opportunité de se planquer pour laisser passer l’orage. Avec ses trois modes de difficulté (Histoire, Normal et Difficile), le jeu d’Ubisoft Massive devrait toutefois convenir à la plupart des joueurs. Kay a la possibilité de lancer des grenades — pas vraiment pratiques à équiper toutefois —, mais peut aussi récupérer d’autres armes sur ses victimes, telles qu’un fusil blaster, un fusil sniper et un lance-grenades particulièrement destructeur. Les effets de particules sont d’ailleurs plutôt convaincants, avec des explosions de protons dignes des films, et un soulèvement du sable réaliste à l’impact des grenades (notamment sur Tatooine). Même si on regrette un manque de précision lors des premières heures de jeu, on apprend plus tard que cela tient au fait que le blaster de Kay est un modèle vintage, capable toutefois de recevoir quelques modifications afin de gagner en puissance. Pour finir sur la partie shoot, notre héroïne dispose aussi d’une jauge d’adrénaline qui, une fois déclenchée, la plonge en mode ralenti où il devient possible de marquer les cibles avant de les éliminer à la manière d’un film de cow-boys. Un concept déjà vu ailleurs, mais toujours aussi efficace.
Et ces séquences ne sont évidemment pas les seules au programme, loin de là. Selon les conditions, qu’il s’agisse d’un besoin impérieux de discrétion ou parce que les adversaires sont trop nombreux, on peut opter pour passer en mode infiltration, des phases qui ne sont pas sans rappeler Sam Fischer. En plus de siffler pour attirer un antagoniste à elle, Kay peut faire appel à Nix, qui est d’une aide souvent précieuse. Le petit merqaal devient alors un outil de distraction fort pratique puisqu’il peut se mettre à danser pour attirer l’attention, ou même directement attaquer un ennemi au visage pour permettre au joueur d’avancer sans se faire repérer. Car globalement ces phases d’infiltration sont plutôt coriaces. Même s’il est possible de choisir entre plusieurs itinéraires pour arriver à destination sans encombre, le level-design est pensé de telle sorte qu’une voie est généralement plus sûre que les autres. On se fait attraper, pour mieux recommencer, jusqu’à trouver la formule idéale. Pour aider, l’ouïe fine de Kay lui permet de voir les ennemis à travers les murs grâce au bruit de leurs pas. De même, il est possible de faire appel au flair de Nix pour repérer grossièrement les forces en présence, même lorsqu’elles sont hors de vue. Grosso modo, retenez que plus la difficulté augmente, plus l’infiltration s’impose, au détriment des gunfights.
Jamais deux sans trois, en plus des combats et de l’infiltration, Star Wars Outlaws se paye le luxe de proposer quelques phases de plateformes, à la manière d’un Tomb Raider ou d’un Uncharted. S’accrocher à des grillages ou des poutres, sauter d’un plan instable à un autre, traverser un fossé à l’aide d’un grappin… Autant de possibilités pour apporter encore plus de diversité à l’ensemble. Et c’est sans compter sur l’exploration, avec la possibilité, là encore, de découvrir de multiples secrets bien cachés sur l’ensemble des univers visités. Les développeurs suédois ont d’ailleurs eu la bonne idée de proposer un grand nombre de quêtes annexes utiles, capables d’augmenter la réputation de Kay, ou de la mener vers des trésors bien gardés et d’étoffer sa garde-robe par la même occasion. Les planètes traversées sont pleines de vie, que ce soit en ville ou en dehors, parsemées de landspeeders ou de voyageurs qui parcourent le monde à dos de bantha. Après la grosse introduction sur Canto Bight, Kay obtient d’ailleurs son propre speeder, que l’on peut améliorer à condition de trouver les pièces adéquates, et qui sert également à faire quelques courses facultatives, avec de nouvelles récompenses à la clé.
Autant dire qu’il n’y a pas grand chose à reprocher à Star Wars Outlaws sur sa profondeur. Et encore, c’est sans avoir évoqué le système de factions, qui vous oblige constamment à opter pour un syndicat ou un autre en faisant des choix cruciaux. Si les Pykes, l’Aube Ecarlate et les Hutts se disputent la galaxie comme les familles de la pègre new-yorkaise se partageaient la Grosse Pomme il y a près cent ans, vos accointances avec certains d’entre eux vous permettront d’accéder à des lieux surveillés sans éveiller les soupçons, et à acheter des produits intéressants sur le marché noir. De même, certaines informations se récupèrent dans le bar ou la cantina du coin, tandis qu’il est possible de soudoyer quelqu’un ou de l’intimider pour obtenir un objet ou un service précieux. Attention toutefois, les arnaques et les trahisons sont monnaie courante, et tout est fait pour que votre niveau de suspicion soit toujours en alerte maximale. C’est évidemment le revers de la médaille lorsque vous vous retrouver à collaborer avec une bande de voyous. En nous plongeant dans cet univers, Ubisoft Massive réussi le pari de nous montrer la franchise Star Wars sous un tout nouveau jour, bien loin des bons sentiments de nos amis les Jedis.
