Test : Strike Force 3 sur Xbox Series X|S
La septième compagnie carbure à la prune
La série des Strike Force est donc bel et bien de retour sur nos consoles après une incursion en 2020 pour son second épisode, Terrorists Hunt, tristement connu pour être l’un des plus mauvais FPS sortis sur Xbox One. Que pouvait-il donc mal se passer avec Strike Force 3 ? Pour le découvrir, nous prenons la direction ensablée d’Al Tariq, région moyen-orientale en proie à l’instabilité. Les soldats du « Front de libération de Tariqian » ont mis la main sur cette contrée et il convient de se rendre sur place pour leur faire entendre raison en distribuant de la démocratie par chargeurs entiers. Nous incarnons Viper, soldat d’élite venu de l’Ouest, habitué à opérer seul en milieu hostile. En dehors de quelques contacts radio avec le QG et d’un bref texte de cadrage déployé en début et fin de mission (voix en anglais, textes en français), l’essentiel de Strike Force 3 se vit au son des AK-47. Le jeu se joue en solo uniquement et propose une campagne composée d’une dizaine de missions, pour une durée totale d’environ 5 heures.
Le cadre étant posé, concentrons-nous maintenant sur les nombreux problèmes qui criblent Strike Force 3. On aurait bien aimé évoquer les points positifs, mais il n’y en a pas vraiment, car on en est rendu ici à noter que la visée ne fonctionne pas trop mal, les tirs atteignent leur cible sans trop de difficulté. Voilà. Pour le reste, Strike Force 3 se contente d’ennuyer ou bien de frustrer. Prenons le cas de la difficulté. Le jeu est une promenade de santé en Facile, tandis qu’il se montre rapidement effroyable en Normal. Et la mort qui s’en suit nous fait découvrir que les checkpoints sont non seulement très mal pensés (on peut avoir à refaire une portion de 10 bonnes minutes), mais aussi que le jeu est buggué : choisir de recommencer au point de contrôle renvoie au tout début de la mission, alors que retourner au menu puis choisir de continuer nous emmène cette fois bel et bien au point de contrôle. Parfois, c’est le retour au menu qui ne fonctionne pas, nous obligeant à relancer entièrement le jeu pour pouvoir charger cette fichue sauvegarde.
Rien ne va dans Strike Force 3. Graphiquement, c’est tout bonnement d’un autre âge. On passe la première moitié du jeu à déambuler dans mille et une variations d’un village du désert, avec la sensation que quelqu’un s’est amusé à replacer toutes ces maisons identiques comme on jetterait des dés. La seconde moitié du jeu se passe à peu près de la même façon, mais on est en ville cette fois. Il y a ici un tout petit peu plus de variété, lors du dernier niveau notamment ; mais on est loin des standards qui déjà s’appliquaient il y a dix ou quinze ans. C’est pauvre, triste, uniforme et ô combien répétitif. Mais au-delà du rendu graphique, l’horreur tient probablement au level design. Strike Force 3, c’est une sorte de Wolfenstein 3D qui aurait déménagé au Moyen-Orient. On file dans des couloirs, essayant de trouver son chemin face à des portes fermées 99% du temps, prêt à payer pour que quelqu’un surgisse du coin de la rue et cherche à nous vendre une carte. Pire encore, le jeu a la merveilleuse idée de nous imposer quelques phases de plateforme ! L’idée est mauvaise, la mise en scène est mauvaise (mais qui créé des chemins pareils pour défendre une ville ?), la construction est mauvaise avec des éléments de décor qui gênent parfois les sauts ; ajoutez à cela le fait que la fonction courir ne marche pas toujours du premier coup et vous avez de quoi aller faire faire une ordonnance chez le médecin.
On se demande comment il a été possible de pousser aussi loin l’inconsistance en dépit d’un caractère simple, a priori propice à une certaine sécurité. On combat uniquement des soldats lambdas armés de trois ou quatre types de mitrailleuses différentes : pas de véhicules, de soldats blindés, de snipers, simplement des hordes de clones qui, comme tous les bons terroristes dans les jeux vidéo de ce genre, s’annoncent pour que l’on soit sûr de ne pas les rater. Vous avez dit répétitif ? Ce sentiment s’applique aussi aux armes car bien que l’on débute chaque mission avec des fusils d’assaut et/ou mitraillettes différentes, on se retrouve rapidement à sec. Le jeu n’ayant pas prévu de caisses munitions à récupérer, on switche donc au bout de trois minutes pour l’AK-47 d’un ennemi occis car c’est à peu près la seule arme pour laquelle on est certain de trouver régulièrement des munitions. Pour le reste, on utilise une seule fois le fusil de sniper à un moment précis d’une mission précise et on a croisé rapidement un fusil à pompe, là aussi dans une seule mission mais de toute façon proprement inutile. Strike Force 3, c’est vraiment AK-47 Simulator.
Le jeu pousse la bêtise jusque dans ses derniers retranchements en imposant le choix de l’arme via une roue de sélection, sans alternative de changement rapide alors que des boutons de la manette sont inutilisés. On pourrait éventuellement faire avec si la sélection ne foirait pas une fois sur deux. Le manque de souplesse va loin dans Strike Force 3, lequel nous contraint aussi à passer par la roue de sélection pour utiliser une grenade ou un couteau (on ne peut pas mettre de coup de crosse au corps-à-corps non plus). On pourrait rétorquer que cela a été fait dans un souci de réalisme, mais peut-on évoquer cela dans un jeu où un homme seul part en guerre contre des centaines de soldats, que certains ennemis arrivent des toits en sautant de plusieurs mètres ou sont au contraire incapables de réagir dès lors que l’on a passé leur ligne ? Un ennemi posté devant une porte ne prendra pas la peine de se tourner si l’on parvient à franchir la zone qu’il défend.
Il est en revanche à la fois drôle et déprimant d’en voir arriver en courant en tirant vers le sol, donnant l’impression de balayer devant leur porte à grands coups de bastos. Bref, Strike Force 3 échoue à peu près partout, même lorsqu’il s’agit de déclencher certains scripts : on a été forcé de recommencer une mission pour avoir posé de l’explosif sur un mur avant d’être allé le récupérer (encore fallait-il voir le marqueur d’objectif et savoir que le C4 que l’on avait posé n’existait apparemment pas…), le jeu n’ayant pas jugé bon visiblement d’empêcher certaines actions bloquantes.
+
- 5 heures de jeu environ, c’est correct
-
- Mais a-t-on envie de les lui dédier ?
- Graphiquement d’un autre âge
- Level design horrifiant
- Ultra répétitif, d’un point de vue visuel comme de gameplay
- Points de contrôle mal placés et sauvegardes qui bugguent
- Une atteinte aux principes de l’ergonomie
- Certains choses ne marchent pas du premier coup (course, changement d’arme)