C’est en revanche l’occasion idéale de nous offrir des mini-jeux en raccord avec la franchise. A commencer par le sabacc, une sorte de poker galactique qui s’apprend assez vite grâce à des règles simples et bien expliquées par les développeurs. Les courses de falthiers vous permettent par ailleurs de parier sur ces sortes de chevaux, avec des épreuves à suivre à l’aide d’une vidéo diffusée en hologramme. Dans les deux cas, univers de truand oblige, il est possible de tricher, en envoyant Nix regarder les cartes d’un adversaire lors d’une partie de sabacc, ou en obtenant des tuyaux sur les prochaines courses de falthiers. De quoi renforcer l’immersion, et profiter pleinement des mauvais côtés de cet univers qui transpire la malhonnêteté. Dans un esprit plus léger, Kay et Nix peuvent commander à manger, et activent ainsi une séquence de QTE pour au final offrir un bonus au merqaal. Des bornes d’arcade sont également disposées un peu partout dans la galaxie, avec plusieurs titres qui font clairement référence au premier jeu vidéo Star Wars sorti en 1983. A noter que certaines portes et coffres, ainsi que les ordinateurs à pirater disposent de leur propre mini-jeu, avec d’un côté un jeu de rythme pour crocheter les serrures, et un simili mastermind qui permet de débloquer un système informatique. C’est à la fois original et plutôt agréable à utiliser d’autant que ce n’est jamais punitif.
Côté lore, des flashbacks viennent de temps en temps retracer la jeunesse de Kay sur Canto Bight, et viennent ainsi lever les flous d’un personnage que l’on apprend à connaitre au fur et à mesure. Sa façon d’être et de parler en font d’ailleurs un personnage proche du joueur, qui n’hésite pas à parler de manière familière, avec des réactions très spontanées. Si les lieux visités ne sont globalement pas les plus connus de la saga – Toshara est d’ailleurs inédite – on prend tout de même beaucoup de plaisir à redécouvrir Mos Eisley, tout en appréciant le travail réalisé par Ubisoft Massive pour avoir modélisé une réplique fidèle. L’entrée de la Cantina, le quai d’accostage, les hommes des sables, le Palais de Jabba… on s’y croirait vraiment. De même le décollage et l’atterrissage du vaisseau utilisé par Kay dispose de transitions très réussies. Les batailles dans l’espace ne sont évidemment pas aussi intenses que dans un Rogue Leader, mais elles suffisent à agrémenter un peu plus la cohérence de l’univers imaginé par Ubisoft Massive. Pour passer d’un lieu à l’autre simplement, le studio suédois a évidemment placé plusieurs points de voyage rapide, ce qui évite tout de même d’avoir à multiplier des allers/retours qui auraient pu être rapidement contraignants.
Pour finir, le jeu n’a pas grand chose à se reprocher côté technique. Le moteur maison d’Ubisoft Massive, le Snowdrop Engine, rend une copie très propre et même si les planètes visitées ne sont pas aussi impressionnantes que celle d’Avatar: Frontiers of Pandora, on ne résiste pas à l’envie d’utiliser le mode photo très régulièrement. On regrette tout de même que la chevelure de Kay dénote avec le reste, avec une consistance et des mouvements qui ne font pas très naturels. Pour le reste, les animations sont détaillés, les textures aussi, et la possibilité d’opter pour un format 21/9 ou plein écran devrait logiquement satisfaire à la fois les joueurs qui souhaitent s’approcher d’une expérience cinématographique, et ceux qui veulent profiter du travail réalisé sur l’ensemble de leur dalle. Un mode Performance (2K, 60fps) et Qualité (4K, 30fps) sont également de la partie, tout comme tout un tas d’options d’accessibilité. Mention spéciale à la partie sonore, avec un sound-design très convaincant et des musiques originales absolument sublimes.
+
- Personnage de Kay attachant
- Gunfights qui s'apprivoisent avec le temps
- Beaucoup de possibilité en phase d'infiltration
- Très solide techniquement
- Musiques de très grande qualité
- La franchise Star Wars comme on ne l'a jamais vue
- Doublages en français très correct
- Mini-jeux nombreux et intéressants
-
- IA des ennemis très perfectible
- Grenades pas évidents à lancer
- Cheveux de Kay